Tribune Juive

David Castel. Alerte tsunami

Soudain, l’Élysée devient un épicentre.

Magnitude 7.5. Tremblement diplomatique.

La France chancelle. Jadis amie, désormais témoin pressé d’en finir avec Israël.

Macron annonce, annule, réannonce. Une diplomatie d’hésitation, de balance et de bravade.

Il croit encore qu’un discours peut désarmer un terroriste, qu’un tweet peut remplacer un traité.

Pendant qu’il déclame, deux silhouettes lancent un cocktail Molotov — et tombent.

La presse les rhabille en héros.

La même presse détourne les yeux d’un enfant qui chute sur l’asphalte de Jérusalem.

Pas photogénique. Trop réel.

Un autre, plus maigre, plus vendable, devient une icône de télé.

L’un meurt ignoré. L’autre devient image.

Le premier était vivant. Le second, utile.

Ce n’est plus la guerre. C’est une mise en scène.

Une balle lente, en pixels.

Pas besoin de Kalach. Une image suffit.

Et l’Europe regarde. La gauche française serre les dents.

Macron doit tenir son agenda.

Tant pis pour les otages. Tant pis pour les femmes de Kfar Aza.

Tant pis pour les tunnels. Trop complexe. Trop inconfortable.

Pendant ce temps, Israël suspend son tir pour un enfant aperçu.

Largue des tracts avant les frappes.

Ouvre des couloirs humanitaires.

Des camions passent, jour et nuit.

Mais cela, on ne le montre pas.

Le missile humanitaire n’a pas de storytelling.

À Rafah, des semaines de préparation.

Non pour détruire. Pour épargner.

Mais ça n’intéresse personne.

Le monde veut du sang monté en épingle. Pas des efforts pour l’éviter.

Et puis Paris.

Macron réunit Starmer et MBS.

Un Sykes-Picot 2.0 en costume sur mesure.

On ne trace pas les chemins des réfugiés. On dessine les frontières d’un État inexistant.

Et on l’impose. Comme une gifle.

La France se dit gardienne du droit international.

Mais oublie Montevideo. Ignore Oslo.

Piétine les accords qu’elle a signés.

La Judée-Samarie devient « territoire occupé ».

La Jordanie, disparue.

Le peuple juif, dilué.

Et pourtant, Macron décrète. Il reconnaîtra.

Peu importe que ce soit un État sans frontières, sans gouvernement, sans légitimité.

Peu importe que le Hamas y prospère.

Peu importe que les traités soient déchiquetés.

On reconnaît. Pour équilibrer les plateaux télé.

À Paris, on parle de « mesures ».

À Sderot, on parle d’abris.

À Gaza, le Hamas exulte.

Ce n’est pas la paix qu’on prépare.

C’est un remake.

Une copie en carton-pâte d’un traité de 1916.

Un nouveau partage. Un vieux mépris.

Sans les peuples. Sans mémoire.

Mais Israël observe.

Seul, mais éveillé.

Les traités de San Remo ? Toujours en vigueur.

L’article 80 de l’ONU ? Toujours actif.

Les Juifs ? Toujours là.

On ne raye pas une nation à coups de communiqués.

On ne dissout pas un droit ancien sous un mot moderne.

La Jordanie est déjà l’État palestinien.

78 % de la Palestine mandataire.

Mais cela, le trio ne veut pas l’entendre.

On préfère fabriquer un 23ᵉ État arabe.

Un 58ᵉ État musulman.

Sur la seule terre que les Juifs nomment foyer.

Quand Israël proteste, on crie à l’obstruction.

Quand il résiste, on parle de radicalité.

Quand il survit, on parle de disproportion.

Mais Israël ne pliera pas.

Car il sait ce qu’il en coûte, de renoncer.

Et quand les 400 000 Juifs de France partiront — qui les accueillera ?

Où iront-ils si Israël devient un compromis ?

Ce n’est pas une crise diplomatique.

C’est une faute.

Une ingérence.

Un reniement.

Et l’alerte tsunami est lancée.

Pas sur les plages.

Dans les consciences.

Les vagues viendront.

Pas d’eau, mais d’images, de mots, de résolutions.

Un déluge de pixels, de narrations, de fausses équivalences.

On tentera de submerger Israël sous des accusations et des euphémismes.

Bialik, s’il vivait encore, n’écrirait pas un poème.

Il écrirait une plainte.

Un cri.

Il ne parlerait pas de diplomatie.

Mais du tremblement d’un peuple qu’on défigure à coups de mensonges.

Alors oui, la France joue au snooker.

Et chaque boule qu’elle pousse isole un peu plus Israël.

La Hongrie ne suffira pas.

Même l’Allemagne commence à plier.

Les 28 s’alignent.

Les mots s’empilent.

Les sanctions s’esquissent.

Et pendant que les chancelleries tracent des plans,

Les soldats israéliens avancent.

Non pour tuer.

Mais pour que la mort n’aille pas plus loin.

Et nous, écrivains, veilleurs, lecteurs — nous resterons debout.

Car ceux qui redessinent les cartes sans les peuples

finissent toujours par se perdre.

© David Castel

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