
Au scalpel
Tuées parce qu’elles étaient.
Femmes. Juives. Vivantes.
Dans les caves, dans les champs, dans les vidéos. Violées comme on programme un rituel. Mutilées comme on sculpte un message. Filmées comme on filme un avertissement. La barbarie mise en scène, montée, sonorisée. Le 7 octobre, l’horreur n’a pas improvisé. Elle a exécuté un script.
Loin de la folie d’un instant, la préméditation d’un système.
Un crime pensé comme une pédagogie de la terreur.
Pas un crime de guerre. Un crime d’effacement. Une entreprise de déshumanisation planifiée. Leurs utérus n’étaient pas des cibles collatérales. Ils étaient la cible. Les enfants qui auraient pu naître ont été exécutés dans l’idée même de leur conception.
Et pendant ce temps-là, … Des éditorialistes qui trient les larmes
Et pendant ce temps-là, des doutes. Toujours des doutes. Des experts au microscope. Des féministes sous condition. Des éditorialistes qui trient les larmes.
Ils réclament le son stéréo de la douleur. Des dossiers tamponnés. Des expertises désinfectées. Comme si une vulve arrachée avait besoin d’un code-barres pour exister.
Le monde louvoie. La presse soupire. L’ONU prend le thé. Les féministes comptent les morts, vérifient les horaires, consultent l’agenda de leur indignation. La contextualisation comme paravent. Comme excuse. Comme méthode.
Une vulve arrachée exige-t-elle un tampon officiel pour devenir crédible ?
On attend quoi, exactement ? Une preuve stérilisée ? Une souffrance certifiée conforme ?
« Tout le monde souffre », disent-ils. Mais pas pareil. Pas avec un sexe transpercé et un rire en fond. Pas pendue nue entre deux soldats qui posent comme pour une photo LinkedIn.
Et pendant qu’on réclame la preuve du crime, les bourreaux, eux, réapparaissent dans les marches « pro-Palestine ». Soutien à ceux qui égorgent au nom de Dieu. Qui filment leur barbarie comme on filme un clip de propagande.
Ceux-là n’ont pas de patrie, pas de foi, pas de cause. Juste une pulsion. Une jouissance de la destruction. Et dans certaines rédactions, certains amphis, certains plateaux, on les appelle encore résistants.
Ils scandent « résistance », drapeau vert à la main, rictus rouge aux lèvres.
Ils ont violé. Ils ont tué. Et maintenant ils posent. En toute tranquillité. Avec l’approbation tacite des bien-pensants.
Pendant qu’on examine les circonstances, eux retournent au front. Pas celui des balles. Celui des mots. Celui des mensonges. Celui des réseaux.
Et pourtant, les faits résistent.
Israël ne s’est pas créé en 1948. Il renaît alors. Mais il existait déjà, bien avant Mahomet.
En 1312 avant notre ère, les Juifs formaient un peuple, gouvernaient une terre, priaient à Jérusalem. Trois mille ans de présence continue. Trois mille ans de racines. Jérusalem, fondée par le roi David, mentionnée 700 fois dans la Bible, jamais une seule dans le Coran.
Et pourtant, aujourd’hui, ceux qui naissent au Kibboutz sont appelés « colons ».
Tandis que ceux venus de Tunis ou de Damas sont proclamés « Palestiniens autochtones ».
Par quelle logique ? Par quelle magie dialectique ?
Le mensonge se construit en couches. Il commence par une omission, continue par une inversion. On transforme la fuite des Juifs des pays arabes en silence, pendant que la fuite volontaire des Arabes en 1948 devient une Nakba. Aucun pays arabe n’a accueilli ses frères. Israël, minuscule comme le New Jersey, a absorbé tous les siens.
Et malgré cinq guerres lancées contre lui, Israël a survécu. Et triomphé.
Pas parce qu’il est invincible. Mais parce qu’il est vital.
Vital à ceux qui ne veulent pas mourir une seconde fois.
Vital à celles qu’on a voulu enterrer sans nom, sans cri, sans trace.
Sur le terrain, Tsahal n’improvise pas. Elle identifie, isole, neutralise.
Chaque nom rayé sur une liste, c’est un massacre évité.
Nissim Abu Sabha. Hasham Mansour. Ramzi Saleh.
Trois noms rayés. Trois massacres évités. La liste continue.
Nous avons été blessés pour gagner.
Pas pour recommencer Oslo.
Pas pour rejouer Camp David avec les mêmes menteurs.
Chaque otage libérée, c’est une étoile rallumée.
Et pendant ce temps, l’ONU compte les votes contre Israël.
429 résolutions à l’Assemblée Générale. 97 au Conseil de Sécurité.
Zéro contre les pogroms. Zéro contre les synagogues profanées.
Zéro pour les cimetières juifs écrasés sous les bottes jordaniennes.
Et toujours, ces chiffres. Ces morts imaginés.
Jean-Pierre Filiu en cite cent mille, sans source, sans base, sans honte.
Il recycle, déforme, accuse.
En 2012, il écrivait pour Zebda en Syrie, pendant que les barils d’Assad pleuvaient sur les enfants.
Mémoire sélective. Indignation à géométrie variable.
Mais la vérité ne cède pas. Même quand on l’étouffe.
Israël mène une guerre de survie. Gaza n’est plus un État. C’est un conglomérat tribal où l’on vend ses otages comme on vend du ciment. Où l’on maquille une explosion en mise en scène avec du faux sang sur le front d’une journaliste. Où l’on arme les enfants et l’on pleure leur mort en direct.
Et face à cela, Israël fait ce qu’un peuple libre doit faire : nommer, soigner, défendre, riposter.
À Hébron, cinq cheikhs viennent de tourner la page. Ils ne parlent plus de Nakba, mais de gouvernance. Ils ne rêvent pas d’un État-fantôme, mais d’un pacte.
Ils proposent 50 000 travailleurs, une paix tribale, stable, connectée à Israël.
Un basculement silencieux. Un réel possible.
Pendant ce temps, à Paris, on nomme à la tête de la Grande Mosquée un recteur adoubé par Alger, pendant qu’Alger séquestre des otages français.
Ironie ? Non. Incohérence ? Non plus.
Complicité douce.
Celle des élites qui parlent fort de paix mais négocient avec les preneurs d’otages.
Voilà le seul procès qui compte : celui de l’oubli.
Qu’on le perde, et la prochaine femme sera violée deux fois.
Une fois par ses bourreaux.
Une fois par notre silence.
Israël ne négociera pas avec ceux qui transforment les otages en matière première.
Il ne baissera pas les bras pour plaire à ceux qui ont peur de l’image d’un soldat qui riposte.
Il ne cédera pas Jérusalem. Pas plus qu’on ne cède un cœur.
Parce que dans cette guerre, Israël ne défend pas seulement ses frontières.
Il défend une vérité.
Il défend une histoire.
Il défend le droit, pour chaque femme, chaque enfant, chaque peuple, de ne pas être effacé.
Ni par le viol.
Ni par le verbe.
Ni par le vote d’une ONU amnésique.
Le vrai crime, ce n’est pas de se défendre.
C’est de laisser l’oubli devenir politique.
© David Castel