Tribune Juive

Trump capitule devant l’Iran, le Qatar et la plèbe MAGA : un jour amer pour Israël. Par Frédéric Sroussi

Il n’aura fallu que 14 missiles lancés par l’Iran contre la base militaire américaine d’al-Udeid située au Qatar pour que le Président américain se couche tout en « remerciant » le régime des ayatollahs. 

Je rappelle pourtant que le vice-Président J.D Vance avait déclaré après les menaces de représailles iraniennes faisant suite aux frappes américaines contre les installations nucléaires du régime de Téhéran que « ce serait une erreur catastrophique (pour l’Iran) d’attaquer les troupes américaines ». 

Une fois de plus, les avertissements des USA sont restés lettre morte comme sous Biden lorsque que ce dernier avait dit aux Iraniens, alors prêts à frapper Israël : « Don’t ! » (Ne le faites pas !). Ils le firent quand même sans en payer les conséquences. 

L’idée du régime des ayatollahs de frapper son allié qatari était malheureusement géniale : Trump et les États-Unis ont de gros intérêts financiers au Qatar, tout comme son conseiller et ami Steve Witkoff, l’homme que Trump a nommé comme négociateur avec l’Iran et le Hamas. En effet, comme l’a révélé Michael Pregent, ancien officier du renseignement américain pour l’US Central Command (CENTCOM), Witkoff a été renfloué par Doha à hauteur de 623 millions de dollars après le fiasco d’une transaction immobilière concernant un complexe hôtelier. Ça crée des liens… et des servitudes. Rappelons aussi que Donald Trump s’est vu offrir un Boeing de 200 millions de dollars par l’émir du Qatar… 

En s’attaquant au « coffre-fort » et au « distributeur de billets » qatari, en montrant qu’ils pouvaient déstabiliser le richissime pays du Golfe, les Iraniens ont fait plier Trump plus vite qu’une brindille frappée par l’Ouragan Katrina.

Il existe un autre facteur à cette capitulation trumpienne : c’est son électorat MAGA (Make America Great Again) mais, pas pour la raison la plus souvent invoquée, c’est-à-dire le refus réel de ses membres de tout interventionnisme américain. En effet, Trump aurait pu laisser Israël continuer le combat sans y participer. Non ! La motivation de Trump repose sur le fait que le mouvement MAGA qu’il a créé appartient à l’extrême droite de l’échiquier politique américain et qu’il comprend donc souvent des antisémites (avec des exceptions notables). Leurs porte-parole que sont les très écoutés Tucker Carlson et l’afro-américaine Candace Owens sont obsédés par leur haine des Juifs et d’Israël. Nous savons que Tucker Carlson est un agent officiel du Qatar puisqu’il a dû s’enregistrer – en conformité avec la loi de 1938 intitulée Foreign Agents Registration Act –comme « agent représentant des intérêts d’une puissance étrangère », après avoir été payé des centaines de milliers de dollars pour une interview avec le Premier ministre qatari, entretien qui portait sur « la guerre avec l’Iran ». 

Le 24 juin, jour du cessez-le-feu inique imposé brutalement à Israël par Trump, ce dernier s’est même permis d’humilier et d’insulter Israël tout en mentant quant au fait que l’État hébreu aurait violé le cessez-le-feu. Tout le monde sait – Trump y compris – que c’est bien la République islamique d’Iran qui est la seule coupable de cette violation. Ajoutons que le Président américain n’a pas eu un mot pour les quatre civils israéliens tués à Beer-Sheva par les bombardements du régime iranien le matin même du 24 juin. 

Depuis le mois de janvier 2025, je prétends que Trump est devenu une grave menace pour Israël. Je veux insister ici sur le fait qu’à la différence de ce que nombre d’observateurs disent, Israël n’avait pas besoin de l’armée américaine pour détruire les sites nucléaires iraniens, y compris celui de Fordo. Israël avait été très clair dès le début de l’extraordinaire opération « Rising Lion » en précisant que Tsahal avait tout prévu pour atteindre les buts de guerre sans avoir besoin des Américains (excepté évidemment pour la livraison d’armes et une aide partielle de protection du ciel israélien). Trump, voyant la réussite éclatante d’Israël et l’admiration qu’elle suscitait, s’est décidé de voler au secours de la victoire en bombardant, sans aucun risque, Israël ayant « déblayé le terrain », les sites nucléaires déjà frappés par l’État juif.

Israël doit maintenant, plus que jamais, se méfier du locataire de la Maison Blanche et diversifier ses achats d’armes pour cesser d’être trop tributaire des États-Unis tout en en mettant encore plus l’accent sur ses productions locales. 

En tout cas, une fois de plus, l’Amérique aura volé à Israël sa victoire définitive.

© Frédéric Sroussi 

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