Peut-on imaginer un instant le général de Gaulle humilié par un chef d’État étranger, comme Emmanuel Macron l’a été par son homologue algérien ?

La junte militaire d’extrême droite au pouvoir à Alger a procédé à l’arrestation arbitraire de Boualem Sansal, orchestré ensuite une parodie de justice digne des « Procès de Moscou » et maintient depuis, l’écrivain emprisonné. Rien d’étonnant à cela. Le régime algérien ne fait après tout rien d’autre que le banal boulot répressif commun à toutes les dictatures. A cet égard, le refus du président Tebboune de gracier l’écrivain était tout à fait prévisible et se situe dans la logique d’une gérontocratie parasitaire qui n’a pas d’autre objectif que sa perpétuation et qui, pour cela, restreint la liberté d’expression en persécutant les artistes engagés.
L’Algérie doit accorder l’indépendance à Boualem Sansal !
Si Boualem Sansal est indiscutablement innocent, en revanche, l’exécutif français est, quant à lui, coupable, coupable d’inaction. En effet, si le pays de Voltaire a mobilisé toute sa diplomatie au profit de deux influenceuses et croisiéristes fans du Hamas, il demeure passif tandis que l’un de ses plus grands écrivains est retenu en otage dans les geôles algériennes. Sous la Vème République héritée du Général de Gaulle, pour mériter d’être secouru par le gouvernement français, il semble désormais préférable d’assimiler des terroristes à Lucie Aubrac et à Jean Moulin plutôt que de dénoncer les horreurs du nazisme et de l’islamisme, comme l’a fait l’auteur du « Village de l’allemand ».
Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Boualem Sansal, pas libéré !
Peut-on imaginer un instant le général de Gaulle humilié par un chef d’État étranger, comme Emmanuel Macron l’a été par son homologue algérien ? Moi qui n’ai pas voté pour lui, j’ai pourtant ressenti l’envie d’encourager l’actuel président français suite aux insultes qu’il a subies :
« Défendez-vous ! », « défendez Boualem Sansal ! », « défendez-nous ! », pensais-je lorsque la presse officielle algérienne conchiait une France « macronito-sioniste ». En effet, j’estime que même quand on est dans l’opposition, on se doit de soutenir par principe le président lorsqu’il est injurié par une puissance étrangère, car ce sont la République et la nation françaises qui sont visées à travers lui. Mais comment continuer à soutenir quelqu’un qui accepte, sans jamais réagir, de laisser piétiner sa dignité par un état-voyou ? Comment éprouver une quelconque empathie à l’égard d’un chef de l’État qui a renoncé à sa toute première mission, à savoir protéger les français victimes d’arbitraire ?
Force est de constater que nous sommes passés du président « chef des armées » (art.15 de la constitution de la Vème République) à un président chef désarmé qui se couche devant le potentat d’un État hostile à la France.
François Bayrou, quant à lui, aurait sans doute fait un bon sous-préfet des Pyrénées-Atlantiques. Mais, après avoir attendu près d’un demi-siècle pour devenir Premier ministre, il s’aperçoit à présent qu’obtenir la libération d’un prisonnier politique, c’est autre chose que d’organiser la kermesse annuelle de l’Amicale des joyeux boulistes de Bagnères-de-Bigorre.
En février dernier, le Premier ministre avait adressé un ultimatum au pouvoir algérien : sans avancée en faveur de la libération de Boualem Sansal, l’accord franco-algérien de 1968 (qui donne des privilèges exorbitants aux candidats algériens à l’immigration en France) pourrait être remis en question ! On allait voir ce qu’on allait voir ! Or, nous sommes en juillet et Boualem Sansal, citoyen français innocent, est toujours prisonnier en Algérie sans qu’aucune mesure de rétorsion n’ait été prise à l’égard de ses ravisseurs. Mieux vaut se taire que d’être velléitaire…
A présent, Mr Bayrou est passé du registre de la menace à celui de la supplication, déclarant le mardi 1er juillet qu’il espérait des « mesures de grâce » de la part du président Tebboune. Par ces mots, le chef du gouvernement français, tel un Ponce-Pilate du Béarn, a remis la vie de notre compatriote Boualem Sansal entre les mains de celui-là même qui l’a fait embastiller ! Une gaffe digne d’un Joe Biden des grands jours ! Et, inévitablement, le 5 juillet, le président algérien -dont on peine à imaginer à quel point il doit mépriser l’exécutif français- a refusé la grâce à Boualem Sansal.
