Tribune Juive

Macron, Clouzot de la diplomatie européenne. Par Paul Germon

Emmanuel Macron voulait incarner Jupiter, souverain des cieux. Il aura finalement évoqué l’inspecteur Clouzot : gesticulations théâtrales, assurance maladroite, envolées grandiloquentes suivies de glissades diplomatiques. Le monde observe – entre gêne et amusement – ce chef d’État qui, sûr de son verbe, s’égare dans le verbiage.

À l’international, Macron parle haut, souvent seul. Il téléphone à Poutine comme s’il allait stopper les chars russes à coups d’alexandrins. Il sermonne Israël tout en feignant de le soutenir, accuse sans preuves mais prône la nuance. Il joue au médiateur universel dans un monde où personne ne l’attend plus. Washington le contourne, Berlin le tolère, Jérusalem s’en méfie, et Moscou le méprise.

Son style ? Un théâtre sans tragédie, un costume slim pour incarner Icare, qui monte trop haut dans la lumière des projecteurs avant de fondre dans le ridicule.

Il y a, dans ses postures, quelque chose de l’acteur en quête de scène. Chaque déclaration est chorégraphiée : sourcils froncés, mâchoire contractée, regard en coin. On pense à un général en campagne, mais c’est souvent Clouzot sous pression, perdu dans les codes qu’il ne maîtrise plus.

Mais surtout, il lui manque l’essentiel : l’imagination du réel.

Pas le réel diplomatique, feutré, ritualisé. Le réel des armes, des cris, du sang, de la peur brutale de mourir. Le fracas des obus, les immeubles qui s’effondrent, les blessés qui hurlent, les survivants qui gémissent sous les gravats. Il est vrai que ce monde-là reste invisible derrière les dorures de l’Élysée, entre un déjeuner républicain et un sommet européen.

Et derrière les mots : le vide. La France, affaiblie en Afrique, marginalisée en Europe, inaudible au Moyen-Orient, n’inspire plus ni respect ni crainte. Ce n’est pas Jupiter qu’on a, c’est un illusionniste diplomatique, en surjeu permanent.

Macron voulait écrire l’Histoire. Il en est devenu une note de bas de page, celle d’un président qui crut parler au nom du monde, et qui ne parla qu’à lui-même.

© Paul Germon

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