Par Francis Moritz
Israël- Iran L’imbroglio nucléaire
Ou une partie planétaire de billard politique et stratégique à 4 bandes

Tous les exégètes et spécialistes l’affirment:
La guerre des 12 jours a été un demi-succès. En revanche on semble d’accord sur un retard dans le développement de l’arme nucléaire. Le délai diffère de plusieurs semaines à plusieurs mois, voire même d’un à deux ans. Sur le terrain, on est face à trois vainqueurs revendiqués, chacun avec un narratif évidemment différent.
À partir de ce constat, les analyses et les intérêts divergents.
Quels sont les protagonistes directs et indirects :
Au premier niveau il y a Israël, les États-Unis, l’Iran participants directs à l’attaque, suivis du Hezbollah au Liban, du Hamas à Gaza et des Houthis au Yémen, les proxies.
Au second niveau, les Européens, parties prenantes de l’ancien accord JCPOA de 2015, dénoncé par Trump: France, Allemagne, Grande Bretagne et l’Agence internationale pour l’Energie atomique (l’Iran ayant dénoncé sa participation et mis les inspecteurs à la porte)
Le cessez le feu provisoire
Le président Trump a obtenu cette pause dans l’espoir de pouvoir négocier « un deal » qui corresponde à sa formule préférée. L’Iran semblait prête à de telles négociations indirectes (via le Qatar et Oman) ce qui lui permettrait de gagner du temps. Mais à marqué un temps d’arrêt.
Les 3 Européens doivent rencontrer une délégation Iranienne le 25 juillet à Istamboul. Cette initiative est indépendante des contacts indirects en cours entre Washington et Téhéran. On ne connaît pas la composition des participants. Ce qui donnerait une idée sur les objectifs poursuivis.
Juste avant cette importante réunion, se tiendra une réunion tripartite Iran, Chine, Russie. Ces deux pays étaient encore membres de l’accord de 2015 dénoncé par D. Trump et siègent au conseil de sécurité, partenaires majeurs de l’Iran économiquement (La Chine premier acheteur du pétrole iranien) et militairement (fournitures Iraniennes à Moscou)
Les Européens n’ont pas cessé de considérer que seule la négociation pouvait conduire à une solution. Ils oublient volontairement (outil diplomatique souvent utilisé) qu’ils n’ont rien fait depuis 2015 pour anticiper les événements. Pure coïncidence (ou pas) ils n’avaient rien fait non plus concernant l’invasion de la Crimée et du Donbass. Certains avancent leur « neutralité « pendant la guerre de 12 jours pour légitimer leur position de négociateur. Comme l’indiquait très récemment le président français pour être libre, il faut être craint et pour être craint il faut être fort, et inversement peut on lire en creux. Israël avait saisi cette formule depuis sa création. On rappelle que l’Iran durant toutes ces années n’a cessé d’annoncer sa volonté d’éliminer « l’entité sioniste » dont l’existence est consacrée par sa présence comme état membre légitime de l’Onu. La charte condamne clairement la position d’un état prônant la destruction d’un autre état membre, mais son secrétaire général ne s’y est pas intéressé. Il eut, sans doute, fallu qu’Israel attende d’être rayé de la carte pour se plaindre.
L’état juif a fait une démonstration (liberté, crainte, force) et une restructuration majeure de son environnement, ce qui a été obtenu grâce à la résilience de son peuple, son sens du sacrifice et les moyens mis en œuvre. C’est la première guerre hybride cybernétique, scientifique et secrète.
Quelles sont les positions des acteurs post guerre des 12 jours :
Les Européens menacent de relancer les sanctions SNAPBACK d’ici fin août si rien de concret n’émerge. Par avance, le porte parole du ministère iranien des affaires étrangères Abbas Araqchi a réaffirmé le 21 juillet, que les Européens n’avaient plus de légitimité juridique en raison de leur implication (qui n’est pas précisé) dans les frappes israéliennes et américaines. La France avait pris la peine d’affirmer sa non-participation, durant l’événement. Le chancelier allemand avait été le seul à dire tout haut ce que beaucoup pensaient sans le dire « Israël a fait le sale boulot pour nous « le Royaume Uni avait laissé planer le doute. Les Iraniens n’ont pas manqué de mettre en avant leur menace sur la navigation en Mer Rouge et l’éventuelle fermeture du golfe d’Hormuz.