Enfin, on ne peut pas terminer ce panorama de la faillite de l’exécutif français sans accorder une mention spéciale au « nepo baby » Jean-Noël Barrot qui, au mois d’avril, est revenu d’une visite diplomatique à Alger en laissant Boualem Sansal derrière les barreaux (homophonie de sinistre présage…). À croire qu’à l’instar de son prédécesseur, l’actuel ministre des Affaires étrangères passe Séjourné à ne rien faire ! Dans le privé, un fiasco aussi retentissant aurait valu licenciement immédiat au piètre négociateur ayant ridiculisé durablement l’image de l’entreprise. La moindre des choses serait maintenant que le Quai d’Orsay rembourse le billet d’avion Paris/Alger aux contribuables français : un ministre français est (grassement) payé pour obtenir des résultats, pas pour faire du tourisme !
Après Alger et l’opération cirage des pompes du président Tebboune, quelle sera pour Mr Barrot la prochaine étape de son tour du monde de l’échec, de la contrition et de la honte ? Peut-être Téhéran, pour repriser et repasser le turban de l’ayatollah Khamenei ?
Boualem Sansal condamné à 5 ans de prison, le journaliste sportif Christophe Gleizes condamné à 7 ans de prison pour « apologie du terrorisme » (trad : il a osé faire un reportage sur un club de foot kabyle), les touristes Cécile Kohler et Jacques Paris détenus depuis 3 ans par les mollahs paranos qui voient des complots juifs partout… Et aucun de ces otages français n’a été libéré à ce jour ! Aucun ! Le constat d’échec est patent pour le président de la République, pour ses Premiers ministres successifs et pour ses transparents ministres des Affaires étrangères : c’est paradoxal comme ces gens sans principes illustrent pourtant à merveille le fameux « Principe de Peter », avec leur incompétence qui le dispute à leur pusillanimité.
Mais comment être surpris que la sécurité des français à l’étranger ne soit pas assurée, dans la mesure où nos gouvernants ne sont même pas capables de garantir la sécurité des français sur le territoire national lui-même ? Comment être crédible face à des dictatures quand on est à la tête d’un État incapable d’empêcher quelques ados banlieusards et acnéiques de mettre à sac sa propre capitale après un match de foot ?
Je suis certain que dans l’affaire Boualem Sansal, même le député LFI Delogu aurait fait mieux que l’Élysée et que le gouvernement français, si toutefois il avait su ce qu’est un écrivain.
Déboires d’Édouard dans les douars
Édouard Daladier était le président du Conseil qui a signé les accords de Munich le 30 septembre 1938. Croyant préserver la paix en Europe, la France permettait au Reich nazi d’annexer la région tchécoslovaque des Sudètes. On sait ce qu’il advint : le 15 mars 1939, les panzers d’Hitler entraient à Prague…
Le rapport avec l’incarcération abusive de Boualem Sansal ? Edouard Daladier était centriste, centriste comme le président de la République Emmanuel Macron, centriste comme le Premier ministre François Bayrou et centriste comme le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Jean- Noël Barrot.
Depuis 1938, rien n’a changé et l’extrême centre hexagonal est resté fondamentalement munichois : ainsi, croyant préserver la paix dans certaines banlieues, il permet aujourd’hui à l’Algérie d’embastiller l’écrivain Boualem Sansal, donc d’annexer une part du territoire culturel de la France. En détournant une phrase fameuse de Churchill, on constate ce qui est advenu : « vous avez voulu éviter la confrontation au prix du déshonneur. Vous avez le déshonneur et vous n’avez pas Boualem Sansal ».
