Tribune Juive

L’Edito de Vincent Hervouët

« Iran Le pire a de l’imagination »

Trump temporise ces dernières heures. Il alterne le chaud et le froid, il prend son temps, c’est ça façon de gesticuler. Au 5ème jour, le monde attend, sans impatience. 

Les guerres au Moyen Orient commencent toujours comme ça ; le monde est au bord du ring et il observe. Les pays du Golfe réagissent comme les Occidentaux : ils font des phrases, un peu, ils s’inquiètent hyprocritement mais comme l’a dit le chancellier Merz, ils laissent Israël faire le sale boulot en espérant qu’il le fasse vite. Le « sale boulot », c’est renvoyer le programme nucléaire iranien 20 ans en arrière et rabattre le caquet des mollahs qui ont usé la patience de leurs voisins, qui règnent avec des méthodes de voyous ; les étrangers pris en otage, les terroristes subventionnés, corruption et répression. 

Aujourd’hui, c’est à la mollarchie qu’il faut casser les dents et le Hamas qu’il faut extirper de Gaza. Hier c’était au Hezbollah, avant hier l’OLP chassé de Beyrouth ou enfermé à la Mouqatah et à chaque fois le monde laisse Israël agir mais très vite s’impatiente.

Depuis 5 jours donc, Tel Aviv a carte blanche et la solitude iranienne est frappante. Si l’armée israélienne mettait le coup au but, le monde applaudirait et il se sentirait mieux, sauf qu’imaginer ce scénario, c’est penser comme on rêve. 

Parce qu’une illusion vieille comme la guerre, c’est de croire qu’on peut maintenir l’ennemi la tête sous l’eau jusqu’à ce qu’il renonce à se battre. Les médias va-t-en guerre sont là pour faire croire aux Américains que tout ira bien quand ils auront liquidé Saddam Hussein, et pareil aux Français avec Kadhafi. Sauf que ce n’est pas la guerre qu’ont engagé les Israéliens la semaine dernière. 

Eux veulent stopper le programme nucléaire de l’Iran comme ils l’ont fait en rasant le réacteur nucléaire qu’avait construit Assad ou la centrale Osirak de S. Hussein. En Iran, c’est beaucoup plus compliqué car les Iraniens ont tiré les leçons de ce qui est arrivé à leurs voisins, qui ont fini déchus. Il leur faut à tout prix le nucléaire pour garder le pouvoir et il faut des installations à l’abri des bombardiers israéliens pour garder leur arsenal. 

Alors on nous dit que l’Amérique a des moyens qui font défaut à Israël. Mais il y a les mirobolantes bombes GBU-57 et les ailes volantes sur la piste de Diego Garcia que les médias nous présentent, totalement épatés ; toutes ces armes ne vont pas araser les montagnes de granit sous lesquelles sont construites les installations secrètes. 

La réalité est dure. En Iran, comme ailleurs, On ne gagne pas la guerre à 10 000 pieds; on gagne juste du temps, ensuite, place aux diplomates pour négocier la reddition : ou l’arrêt du programme nucléaire, ou place aux fantassins… et ça, c’est le cauchemar de Donald Trump. 

Le président Français lui, fait du Chirac : il faut éviter la contagion du chaos et retenir l’Amérique prête à jouer les apprentis sorciers. 

Ca oblige à se demander à quoi ressemblerait le chaos et on ne voit pas très bien. On sait que le pire a de l’imagination bien sûr, mais la capacité de nuisance iranienne, c’est quoi finalement : le pétrole en bloquant le détroit d’Ormuz et en bombardant les puits de ses voisins : crise énergétique mondiale, c’est la véritable menace. 

En interne, en Iran, l’élimination du guide et du clergé chiite profiterait au corps des gardiens de la révolution. Aucun doute là-dessus. C’est la faction la plus dure, la plus puissante, la plus organisée et on voit très mal, malheureusement, une révolution portant un démocrate au pouvoir, et prêt à renoncer à toute ambition nucléaire.

© Vincent Hervouët

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