Tribune Juive

Les Thénardier de Gaza. Par Gilles Bellaïche

En sciences fondamentales (les seules vraies sciences, dites sciences dures), la méthodologie de recherche est toujours la même : on part d’un postulat, d’une idée, d’une abstraction ; on en déduit un modèle, une formulation plus ou moins élaborée ; puis on définit un ou plusieurs observables (expérimentations, mesures,…) associés à ce modèle ; le verdict tombe quand on plaque enfin ce modèle sur des observables validés ; la concordance entre modèle et observables conforte le postulat de base de façon plus ou moins définitive ; en fait jusqu’au jour où quelqu’un met en évidence un nouvel observable qui contredit le modèle. Et là le postulat de base est totalement ou partiellement invalidé et parfois jeté aux orties.

Alors essayons d’appliquer la même méthodologie « scientifique » aux 2 conflits majeurs actuels : guerres en Ukraine et à Gaza.

On (les politiques, les journalistes, les commentateurs et les « experts » en tout genre) nous ont d’abord expliqué qu’au nom d’un prétendu universalisme occidental, il fallait condamner sans faille la Russie qui était l’agresseur, et soutenir sans retenue l’Ukraine qui était l’agressée ; plus de 3 ans après le début de cette guerre, on continue d‘ailleurs à nous servir la même rengaine ; admettons. Mais alors dans la guerre de Gaza déclenchée par l’attaque du 7 octobre et les massacres indescriptibles perpétrés par le Hamas dans le sud d’Israël, qui est l’agresseur et qui est l’agressé ? Car hormis les premiers jours de sidération et au mieux les quelques 2 ou 3 premières semaines, le soutien à l’agressé israélien par le monde occidental incluant les USA « Bideniens », s’est fait de plus en plus rare pour ne pas dire inexistant, voire même hostile ; on a ainsi vu par exemple en France un président Macron, se détourner rapidement de son soutien initial à Israël, pour d’abord réclamer un cessez-le-feu immédiat synonyme de capitulation israélienne, puis condamner régulièrement les opérations militaires israéliennes, allant même jusqu’à réclamer un embargo militaire international à l’égard d’Israël, pour finir par le soutien sans faille à la condamnation des principaux dirigeants politiques israéliens par la CPI, et cerise sur la gâteau par sa volonté sans cesse répétée et finalement officialisée de reconnaissance d’un « état palestinien » fantoche, belle récompense pour l’action du 7 octobre, décision d’ailleurs très applaudie par le Hamas, dont il s’est fait son porte-parole « de fait ».

On voit dans ce 1er exemple que ce qui est vrai pour une Ukraine « agressée », ne l’est pas pour un Israël  « agressé » ; y aurait-il un théorème à géométrie variable ?

Donc ce premier postulat sur la notion d’agresseur-et d’agressé contredit par au moins un « observable », n’a rien d’universel et donc ne tient pas ; il tombe de lui-même. On a donc essayé de nous berner.

Second postulat qu’on nous a vendu : il faut soutenir l’Ukraine dans la défense de son intégrité territoriale menacée par les Russes ; admettons. Mais dans la guerre de Gaza, qui a remis en cause l’intégrité territoriale de l’autre ? Qui a mené cette opération du 7 octobre avec comme objectif clairement avoué, de « reconquérir » toute la « Palestine » ? Qui a scandé et fait scander dans les universités occidentales (notamment aux USA et en France) : Free Palestine from the river to the sea ? Le Hamas ou Israël ?

Une fois encore un théorème à géométrie variable entre intégrité territoriale ukrainienne et israélienne !

Ce second postulat sur la défense de l’intégrité territoriale contredit par plusieurs observables, n’est donc pas aussi universel que prétendu et part lui aussi en fumée. On a là encore essayé de nous berner.

Troisième postulat : on nous a seriné qu’il fallait aider à tout prix l’Ukraine, car après l’Ukraine, la Russie viendra conquérir toute l’Europe occidentale ; rien que ça !! Mais admettons. Et du côté des islamistes du Hamas, et de leurs copains d’Al Quaïda, de Daesh, voire de Boko Haram, quel est leur objectif avoué, si ce n’est de conquérir d’abord tout le Moyen-Orient et l’Afrique, puis l’Europe et tout l’Occident ; d’ailleurs n’ont-ils pas déjà envoyés certains de leurs émissaires perpétrer des attentats en France, au Royaume Uni, en Allemagne, en Espagne, en Belgique, aux USA,… ? La Belgique et la Suède, voire même la France et le Royaume Uni, ne sont-ils pas déjà en partie conquis ? Comme l’a sans cesse martelé B. Netanyahou, Israël est l’avant-garde militaire de cette lutte contre l’islamisme qui menace tout le monde occidental, occident qui ne veut rien entendre des messages en provenance d’Israël.

Ce troisième postulat lui aussi contredit par les observables, tombe donc de lui-même. Ce qui n’arrivera jamais côté russe, est déjà en marche côté islamistes. On a une fois encore essayé de nous berner en jouant sur notre naïveté.

Tout cela démontre que les arguments « universels » utilisés pour justifier le soutien inconditionnel à l’Ukraine depuis plus de 3 ans, la condamnation systématique de la Russie et les sanctions économiques associées (qui ont et continuent d’ailleurs de pénaliser les économies européennes dans cette fuite en avant suicidaire), ne tiennent pas côté conflit Israël-Gaza, pour lequel ce sont d’autres arguments « universels » qui sont avancés.

