Juriste de profession, l’activiste « Swordofsalomon », dit « le cauchemar des antisémites » sur le net, démonte la « version » de Vueling
ENQUÊTE VUELING : J’ai sondé des pilotes de ligne et ils sont unanimes : le second communiqué de @vueling sur le vol VY8166 est techniquement incohérent et factuellement faux.
La compagnie accuse les enfants juifs d’avoir :
– manipulé les masques à oxygène,
– retiré une bouteille de gaz sous haute pression,
– tenté de libérer les gilets de sauvetage.
Or, ces accusations sont quasi impossibles à réaliser à bord d’un tel appareil :
Les masques à oxygène d’un Airbus A320-2 sont logés dans des compartiments hermétiques et scellés au plafond, qui ne s’ouvrent qu’en cas de dépressurisation, soit automatiquement, soit sur activation d’un bouton spécifique par le pilote depuis le cockpit. En dernier recours, en cas de problème technique, un outil spécifique détenu par le cabin crew peut être utilisé
A l’arrière d’un A320-2, les bouteilles d’oxygène sont stockées dans le galley (cuisine de bord), au sein de racks verrouillés, accessibles uniquement au personnel navigant.
Les gilets de sauvetage, placés sous les sièges, sont plastifiés, scellés et enroulés. Toute tentative d’ouverture ou de manipulation quelconque de matériaux aurait fait l’objet d’une intervention de l’équipe de maintenance, qui aurait probablement immobilisé l’appareil bien plus longtemps que les 2h39 de retard enregistrées, retard déjà alourdi par l’intervention de la Guardia Civil, l’évacuation de 50 passagers et le retrait de leurs bagages.
En multipliant les détails techniques invérifiables, Vueling s’est trahi tout seul.
Preuve supplémentaire que le récit de Vueling ne tient pas la route : ils affirment que ces faits ont eu lieu pendant la démonstration des consignes de sécurité, qui n’a lieu que lorsque tous les passagers sont assis et ceinturés, après vérification des PNC. Or, selon le témoignage que j’ai recueilli auprès de Damien (passager neutre), à chacune des 3 interruptions, c’était l’incompréhension totale, car tout le monde était bel et bien assis. Donc personne ne pouvait accéder au plafond ou au galley arrière.
En réalité : un enfant a simplement crié le mot « Limot » (Les jours, en hébreu), tentant sans succès de lancer un chant de colonie de vacances tiré du Birkat Hamazone (bénédiction récitée après chaque repas comportant du pain). Il a été immédiatement rappelé à l’ordre ; le calme a suivi, mais l’équipage avait déjà trouvé son prétexte pour expulser ces enfants juifs.
À noter : dans son premier communiqué, Vueling n’a jamais évoqué la moindre enquête. Ce n’est que dans ce deuxième communiqué, contraint par l’indignation croissante, qu’elle annonce poursuivre une « enquête » qui n’avait en réalité jamais commencé…
Qui est « Swordofsalomon »?
Un compte X anonyme baptisé Sword of Salomon a trouvé la solution et fait de plus en plus parler de lui. Il se livre pour la première fois à Décideurs Magazine.
Juriste anonyme
Volubile, précis et passionné, l’homme tient à rester anonyme à la demande de son entourage qui considère « qu’il n’est pas anodin et sans risque de s’opposer frontalement aux antisémites de tous bords ». L’activiste exerce une profession juridique et est présent sur Twitter (devenu X) depuis de longues années. « À l’origine, je postais essentiellement sur le football, mais le déferlement de haine qui s’est mis en branle depuis le 7 octobre m’a poussé à m’engager. »
Sword of Salomon insiste, il ne se définit pas comme le défenseur d’une communauté particulière : « Lorsque j’agis, je le fais au service de la France. À partir du moment où les membres supposés d’une religion sont l’objet d’autant d’attaques, notre pays n’est plus lui-même et devient méconnaissable. Il est nécessaire de faire front. »
Name and Shame
L’immense majorité des agresseurs opère sous couvert d’anonymat et se pense intouchable. « Erreur », pointe Sword of Salomon puisque, « grâce aux données en libre accès sur internet, aux réseaux sociaux et à l’open intelligence, tout le monde est facilement identifiable ». Il s’appuie sur le collectif Tolérance zéro qui l’aide dans sa traque. Une fois le profil connu, les personnes visées peuvent tout à fait porter plainte mais les démarches sont longues, fastidieuses, coûteuses et une sanction judiciaire n’a pas forcément d’impact sur le quotidien du condamné. C’est pourquoi, le justicier anonyme prône le name & shame.
