L’enquête Ifop montre des craintes sur les conséquences sécuritaires et l’impact sur l’antisémitisme

Thomas SAMSON / AFP
Un sondage Ifop pour le Crif, dévoilé par Le Point, révèle l’ampleur des réticences françaises concernant la reconnaissance d’un État palestinien. Seuls 22 % des sondés se déclarent favorables à une reconnaissance « immédiate et sans condition », tandis que 31 % s’y opposent catégoriquement à court terme. La majorité relative (47 %) adopte une position nuancée, estimant que cette reconnaissance ne devrait intervenir qu’à la condition de la libération de tous les otages détenus par le Hamas et de la reddition de ce dernier. Un scénario jugé peu réaliste dans la situation actuelle.
Le clivage politique est net. Si 58 % des sympathisants de La France insoumise soutiennent une reconnaissance immédiate, ce taux chute nettement dans les autres camps : 28 % chez les proches du Parti socialiste, 24 % au sein de la majorité présidentielle, 17 % chez Les Républicains, et seulement 6 % du côté du Rassemblement national. “La position officielle de la France est largement minoritaire dans l’opinion, elle ne concerne qu’un Français sur cinq”, souligne Frédéric Dabi, directeur général de l’Ifop.
Les inquiétudes sur les conséquences dominent. 58 % des personnes interrogées craignent qu’une reconnaissance précipitée n’entraîne une escalade des tensions entre Israël et l’Iran. Par ailleurs, 51 % redoutent une hausse des actes antisémites en France, et 50 % estiment qu’une telle décision renforcerait le Hamas. Seuls 42 % y voient un pas vers la paix.
Le soutien reste plus marqué chez les jeunes (36 % des 18-24 ans), les diplômés et les habitants de l’agglomération parisienne (35 %), mais cette France urbaine et cosmopolite reste minoritaire face à la prudence exprimée dans les zones rurales et au sein des catégories populaires.