L’extrême centre, c’est le parti de la lâcheté, du renoncement et de la xénocratie en marche. Soumis volontaires toute l’année aux technocrates non-élus de Bruxelles et aux diktats de la Kaiserin Ursula, nos extrêmes centristes viennent de découvrir avec émerveillement et gourmandise un nouveau maître en la personne du très viriliste président algérien Tebboune, un nouveau maître qui ne manque jamais une occasion de les humilier par ses paroles et par ses actes.
Les centristes héritiers de Daladier, ce sont des politiciens qui n’ont pas le courage élémentaire de trahir eux-mêmes la nation et la République. Ainsi, il n’est pas question pour eux de s’engager militairement en revêtant un uniforme ennemi, comme ont pu le faire certains collabos durant l’occupation. De même, ils n’envisagent en aucun cas de devenir des propagandistes antilaïques, antisémites et sexistes, comme le sont aujourd’hui les élus islamogauchistes. En effet, pour servir une cause totalitaire, il faut avoir des convictions, abjectes sans aucun doute, mais des convictions quand même.
Non, le truc des centristes, c’est de déléguer le pouvoir à qui pourra saboter le pays à leur place : Washington, Bruxelles, Doha ou Alger, peu importe qui donne les ordres pour nos européo- mondialistes, du moment que la souveraineté nationale est piétinée et que le pays est gouverné depuis l’étranger ! Les centristes xénocrates ne s’épanouissent que dans la soumission personnelle et dans l’avilissement de la nation française : découvrirait-on une vie extra-terrestre qu’ils deviendraient aussitôt cosmonautes dans l’espoir de ramper devant les petits hommes verts et de se faire flageller par leurs tentacules !
Il suffirait pourtant de quelques minutes… et d’un peu de volonté !
Pourtant, en quelques minutes, la France pourrait faire plier sans coup férir le pouvoir algérien et obtenir la libération de Boualem Sansal. En quelques minutes seulement. Il suffirait pour cela de bloquer les transferts d’argent de la diaspora algérienne présente dans l’hexagone, ou bien encore de confisquer les biens immobiliers des hiérarques algériens dans les beaux quartiers parisiens. Et je ne parle même pas de remettre en cause l’accord de 1968… Ce serait illégal ? Oui, et alors ? On a bien saisi les yachts et bloqué les comptes bancaires de quelques oligarques russes proches de Poutine, alors que le président russe ne détenait aucun otage français. Qui croira que ce qu’on a fait pour soutenir les intérêts des fonds de pension américains dans le cadre du conflit russo-ukrainien, on ne pourrait pas le faire aux complices du président Tebboune pour libérer un otage français ?
Le Président algérien, puisqu’il est question de lui, a gracié ce 5 juillet plus de 6000 condamnés qui vont donc quitter les prisons algériennes (sans doute faut-il y faire de la place pour tous les écrivains et journalistes français qui ont vocation à y être accueillis…). Comme il fait preuve d’une tendance récurrente à provoquer Marianne (encouragé en cela par la totale passivité des autorités françaises), peut-être a-t-il pour projet d’inciter les voleurs, violeurs et autres assassins fraîchement libérés des prisons algériennes à rallier la France pour s’y livrer à leurs loisirs favoris ? En effet, pourquoi l’Algérie gaspillerait-elle les impôts de ses honnêtes citoyens pour financer l’incarcération de ses délinquants et criminels, puisque ces derniers peuvent facilement être délocalisés en France où ils sont gracieusement pris en charge comme OQTF à vie?
Boualem Sansal est un homme âgé et cancéreux. S’il venait à décéder en prison sans avoir revu les siens, la responsabilité du pouvoir algérien serait bien entendu engagée, mais celle du gouvernement français et de l’Élysée serait historique. Car renoncer à faire libérer Boualem Sansal, c’est renoncer à la liberté d’expression, c’est renoncer à la République et c’est renoncer à la France.
© Marc Hellebroeck