Ainsi tous ces postulats loin d’être « universels », ne sont en fait que conjoncturels pour ne pas dire à géométrie variable.

Il est alors légitime de se poser la question suivante : y a-t-il au moins une raison dite « universelle », un postulat qui justifierait ces positions a priori contradictoires, du monde occidental ?

Je vais m’aventurer à en proposer un en essayant d’identifier ce qui est commun aux prises de positions internationales dans ces 2 conflits.

Et le seul élément commun qui m’apparait avec évidence est le suivant : l’Occident, baigné dans sa culture chrétienne toujours expiatoire, soutient dans tous les cas le plus faible au détriment du plus fort.

Cette notion purement morale de défense du faible contre le fort est certes tout à fait louable… à la seule condition que le faible soit moralement défendable.

Je m’explique en regardant de plus près les faits.

Dans le cas de l’Ukraine, celle-ci est-elle aussi irréprochable qu’on veut nous le faire croire, dans le déclenchement de cette guerre ?

Qui a refusé d’appliquer les accords de Minsk II de 2015 parrainés par A. Merkel et F. Hollande, en refusant notamment (comme cela y était clairement explicité) de donner une certaine autonomie aux 2 provinces russophones du Donbass ? Qui y a imposé l’apprentissage exclusif de l’ukrainien au détriment du russe ? Qui y a intensifié la guerre civile intra-ukrainienne une fois arrivé au pouvoir en 2019 ? Qui a accepté de recevoir sur son territoire des agents et des militaires de la CIA, pour préparer sa future adhésion à l’OTAN ? Qui déclarait encore fin 2021, soit 3 mois avant l’intervention militaire russe, vouloir coûte que coûte reconquérir toute la Crimée ?

Réponse à toutes ces questions : l’Ukraine et V. Zelensky.

Et après on s’étonne que d’avoir énervé l’ours russe pendant des mois, celui-ci finisse par gronder et s’emporter, et décide d’intervenir militairement, principalement pour empêcher l’installation de missiles de l’OTAN à ses frontières, soit à moins de 500 km de Moscou. Je ne suis pas en train de dire que les Russes sont des anges, qu’ils n’ont aucune responsabilité et que V. Poutine est un parangon de démocrate ; je veux simplement dire que la présentation faite de façon systématique en occident, d’une Ukraine paisible et inoffensive, et de son président valeureux et exemplaire, est profondément caricaturale, surtout quand on regarde de plus près les discours et les prises de position de V. Zelensky depuis son élection en 2019 ; et surtout quand on identifie par qui il est soutenu politiquement dans son pays, soit une droite ultra nationaliste incluant des factions racistes et antisémites, à faire pâlir le RN français et le faire passer pour un parti d’extrême gauche !!

Quant à Gaza et à sa population civile soi-disant prise en otage par le Hamas ; les seuls qui sont ou ont été des otages, ce sont ces 250 hommes, femmes, enfants, personnes âgées israéliens qui ont été kidnappés le 7 octobre ; et pris par qui ? Pour moitié par les 3000 terroristes du Hamas entrés en Israël pour commettre leurs terribles exactions, et pour moitié par les 3000 autres « civils gazaouis innocents » eux aussi entrés en Israël pour tuer, voler, violer et kidnapper des Juifs.

Par ailleurs, il ne faut jamais oublier le soutien apporté par la grande majorité de la population gazaouie au Hamas, aussi bien lors des dernières élections de 2006, confirmé par plusieurs sondages récents ; ainsi celui réalisé en novembre 2023 par le très sérieux AWRAD (organisme arabe palestinien d’études sociologiques basé à Ramallah), qui montre que 2/3 de la population gazaouie soutenaient l’action menée par le Hamas le 7 octobre, pourcentage qui monte même à 83 % dans les territoires arabes de Judée-Samarie (1). Alors prétendre que les civils gazaouis n’y sont pour rien, qu’ils sont tous innocents, qu’ils sont eux aussi des otages du Hamas, et qu’ils subissent un génocide, est profondément mensonger.

Dans leur grande majorité, les civils gazaouis sont complices des terroristes du Hamas et ne sont en rien innocents.

En Ukraine comme à Gaza, la morale occidentale défend et soutient le plus faible, au détriment du plus fort, sans aucune analyse plus fine.

Donc défendre systématiquement et sans nuances le faible contre le fort est simplement primaire et la caricature d’une position juste et équilibrée.

Défendre des « salauds », même s’ils sont les plus faibles, est méprisable et irresponsable.

Le monde occidental, très largement imprégné par la morale chrétienne, court à sa perte en se figeant dans ses certitudes obsolètes ; il serait bien mieux inspiré de prendre exemple sur la culture juive, vieille de 4000 ans, et qui préfère toujours privilégier ce qui est juste à ce qui est moral.

https://www.awrad.org/en/article/10719/Wartime-Poll-Results-of-an-Opinion-Poll-Among-Palestinians-in-the-West-Bank-and-Gaza-Strip

© Gilles Bellaïche

Gilles Bellaïche. ISRAEL IS FOREVER/Morechet Jacques KUPFER – Toulouse

Quitter la version mobile