On verra bientôt s’il y a une suite aux pourparlers d’Istanbul. Les Européens poussent à un compromis en exerçant une pression maximale. L’Iran résiste et brandit la carte de l’impasse et de représailles régionales. L’issue de ces négociations précisera si la porte a un compromis est ouverte ou si la diplomatie n’a plus aucune chance, avec l’Europe. Ce qui signifierait la relance des SNAPBACK.
De leur côté le G7 et l’Onu font également pression pour la recherche d’un compromis.
Qu’attendent les États-Unis après l’attaque du 22 juin midnight Hammer
Le président Trump est persuadé que ces bombardements ont totalement paralysé le programme iranien, alors que ses propres analystes retiennent surtout un retard de 1 à 2 ans. Depuis avril les négociations ont été interrompues, provoquant une grande frustration de D.Trump. Téhéran exige des garanties formelles contre de futures attaques. Ce que le président américain ne peut accepter. Le parlement iranien, aux ordres, a émis un vote selon lequel il n’y « aura pas de dialogue tant que nos conditions ne sont pas remplies » ( source AP News)
Les États-Unis, en coordination avec les trois Européens, ont fixé un ultimatum jusqu’à fin août/ début septembre pour conclure un nouvel accord comprenant les conditions et les moyens (inspections en profondeur de l’AIEA) s’il est conclu. À défaut le mécanisme SNAPBACK sera relancé (source Reuters)
ISRAËL
Il y a une divergence avec avec Washington, qui partagent en partie l’objectif à atteindre :
À) Washington veut freiner le nucléaire iranien en l’enfermant dans un accord très contraignant obtenu par la voie diplomatique et la menace de nouvelles sanctions.
B) Israël veut détruire définitivement la partie militaire, car Jerusalem ne croit pas que Téhéran renoncera et qu’à la lumière de l’expérience passée, utilisera tous les moyens pour reprendre le développement militaire, y compris celui de missiles et drones de nouvelle génération. Israël considère que même un consensus diplomatique n’empêchera jamais l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire, sauf à l’en empêcher.par la force.
Les options connues à date :
En cas d’impasse diplomatique au terme du délai imposé par D. Trump, une guerre d’usure directe ou/et indirecte, susceptible de déboucher, à tous moments, sur une escalade. La poursuite d’opérations spéciales du Mossad, entraînant des représailles calibrées à destination d’Israel et des bases américaines.
L’IRAN
Pendant ce temps renforce son programme, tire les enseignements de la guerre de 12 jours, consulte ses deux principaux partenaires, la Chine et la Russie, qui pèseront d’un poids certain dans la suite des événements, car eux-mêmes conduisent une partie d’échecs à l’échelle planétaire avec la Maison Blanche et son « faiseur de deals »
LES SANCTIONS en cas d’échec de la voie diplomatique (si chère au Quai d’Orsay)
Définition du mécanisme de « snapback »
Le snapback est un mécanisme prévu par l’Accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA, 2015) qui permet de réactiver automatiquement toutes les sanctions de l’ONU contre l’Iran, sans vote au Conseil de sécurité, si l’Iran viole gravement ses engagements.
Comment ça fonctionne :
- Un des signataires (USA, France, Royaume-Uni, Allemagne, Russie ou Chine) dépose une plainte devant le Conseil de sécurité de l’ONU, affirmant que l’Iran ne respecte pas ses obligations.
- À partir de là, le Conseil dispose de 30 jours pour voter une résolution qui empêche le retour des sanctions.
- Mais attention : si aucune résolution n’est adoptée dans ce délai (et ce sera probablement le cas, car la Chine ou la Russie peuvent mettre leur veto), alors…
Toutes les sanctions de l’ONU en vigueur avant 2015 sont automatiquement réactivées : embargo sur les armes, interdiction de commerce nucléaire, gel d’avoirs, etc.
