La République en marche… vers le recul ?
Renaissance ou lente agonie ?
On nous avait promis une République en marche. Moderne, offensive, jupitérienne. Ce qu’on observe, c’est une République qui recule. Sur tous les fronts.
Elle recule face à l’islamisme, qu’elle ne veut ni nommer ni contrarier. Elle recule devant les prêcheurs de haine, les assauts communautaristes, les caresses identitaires qui grattent l’unité nationale jusqu’à l’os.
Elle recule dans l’école, qu’elle ne maîtrise plus. Elle recule dans les commissariats, qu’elle soupçonne avant de les soutenir. Elle recule devant les tribunaux, où la peur d’être accusé de racisme pèse plus lourd que celle de rendre la justice.
Elle recule aussi à l’international. Souvenez-vous de la fronde discrète mais réelle des ambassadeurs français dans les pays arabes, furieux que Macron ait osé, un temps, parler clair sur l’islamisme. Résultat : depuis, on baisse les yeux. Le Quai d’Orsay est devenu un organe de précaution. Plus peur des salafistes que des principes. Et plus peur encore des fonctionnaires en poste que de l’avenir de la République.
Avec l’Algérie, c’est pire. Une diplomatie à genoux, entre courbettes mémorielles et cécité volontaire. On se tait sur la répression, on flatte les militaires, on accepte qu’un journaliste sportif français soit embastillé à Alger sans en faire un scandale national. Silence radio : il ne faudrait pas compromettre un contrat gazier ou provoquer une « crise d’émotion » dans certaines banlieues.
Et l’antisémitisme dans tout cela ? Il est traité à géométrie variable. S’il vient de la droite, il est dénoncé. S’il vient de l’islamisme, il est « contextualisé ». En 2014 déjà, dans Tribune Juive, j’écrivais un article intitulé « La marranisation des Juifs de France ». [1]
Je posais alors cette question :
Christophe Barbier nous disait : « La République vous défendra ». Mais qui défendra la République elle-même ?
Dix ans plus tard, la réponse se dessine : personne.
Cette République-là ne marche pas, elle patine, s’excuse, s’efface.
Et si elle avance, c’est à reculons.
Vers où ? Vers sa propre sortie.
© Paul Germon
