Tribune Juive

Daniel Sarfati. « On n’emprisonne pas Voltaire »

Écrire a quelque chose de vain. 

Si je publie un roman, il a plus de chances de finir dans une boîte en carton sur le Boul’Mich, parmi d’autres bouquins usagés a 2 euros pièce, que de me survivre dans la collection La Pléiade. 

Un texte que je vais écrire sur Facebook va vite disparaître dans le fil d’actualité, noyé dans des pubs, au mieux pour des sous-vêtements Aubade, au pire pour des couches anti-fuites après prostatectomie. 

Alors, pourquoi un écrivain fait-il peur ?

Pourquoi Soljenitsyne a t-il été déporté au Goulag par les Soviétiques ?

Pourquoi Boualem Sansal vient t-il d’être condamné par la dictature algérienne à 5 ans de prison ferme ?

Pendant la guerre d’Algérie, les prises de position pro-FLN de JP Sartre avaient conduit des responsables politiques français à demander son incarcération pour trahison. 

De Gaulle avait tranché :

« On n’emprisonne pas Voltaire ! »

Aujourd’hui, les héritiers du FLN à Alger ont condamné le Voltaire franco-algérien à l’équivalent d’une peine de mort. Il a 80 ans et souffre d’un cancer. 

Il n’est pas prévu de manifestation de soutien à Boualem Sansal Place de la République. 

Sébastien Delogu ( Ducobu ?), ignore sans doute qui est Sartre et qui est Voltaire. 

Rima Hassan qui qualifie Alger de « Mecque des libertés » fait un oxymore. Un objet de culte religieux ne peut être associé à la liberté. 

Macron et JN Barrot sont trop occupés à apporter leurs condoléances aux ayatollahs iraniens et à demander partout des cessez-le-feu, en faisant ricaner les véritables dictateurs. 

Ce que Boualem Sansal écrit fait peur à la dictature militaire algérienne. 

Il prône la liberté, il défie l’islamisme radical, en s’exprimant en français comme pour jeter un pont entre les deux cultures de chaque côté de la Méditerranée. 

Il ne cajole pas les communautaristes, il ne souffle sur les braises du ressentiment anticolonialiste. 

Son œuvre lui survivra, quand plus personne ne se souviendra de la signification du sigle LFI et du nom du ministre des Affaires Étrangères français en 2025. 

Écrire n’est pas vain.

© Daniel Sarfati

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