
« Il sabato del villagio », c’est une poésie de Giacomo Leopardi: L’attente du dimanche à venir est du « benessere », la perspective du bonheur à venir est le bonheur vrai.
A Tel Aviv c’est également vrai sauf que le vendredi remplace le samedi qui est jour de shabbat. Et il convient de l’accueillir avec impatience « comme on attend sa jeune épouse », est-il écrit.
UNE VILLE INVENTÉE
Je connais bien Tel Aviv, cette ville « inventée » par des familles de juifs de Jaffa il y a plus de cent ans. Elle s’étale le long des plages en avenues parallèles et en rues perpendiculaires pour laisser pénétrer les brises marines.
Meir Dizengoff en fut le premier maire et son nom est celui de la principale avenue, la Broadway de la ville.
C’est donc une ville nouvelle, une ville jeune : 120 ans quand Jérusalem en a plus de trois mille !
Que vous alliez du vieux port vers l’entrée de l’autoroute qui mène au « tsafon », au nord, la ville que vous traverserez ou que vous visiterez est hétéroclite : de vieilles maisons au crépi jauni, avec des façades défigurées par les compresseurs de l’air conditionné, des balcons fermés par des claustras d’un autre âge et dans la même rue un super building de plusieurs dizaines d’étages, entouré d’espaces verts. Un peu plus loin des immeubles neufs, façades immaculées, balcons fleuris, parkings souterrains et jeunes arbustes. Dans la rue voisine des immeubles des années 30 sauvegardés par l’Unesco et construits par des architectes juifs qui avaient étudié en Allemagne le style Bauhaus international aux formes arrondies .
Mais Tel Aviv ce n’est pas seulement une ville balnéaire avec des kilomètres de sable fin et brûlant en été, avec des vagues qui déferlent et se fracassent sur les digues de pierre, ce n’est pas seulement le chapelet d’établissements balnéaires ( La la land, La mer, Gazoz…)accueillant baigneurs, bandes de copains et familles au grand complet. Un peu partout des matches de volley -ball de haut niveau et à midi tous les samedi les écoles de danse de la ville proposent leurs ballets devant les hôtels majestueux.
C’est aussi Gordon pool, piscine d’eau de mer puisée à 140 mètres de profondeur dans la nappe phréatique, vidée, nettoyée et remplie tous les soirs et qui est pour moi la plus belle piscine des pays que j’ai visités !
GIOVINEZZA
Quand on marche dans les rues de la ville, on remarque tout de suite l’essentiel de son caractère : c’est une ville jeune habitée par des jeunes.
Il y a évidemment des vieux et des personnes d’âge mûr mais ils sont noyés dans la foule des jeunes gens.
Les garçons, shorts, T shirts et baskets ou tongs, les filles en shorts, T Shirts et baskets ou tongs.
Les garçons ont oublié de se raser et les filles, chevelure et maquillage savamment mis au point, sont au top de leur bel âge !
« Giovinezza , giovinezza », le chant des fascistes italiens célébrait la jeunesse !
A tous les coins de rues et même en leur milieu, des cafés et des restaurants. C’est ouvert très tôt le matin et ça ferme à pas d’heure. Ce n’est pas fréquenté, c’est plutôt envahi, chaises et tables ne ménageant qu’un étroit espace aux aux passants. La bière en pintes et les frites en pleins plateaux, les grands rires, les saluts et les embrassades, c’est la jeunesse de Tel Aviv, ici un groupe de filles qui rient très fort, là un couple de garçons amoureux, des bandes de copains, souvent des beaux gosses et parfois des filles trop belles pour qu’on regarde ailleurs.
Sur la margelle de la fontaine du kikar ( Place) les photos jaunies des otages, les lettres qu’ils ne liront jamais, des bougies et des quantités d’ours en peluche ( la tendresse de leur enfance ?)
La guerre finira, otages et cercueils, Gaza indépendant depuis 20 ans, terre dédaignée par les voisins égyptiens et réduit en champs de ruines par la haine et la cupidité, et à son chevet des menteurs ou des nuls cherchant des avantages électoraux ou du prestige que l’ Histoire leur refusera…
Tel Aviv, Tel à vivre continuera de prospérer avec les inventions de la modernité que les jeunes perfectionneront et imposeront partout.
Venez à Tel Aviv, c’est un mix de Miami, Barcelone et de tous les Agadir, Paros, Ibiza et de tous les lieux où il faut que jeunesse se passe.
Tel Aviv c’est une ville de joie de vivre, c’est une ville de l’art de vivre.
© André Simon Mamou