Pourquoi c’est explosif
- Le snapback court-circuite le droit de veto des membres permanents du Conseil de sécurité. Même la Chine ou la Russie ne peuvent pas bloquer ce retour des sanctions.
- C’est donc une arme diplomatique redoutable pour faire pression sur l’Iran.
- Mais l’Iran considère cela comme une trahison, surtout si ce sont les pays européens qui l’activent, car ils sont censés défendre l’accord.
Historique : déjà utilisé
- En 2020, les États-Unis (sous Trump) ont tenté d’activer le snapback après s’être retirés unilatéralement du JCPOA… ce qui a été rejeté par les autres signataires, car Washington n’était plus partie à l’accord.
- Aujourd’hui (2025), les Européens menacent de l’utiliser, ce qui représenterait un point de rupture diplomatique très fort.
Dans cette configuration, Israel a la possibilité de temporiser. Présent sur plusieurs fronts militairement, avec toutes ses implications, l’état juif a absolument besoin de reprendre des forces. On voit bien que la mesure de réduction du service impose aux réservistes est une des conséquences. La question du retour des otages pèse chaque jour plus lourd à l’intérieur. Les citoyens et les familles ont besoin de retrouver une vie normale. La situation à Gaza suppose un règlement prochain car les pressions, dont celle de Washington, sont croissantes. C’est peut aussi l’opportunité d’attendre une nouvelle conjoncture favorable pour compléter l’action déjà entreprise.
Ainsi va le monde,
© Francis Moritz
Francis Moritz a longtemps écrit sous le pseudonyme « Bazak », en raison d’activités qui nécessitaient une grande discrétion. Ancien cadre supérieur et directeur de sociétés au sein de grands groupes français et étrangers, Francis Moritz a eu plusieurs vies professionnelles depuis l’âge de 17 ans, qui l’ont amené à parcourir et connaître en profondeur de nombreux pays, avec à la clef la pratique de plusieurs langues, au contact des populations d’Europe de l’Est, d’Allemagne, d’Italie, d’Afrique et d’Asie. Il en a tiré des enseignements précieux qui lui donnent une certaine légitimité et une connaissance politique fine. Fils d’immigrés juifs, il a su très tôt le sens à donner aux expressions exil, adaptation et intégration. © Temps & Contretemps

Bonjour, quelle confiance accorder à ces dirigeants de l’ancien empire Perse? Ils ont clairement exprimer leur volonté à la tribune des nations unies en déclarant que: Israël sera rayé de la carte et Barak Obama ainsi que d’autres ont quitter la salle de cette assemblée générale des nations soi disant « unies ». A titre personnel je ne pense pas que le guide suprême et ses amis modifient la trajectoire qu’ils ont choisis, maintenant il ne faut pas dramatiser mais rester particulièrement attentif et « tester » la confiance que nous pouvons leur accorder, cela par tous moyens a disposition. Cordialement.
Bonjour, parmi toutes les priorités, il me semble qu’il y a à l’instant celle des otages, de leur survie et enfin « leur retour à la maison » c’est un momentum. Pour l’Iran, on a beaucoup testé au fil des années. Seules force et menaces feront plier les Gardiens de la révolution, qui seraient les grands perdants.
Bonjour, il faut maintenant ajouter une cinquième bande à ce billard très risqué, c’est monsieur Macron l’apprenti dictateur qui pense déjà à 2032 veut entrer dans l’histoire! Je ne peux exprimer publiquement le fond de ma pensée. Cordialement.
Bonjour, le billard est un jeu souvent utilisé en politique semble t il. Mais n’est pas qui veut un grand joueur. Permettez moi de proposer trois citations en écho à votre constat :
De MontesUieu
« Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que,par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » et cette autre attribuée à Namoléon Bonaparte :
« il faut une moralité pour le peuple, et une autre pour les gouvernants » « les hommes sont plus facilement gouvernés par leurs vices que par leurs vertus » et enfin , plus ancienne , de Seneque
« le pouvoir ne change pas les hommes, il ne fait que révéler qui ils sont »
Méditons ensemble
Cordialement,
Que ce soit au Proche-Orient ou en Europe de l’est, Trump dit tout et son contraire en 24 heures. Il n’est absolument pas crédible.