Tribune Juive

Elie Sasson. Le Vent mauvais

Cette fois, c’est certain, en France, souffle un vent mauvais, celui de la détestation des Juifs. Un seul responsable : celui qui a donné le ton et la direction à suivre. D’abord en réclamant un cessez-le-feu moins d’un mois après le début de la riposte israélienne à Gaza, puis en ne participant pas à la manifestation contre l’antisémitisme, puis en interdisant la participation d’entreprises israéliennes dans des salons français, puis en qualifiant de massacre la guerre contre l’enclave islamiste et contre le Hezbollah, et enfin, en refusant de se prononcer sur le caractère non génocidaire de la guerre contre le Hamas.

C’est Emmanuel Macron qui, pour des raisons que je veux croire économiques, a fait preuve d’une lâcheté qui sera jugée par l’histoire, en décidant de sacrifier les Français juifs.

D’autres, ceux qui n’attendaient qu’une faiblesse de sa part, n’ont fait que suivre le mouvement en lâchant leurs chiens sur la proie qu’on leur offrait en pâture.

Certains ont protesté et se sont fendus de condamnations verbales, mais dans les faits, se sont contentés du minimum syndical, comme si l’on pouvait éteindre un incendie avec un verre d’eau.

Il aurait fallu étouffer dans l’œuf ce vent mauvais. Refuser le terme de génocide en ostracisant ceux qui voulaient l’imposer, en coupant les subventions à toutes les institutions universitaires qui s’acharnaient dans cette voie, en dépit de toutes les démonstrations chiffrées qui attestaient d’un taux de mortalité de femmes et d’enfants inférieur à celui de toutes les guerres récentes en milieu urbain. Il aurait fallu faire ce que Trump a fait. Le faire vite et fort.

Mais la volonté politique, celle d’Emmanuel Macron, a manqué. Non seulement, elle a manqué, mais elle prenait la direction opposée.

En raison d’un génocide fantasmé, qui a permis de diaboliser Israël, le pays a glissé vers une condamnation des citoyens israéliens dans leur ensemble, puis des Franco-Israéliens chanteurs ou scientifiques, puis des Français soutenant Israël, puis des entreprises soupçonnées de commercer avec Israël. Nous sommes à deux doigts de franchir la dernière étape qui consistera à reprocher aux Juifs d’avoir un fils ou une fille en Israël, puis un cousin, puis un vieil ami perdu de vue. Viendra le jour où l’on fouillera dans le passeport des Juifs pour vérifier qu’ils n’auraient pas passé une semaine de vacances à Tel-Aviv dans les vingt dernières années. Si rien n’est fait, cette étape sera franchie. Nous y sommes. Nous y sommes presque. C’est le sens de l’histoire d’une logique implacable.

On ne combat pas une haine déferlante en étant sur la défensive. On ne justifie pas la présence d’Amir à un festival en argumentant sur son message de paix. Non, on attaque sans pitié ceux qui ont tenté de lui interdire de chanter. On leur fait savoir qu’ils seront interdits à vie de participer à ce même festival. On durcit les sanctions, sans pitié. On leur montre qu’à la fin de l’histoire, ils payeront le prix fort de leur inversion des valeurs. On ne laisse rien passer.

Mais tout cela ne serait possible que si au plus haut niveau de l’État, il y avait un homme capable d’impulser une fermeté sans faille. Souhaitons qu’en 2027 ce sera enfin le cas. En attendant, pendant deux ans, il faudra tenir bon ou partir.

© Elie Sasson

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