
Antisémitisme. Antisionisme : des fléaux de civilisation
S’attaquer aux Juifs est toujours un signal précurseur d’autres catastrophes. Les meurtres de Juifs en France ( Sébastien Sélam,Ilan Halimi, Myriam Knoll, les enfants d’Ozar Hatorah à Toulouse, Sarah Halimi, l’Hypercacher…) ont anticipé les assassinats d’enseignants, de prêtres et de policiers. Une leçon de l’histoire selon Hannah Arendt pour qui « la mise hors la loi du peuple juif a été suivie de près de la plupart des nations européennes ».
L’antisémitisme agit en éclaireur d’une barbarie à venir, il n’est pas corrélé à l’attitude citoyenne des Juifs car il se produit en période d’assimilation comme dans les moments du ghetto, du mellah et du Shtetel où les Juifs se retrouvent dans des communautés contraintes par des limitations de liberté (dhimmitude dans les pays arabes, croisades, camps de concentration). Walter Benjamin le paya de sa liberté et de sa vie dans pareille « société d’aliénation elle-même par elle-même ». Qu’en est-il du sionisme devenu la bête noire de la nébuleuse islamo-progressiste ?
« Le sionisme, selon Paul Thibaud, l’ancien directeur de la revue « Esprit », est à Israël ce que la laïcité est à la France, un ensemble de valeurs détachées du fond religieux dont elles procèdent pour servir de référence à l’Etat ». En somme une banale idéologie qui a permis la création de l’Etat d’Israël comme nation. Et dont on cherche à se débarrasser en activant un antisionisme planétaire aussi ravageur que meurtrier et qui s’articule sur un antisémitisme d’atmosphère comme l’automne précède l’hiver.
Cette concomitance, exacerbée depuis le 7 octobre 2023, est d’une constance séculaire et relève d’une xénophobie ordinaire. Le philosophe Vladimir Jankélévitch en a détricoté les prolégomènes : « L’antisionisme donne la permission et même le droit et même le devoir d’être antisémite au nom de la démocratie ! L’antisionisme est l’antisémitisme justifié, mis enfin à la portée de tous. Il est la permission d’être démocratiquement antisémite »[5].
A l’unisson de ce positionnement clairvoyant, le pasteur Martin Luther King pouvait dire : « L’antisémitisme, la haine du peuple juif, a été et reste une tâche sur l’âme de l’humanité. Nous sommes pleinement d’accord sur ce point. Alors sache aussi cela : antisioniste signifie de manière inhérente antisémite. Et il en sera toujours ainsi ».