
Jabalya, dans la bande de Gaza, est entièrement piégé par le Hamas. Sept soldats ont trouvé la mort cette semaine. Et certains osent prétendre que la guerre n’a plus de raison d’être. Qu’ils aillent dire ça aux parents de ces soldats qui sont dans le chagrin.
Plus un soldat ne doit mourir à Gaza. Pour sauver les vingt otages dont le sort me fend le coeur, Israël totalise désormais près de 450 soldats tués. Il y a là une absurdité qu’il convient de regarder en face. Je ne sais pas quelle est la doctrine militaire israélienne en matière de prise d’otage, mais imagine-t-on sérieusement un dirigeant doté de raison ordonner une opération militaire de libération de vingt otages en sachant que 450 soldats périront ? La politique exige du cynisme. Combien de soldats doivent encore perdre la vie pour sauver les otages ? Leurs vies sont-elles moins précieuses que celles des otages ? On me dira que je suis abject et que je ne me mets pas à la place des familles des otages. Je m’y mets tous les jours depuis le 7 octobre. Mais je leur répondrai qu’ils ne se mettent pas à la place des familles des soldats. Leur vie n’a pas moins de valeur. Leur mort plonge tout autant dans le chagrin des familles entières. Ce ne sont pas des pions.
Il n’y a pas de solution miracle. Soit Israël arrête le combat et sauve le Hamas une énième fois pour lui permettre de commettre un nouveau 7 octobre – Qui a envie de ça ? -, soit Israël continue dans sa logique actuelle et de nombreux parents de soldats enterreront leurs fils dans les prochaines semaines, soit l’armée quitte Gaza et bombarde non stop en abandonnant les otages à leur sort pour préserver la vie des soldats – en espérant leur libération grâce à une reddition du Hamas -.
La logique implacable, cartésienne, cynique et pragmatique voudrait que la dernière option soit choisie.
Les Gazaouis ont élu, sans que personne ne leur force la main, des ordures pour les diriger. L’heure est venue qu’ils assument.
© Elie Sasson