« Ne laissons pas l’Histoire se répéter dans les mêmes ténèbres et la même injustice ». Par Hamid Enayat* et Hamid Assadollahi*

Le prisonnier politique iranien Saeed Massouri subitement transféré vers un lieu inconnu

Après la guerre de douze jours avec Israël, alors que le guide suprême du régime iranien Ali Khamenei s’était replié dans un abri souterrain, craignant de nouvelles frappes, il est réapparu mercredi 16 juillet pour la deuxième fois, lors d’une réunion avec les responsables du pouvoir judiciaire. On s’attendait pourtant à le voir auprès des commandants du Corps des Gardiens de la révolution et des services de renseignement, dont des dizaines hauts gradés avaient été tués lors des récentes frappes.

Dans une allusion fourre-tout, Khamenei a mis sur le même plan les unités de résistance affiliées à l’OMPI (Moudjahidine du peuple), les monarchistes, et les « voyous », déclarant :
« Leur calcul était le suivant : après des attaques contre des centres névralgiques et la perte de certaines figures clés du régime, ce dernier serait affaibli. C’est alors que les cellules dormantes (unité de résistance) des hypocrites [terme péjoratif attribué à l’OPMI], les monarchistes, les mercenaires et les voyous se mobiliseraient pour achever le régime ».

Cette allusion explicite aux unités de résistance, faite devant les responsables judiciaires, laisse entrevoir la possibilité d’une répression généralisée.

Plus tôt mardi 7 juillet, l’agence Fars, proche des Gardiens de la révolution, publiait un éditorial intitulé : « Pourquoi faut-il répéter l’expérience des exécutions de 1988 ? »
Dans cet article, le massacre massif de prisonniers politiques à l’été 1988, (la fin de la guerre Iran-Irak) dont 90% étaient de l’OMPI est qualifié de « l’un des hauts faits brillants de la République islamique ». L’auteur conclut :
« Il semble que le moment soit venu de réitérer cette brillante expérience ».

The mass executions of prisoners in the summer of 1988 have been described by the UN Special Rapporteur as a « crime against humanity. »

Le mercredi 10 juillet, Saeed Massouri, l’un des plus anciens prisonniers politiques du pays — surnommé « la légende de la résistance » —, emprisonné depuis 25 ans sans un seul jour de permission, a été violemment extrait de sa cellule pour être transféré vers un lieu inconnu. Face à cette opération brutale, ses codétenus ont immédiatement protesté, contraignant les gardiens à le ramener temporairement dans sa cellule.

Dans un message transmis à l’extérieur, Massouri a déclaré :
« Cet enlèvement déguisé en transfert ne me concerne pas uniquement. Il s’inscrit dans un plan plus vaste de répression et prépare le terrain pour de nouvelles exécutions — exactement comme en 1988 ».
Il ajoute :
« Il ne faut pas laisser un autre massacre se dérouler dans le silence et l’indifférence. Cette fois, que le monde entende : un crime est en train d’être commis — et une résistance s’y oppose ».

Dix rapporteurs spéciaux de l’ONU, alarmés par le risque d’un nouveau massacre semblable à celui de 1988, ont déclaré le 4 juillet :
« Depuis le cessez-le-feu, le monde observe de près la manière dont les autorités iraniennes traitent leur population. Il s’agit d’un test crucial de l’engagement du pays envers les droits humains et l’État de droit ».

Ils ont averti :
« L’Iran ne doit pas permettre que l’Histoire se répète en recourant aux mêmes schémas répressifs qui ont ravagé la société, notamment à la fin de la guerre [Iran-Irak] ».

Selon les chiffres disponibles, environ 5 000 détenus se trouvent actuellement dans le couloir de la mort.

L’Histoire est-elle sur le point de basculer vers une nouvelle tragédie ?

* Hamid Enayat, politologue, spécialiste de l’Iran 

*Hamid Assadollahi, Comité de soutien aux droits de l’homme en Iran (csdhi.org)


https://www.ohchr.org/en/press-releases/2025/07/un-experts-urge-iran-choose-protection-over-repression-after-ceasefire

Mise en garde des dix rapporteurs spéciaux des Nations unies contre un risque de massacre dans les prisons, comparable à celui survenu en 1988 après la guerre Iran-Irak

UN experts urge Iran to choose protection over repression after ceasefire

04 July 2025

GENEVA  – UN experts* today expressed alarm over the crackdown in the Islamic Republic of Iran since hostilities began on 13 June 2025 and the subsequent ceasefire.

« Post-conflict situations must not be used as an opportunity to suppress dissent and increase repression », the experts said. Acknowledging the impact of unlawful military attacks by Israel and the United States of America, the experts nevertheless expressed concern over reports of executions, enforced disappearances, and mass arrests.

Since 13 June 2025, at least six individuals have reportedly been executed on charges of « espionage for Israel », including three Kurdish men. Hundreds of individuals, including social media users, journalists, human rights defenders, foreign nationals—particularly Afghans—and members of ethnic and religious minorities such as Baha’is, Kurds, Balouchis and Ahwazi Arabs, have been detained on accusations of « collaboration » or « espionage ». Those detained include human rights defender Hossein Ronaghi and his brother. Meanwhile, Swedish-Iranian researcher Ahmadreza Djalali faces imminent execution with his whereabouts unknown. The conflict has also substantially exacerbated Afghan deportations from Iran, with 256,000 returned in June alone amid serious refoulement concerns.

The experts expressed alarm at official statements announcing expedited trials on accusations of espionage, putting individuals at heightened risk of summary execution or punishment without adequate due process.

They also found equally concerning reports of incitement to discrimination, hostility and violence in the media, which have labelled entire minority communities as traitors and used dehumanising language such as « filthy rats ». This rhetoric in state-linked Persian and Arabic media outlets has reportedly included calls for surveillance, and killing of Baha’is, echoing the 1988 atrocities.

The experts warned that Iran’s Parliament is concurrently advancing legislation that would classify intelligence or espionage activities carried out for « hostile Governments » as « corruption on earth »—an offence punishable by death.

« Criminalising the sharing of information in broad language violates the rights to freedom of expression and information », the experts said. « This legislation also represents a worrying expansion of the death penalty that violates international human rights law ».

The experts urged the international community to prioritise sustained support to Iranian civil society actors, including technical and financial assistance to independent media outlets and human rights groups. « The survival of civic space depends on the ability to document human rights violations, preserve collective memory, and coordinate action, which is essential during this critical period », they said.

They also condemned the deteriorating conditions faced by prisoners transferred from Evin Prison after Israeli attacks on its facilities. Prisoners were reportedly moved to the Great Tehran Penitentiary and to Qarchak Prison and held in abysmal conditions. The fate and whereabouts of some prisoners remain unknown, placing them outside the protection of the law—a situation that amounts to enforced disappearances.

« Following the ceasefire, the world is watching closely to see how Iranian authorities treat their own people. This will be a defining measure of the country’s commitment to human rights and the rule of law », the experts said.

« Iran must not allow history to repeat itself by resorting to the same dark patterns of repression that have devastated its people in previous post-conflict periods ».

The experts have been in contact with Iranian authorities on this issue.

*The experts:

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