
Je le dis sans détour : défendre Israël aujourd’hui, ce n’est pas simplement prendre position — c’est désobéir à l’air du temps. C’est refuser les récits convenus, les indignations à géométrie variable, les slogans moraux qui transforment Israël en coupable universel, et ses ennemis en victimes sanctifiées.
Je regarde ce qui se dit, ce qui s’écrit, ce qui s’enseigne. Et je vois une obsession : Israël. Un pays, un seul, dont on exige la perfection sous menace d’excommunication. Un seul, qu’on accuse de tous les maux, qu’on juge sur des critères que personne d’autre n’a à subir. On parle d’Israël comme d’un symbole, jamais comme d’un peuple. On lui refuse même le droit d’avoir peur.
Je n’accepte pas cette inversion.
Critiquer Israël, bien sûr que c’est possible. Les Israéliens eux-mêmes le font avec une vigueur que peu de démocraties toléreraient. Mais aujourd’hui, il ne s’agit plus de critique. Il s’agit de délégitimation. De mise en accusation permanente. De volonté d’effacement. On n’attend pas d’Israël qu’il s’améliore, mais qu’il disparaisse.
Et je m’y oppose fermement.
Je défends Israël parce que je connais la menace réelle à laquelle ce pays est confronté. Parce que je n’oublie pas les massacres, les attentats, les enfants tués dans leur lit, les civils brûlés vifs, les femmes violées comme armes de guerre. Parce que je refuse que ces crimes soient relativisés, minimisés, excusés au nom d’un « contexte » qui ne sert qu’à blanchir l’horreur.
Je refuse qu’on exige d’Israël ce qu’on n’exige de personne d’autre. Je refuse qu’on lui interdise de se défendre. Je refuse qu’on transforme une démocratie assiégée en monstre imaginaire, pendant qu’on ferme les yeux sur les véritables monstres, ceux qui rêvent de l’anéantir.
Israël n’est pas un pays parfait. Aucun ne l’est. Mais c’est un pays réel, vivant, traversé de contradictions, de tensions, de débats, de colères — c’est-à-dire un pays humain. Et cela suffit à lui reconnaître le droit d’exister, de respirer, de se protéger.
Je ne mets pas les camps dos à dos. Je ne cherche pas l’équilibre artificiel. Il y a un État attaqué, et il y a une organisation qui se définit par la volonté de le détruire. Il y a un peuple qui veut vivre, et un fanatisme qui veut tuer. Je choisis clairement mon camp.
Je sais que cette parole dérange. Elle fait de moi un suspect, un dissident, un corps étranger dans l’écosystème intellectuel qui prospère sur la haine d’Israël. Mais je persiste. Je ne me tairai pas. Je ne courberai pas l’échine pour rester fréquentable. Je n’échangerai pas la vérité contre l’applaudissement.
Je défends Israël non par réflexe tribal, mais parce que je refuse le mensonge. Parce que je sais reconnaître la propagande quand elle se drape dans les habits de la justice. Parce que je ne confonds pas morale et soumission.
Et si cela dérange, tant mieux.
Cela prouve que cette parole est nécessaire.
© Charles Rojzman
