Tribune Juive

David Castel. Nous ne sommes pas pareils

Nous ne sommes pas pareils

Entre Tel-Aviv et Téhéran, entre les immeubles de verre et les sous-sols où l’on ourdit des otages, une ligne se trace.

Elle n’est pas géographique. Elle est morale.

Ce n’est pas une ligne de front. C’est une ligne de fond.

Ce n’est pas une querelle. C’est un verdict.

Une ligne nue, crue, indélébile.

D’un côté, l’architecture verticale de la vie : hôpitaux, laboratoires, écoles.

L’éclat têtu de la vie. Les start-up sous les sirènes. Les laboratoires entre deux alertes. Les enfants qui codent pendant que d’autres se cachent.

L’économie redémarre. En pleine guerre, l’investissement tech bondit de 54 % au premier semestre 2025, atteignant 3 milliards de dollars.

Israël frappé, endeuillé, invente.

Même sous roquettes, le pays construit, soigne, exporte, programme.

Il recrute. Il code. Il soigne.

Trois milliards injectés dans la tech pendant qu’on enterrait les morts.

Même frappé, Israël bâtit. Même endeuillé, il soigne.

De l’autre : la géométrie souterraine de la mort.

Le décor de l’effondrement. Pas une résistance. Un système.

Tunnels, roquettes, enfants sacrifiés à des dieux de sang.

Le Hamas survit sur canapé. Littéralement.

Trois vieillards engoncés dans leurs certitudes, photo posée, regards morts : Khalil Al-Hayya, Mohammed Ismaïl Darwish, Nizar Awadallah.

Trois notaires du désastre.

Gestionnaires d’un empire de tunnels, d’otages pourrissants, d’enfants enterrés vivants.

Le sang comme message, le corps comme levier.

Ce n’est pas une armée. C’est une agence de la mort.

Il ne s’agit pas d’un conflit. C’est un choix de civilisation.

Israël se bat pour protéger ses vivants. Le Hamas se bat pour exhiber ses morts.

Israël pleure chaque soldat tombé comme un frère. Le Hamas exhibe chaque cadavre comme une carte de négociation.

Israël construit des technologies pour guérir, irriguer, coder, voler. Le Hamas détourne les tuyaux de l’aide humanitaire pour creuser la haine.

Israël veut des prix Nobel. Le Hamas veut des martyrs.

Israël pleure ses soldats comme des fils.

Le Hamas expose ses cadavres comme des communiqués.

Israël veut guérir. Le Hamas veut marquer.

Israël transforme les souffrances en applications.

Le Hamas recycle la haine en slogans.

Ce n’est pas une guerre. C’est une radiographie.

Un miroir. Et le reflet dit tout.

Un peuple obstiné, blessé, enraciné, qui choisit la lumière, même quand elle se fait rare.

Face à un mouvement qui s’acharne à mourir et entraîne les autres dans sa chute.

Israël ne cherche pas l’effet. Il cherche l’après.

Il envoie dans le ciel des satellites, dans les écoles des robots, dans les veines des malades des intelligences artificielles.

Pas pour briller.

Pour être. Rester. Insister.

Le Hamas implore, accuse, réclame la revanche comme on mendie un désastre.

L’un pousse vers demain. L’autre s’enterre dans la veille.

L’un transforme la douleur en logiciels. L’autre transforme les vivants en levier politique.

Pendant ce temps, dans les studios climatisés et les journaux de papier froid, des voix tièdes voudraient tout égaliser.

Renvoyer dos à dos un État assiégé et une théocratie fanatique.

Peser l’espoir contre la haine sur la même balance.

On ne compare pas un scalpel et un couteau.

On ne confond pas un codeur et un bourreau.

On ne négocie pas entre ceux qui veulent vivre et ceux qui veulent tuer.

Nous ne sommes pas les mêmes.

Et c’est tant mieux.

D’un côté, on code. De l’autre, on kidnappe.

D’un côté, on soigne. De l’autre, on menace.

D’un côté, on monte. De l’autre, on creuse.

D’un côté, on rêve. De l’autre, on recycle la haine.

Israël mise sur l’avenir.

Eux capitalisent sur le passé.

Chez nous, les immeubles montent, les idées fusent, les enfants apprennent.

Chez eux, les martyrs s’empilent, les photos jaunissent, les otages pourrissent.

La mort, ils l’ont sanctifiée.

La vie, nous en avons fait une promesse — et une technologie.

Le choix n’est pas entre deux douleurs.

Le choix est entre deux perceptions de l’humanité.

Et nous avons choisi.

© David Castel

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