
Quelques heures avant le « Cessez-le-feu » imposé par Donald Trump aux Israéliens et aux Iraniens, j’avais écrit les paroles d’une chanson en pensant aux miens là-bas, obligés de se terrer pendant plusieurs jours dans des abris collectifs pour éviter que le ciel, empuanti par les Mollahs, ne leur tombe sur la tête.
Quelques jours après ce « Cessez-le-feu », empli de cette colère et de cette détresse qui ne veut pas passer, de ce lâche soulagement aussi de savoir (provisoirement) les miens et tout Israël à l’abri des missiles de l’Iran Islamique, mais pleurant le sort du peuple iranien dont le joug va être encore plus insupportable et surtout pensant aux dizaines d’otages israéliens encore à Gaza, j’ai pensé que mes paroles de chanson, quoi qu’un peu moins en phase avec l’actualité, restaient diffusables. Sarah, la rédactrice-en-chef de Tribune Juive me convainquit qu’on pouvait en effet la diffuser dans ces colonnes. J’acceptais.
Voici donc « Miklatim » :
« J’ai le souffle court
Ça fait déjà trois minutes
Qu’elle a retenti
Cette putain de sirène
J’ai le souffle court
Ma peur n’est pas sur « mute »
Pas de répit
Je cours à perdre haleine
Nous voici arrivés
Dans cet endroit sans air
Avalant la poussière
Tenant la main de ma fille… apeurée
Paraît qu’on a d’la chance
D’avoir ce cagibi
Qui nous protège du pire
Quand les missiles s’enchaînent
Comment font-ils pour rire
Autour de moi ?
Pas un à se plaindre,
Pas un à pleurer
Le bruit des explosions
Au-dessus de nos têtes
Pour les haineux c’est la fête
Pour nous, le temps de la déraison
Dehors il y a le dôme
Qui s’active, mais à prix d’or
Pour nous éviter le sort
Qu’on nous destine en somme
Mais parfois un missile
Perce les bras de notre protecteur
Des blessés et des gens qui meurent
Des douleurs indicibles…
On attend dans la touffeur
Qu’on veuille bien nous faire signe
Pour sortir de ce lieu indigne
Car si on sort, on meurt…
On attend dans la chaleur
Qu’on nous donne le feu vert
A nous, nos sœurs et nos frères
Pour sortir, retrouver des couleurs
Voilà c’est fini…
Enfin pour cette fois
Paraît qu’on a eu de la chance
On a juste éprouvé quelques heures
Ce que nos frères vivent à Gaza…
Dans des tunnels où, peu à peu, ils meurent
Sans l’abri et le dôme
Imparfaits boucliers
Je ne serais peut-être plus là
Pour vous chanter
Cette vie de fantôme «
© Gérard KLECZEWSKI