
Connaissez-vous le concept de « Deep-state » ? Ces réseaux souterrains de hauts fonctionnaires non élus par le peuple – gauchistes en général – qui agiraient dans l’ombre pour contrôler les démocraties ? Notre Souverain Suprême au cheveux violets au pouvoir depuis presque deux décennies le connait bien, lui, et l’utilise souvent dans ses discours à la Knesset, dans les médias internationaux, dans des messages sur ses médias sociaux.
Vous me direz : tu en fais une obsession de ton souverain aux cheveux violets.
Je vous dirais, comment en serait-il autrement ? C’est le premier ministre ayant gouverné le plus longtemps en Israël.
Imaginez-vous Macron régner 17 ans ? 17 ans et huit mois exactement. Trump, 17 ans? Giorgia Meloni ? Angela Merkel ? Mauvais exemple. Bien que Le Souverain Suprême l’ait dépassée. Vous feriez une obsession pour moins que ça, croyez-moi.
Mais revenons à notre « Deep-state ». En Israël, on a inventé le « Deep-shtetl ». Ceux qui agissent dans l’ombre portent de longes redingotes, des shtreimels, des barbes noires. Ils ont des représentants au parlement (dans des partis sans aucune femme, c’est permis cela ?), et des rabbins qui disent « le gouvernement tombera si nos jeunes vont à l’armée ». Ils disent aussi « on nous avait promis que la réforme judiciaire nous permettrait de faire une loi « pas casher » légalisant l’injustice. On nous a menti ? Que se passe-t-il ? On va bloquer Jérusalem. On va tout casser. La guerre ? Quelle guerre ? Ca ne nous concerne pas ». Le Souverain Suprême a renvoyé le Président de la commission des Affaires Etrangères et de la Défense, pour calmer le « Deep-shtetl », mais c’est trop tard. Ils boudent.
On ne s’ennuie jamais ici !
Autre chose que nous avons ici : les « food-truck ». C’est très à la mode. Chez vous aussi ? Sorte de « camion restaurant ». A la campagne, en ville, sur la route. Ils servent de la « haute gastronomie de rue ». Le prix d’un café équivaut au prix des deux pneus de devant. Si vous prenez un croissant avec, c’est le prix du camion. Et oui, en Israël, avec le coût de la vie, tout est très cher. Ma copine a fait le calcul ; le comté coûte 215% plus cher chez nous que chez vous. Vous me direz qu’elle n’est pas obligée d’en manger. Mais la pastèque, les tomates chéries, le humus ou le shawarma valent aussi un bras. C’est le coût de la vie, vous dis-je. Tout Israélien peut vous en parler des heures.
Pourtant, nous supportons.
Nous rouspétons, mais nous encaissons.
Ce qui est insupportable, c’est le coût de la guerre.
Plus de 70 % des Israéliens veulent la fin de cette guerre, la plus longue de toutes les guerres d’ Israël.
Parce que le coût de la guerre, ce n’est pas le coût de la vie.
Le coût de la guerre : c’est la Vie.
© Rachel Darmon
Née à Paris, Rachel Darmon vit en Israël depuis plus de 30 ans. Professeur de français, éducatrice, guide touristique, elle a toujours écrit. Lauréate du « Prix des arts et des lettres » pour sa nouvelle « Le mur du bruit », elle a publié deux romans chez Folies d’encre : « Le gâteau de Varsovie » et « Tâter le diable ».