« Soutenir Israël: le regard d’un Syrien ». Par Faraj Alexandre Rifai
Tribune Juive
Soutenir Israël, c’est combattre la haine : le regard d’un Syrien
Il m’est arrivé de me taire volontairement.
C’était en Israël, quelques mois avant le pogrom du 7 octobre.
J’y étais alors que les rues de Tel-Aviv grondaient contre la réforme judiciaire de Netanyahou.
J’ai vu des manifestants de la gauche israélienne brandir le drapeau palestinien au cœur de Tel-Aviv, au nom de la solidarité avec les Palestiniens.
À certains amis présents, j’ai dit :
« C’est bien de soutenir les Palestiniens, c’est tout à votre honneur, mais ne soyez pas naïfs. Vos ennemis veulent votre mort. »
On m’a ri au nez. On m’a dit que j’exagérais, que le Hamas ne représentait pas tous les Palestiniens, que la paix était possible. On m’a même accusé d’être pro-Netanyahou.
En réalité, j’avais refusé de participer à cette manifestation, et d’y prendre la parole. Non par peur, mais par loyauté.
Je m’étais fait une promesse : en tant que Syrien élevé dans la haine d’Israël, parti à sa rencontre après un long cheminement, devenu ami, et je le dis, même si cela est à contresens aujourd’hui, un fervent soutien, je refusais de contribuer aux attaques injustes contre Israël.
À ce moment-là, ma voix, étrangère, risquait d’être une arme offerte à ses ennemis.
Car qui mieux que moi le sait ? Depuis sa création, tout a été tenté pour isoler Israël.
Dès l’enfance, on nous enseignait que sa destruction était un objectif légitime. Dans les écoles, les mosquées, les discours des dictateurs, la Palestine était une religion, un prétexte pour nourrir la haine et justifier la violence.
La cause palestinienne n’a jamais été, pour ces régimes, qu’un levier de pouvoir, un outil de chantage. Jamais un projet de paix.
S’ils avaient vraiment voulu la paix, Israël la leur a tendue à maintes reprises.
Ils ont refusé, choisi la guerre, nourri la haine dans leurs rues, et rejoint le camp des plus obscurantistes.
Depuis des décennies, chaque main tendue a été rejetée. Ils ont même assassiné Sadate, le seul dirigeant arabe ayant eu le courage de signer une paix.
Aujourd’hui, la situation à Gaza est le résultat logique de ce refus obstiné.
Israël s’est retiré en 2005. Gaza aurait pu prospérer. Avec les milliards affluant, ce territoire pouvait devenir un exemple.
Israël ne demandait qu’une chose : vivre en paix, aux côtés d’un voisin pacifique, sans être menacé.
Mais au lieu de bâtir et de développer Gaza, le Hamas, soutenu par l’Iran et le Qatar, a creusé des tunnels, amassé des armes, et conduit son peuple dans une guerre meurtrière.
Bien sûr, les morts s’accumulent à Gaza. Trop nombreux. Trop d’enfants. Trop de sang.
Même si l’on ne doit pas se fier aux chiffres et à la propagande du Hamas, chaque perte civile est une tragédie. Mais il faut être clair : le seul responsable, c’est le Hamas.
Et le drame ne s’arrête pas là.
Au lieu d’assumer les responsabilités réelles et de bâtir une coalition contre le Hamas, le monde regarde ailleurs.
Le Hamas et l’Iran ont réussi à retourner l’opinion mondiale contre Israël, à le présenter comme l’unique responsable de la situation à Gaza.
Comment ?
En transformant Gaza en piège à ciel ouvert.
En utilisant chaque civil comme un bouclier, chaque mort comme une arme de communication.
En saturant les écrans d’images de ruines et d’enfants, tout en effaçant les causes réelles : un Hamas qui tire depuis des écoles, des hôpitaux, des maisons, et qui sacrifie chaque Gazaoui pour sa propagande.
Ils ont même contaminé le langage des chancelleries européennes : « cessez-le-feu », « désescalade », « proportionnalité » – des mots creux qui désarment moralement Israël et masquent le projet islamiste derrière ce conflit.
Il faut briser ce mensonge qui empoisonne le débat : Israël ne veut pas exterminer les Palestiniens.
C’est une calomnie, répétée par le Hamas et ses relais pour justifier leur haine.
Israël ne veut pas détruire un peuple, mais protéger le sien, défendre ses citoyens face à ceux qui veulent l’anéantir.
Ceux qui accusent Israël de génocide ferment les yeux sur la réalité : ce sont les islamistes qui veulent effacer Israël de la carte, pas l’inverse.
Chaque opération militaire israélienne est une réponse à des attaques, un acte de légitime défense, jamais un projet d’extermination.
Mais ce renversement des rôles – où le terroriste devient victime et la victime, bourreau – est devenu le pilier de la propagande anti-israélienne.
C’est l’éternelle rhétorique des ennemis d’Israël : répéter qu’Israël a « provoqué » le 7 octobre pour s’emparer de Gaza, tuer des Palestiniens, les chasser. Une vieille rengaine, utilisée depuis des décennies par les marchands de la cause palestinienne et les antisémites.
Que des responsables européens reprennent ces mensonges est une faute grave.
En les relayant, ils alimentent la haine, attisent la violence et détruisent la perspective d’une paix réelle – celle qu’ils prétendent pourtant incarner.
C’est là le paradoxe insupportable : au lieu de désigner les coupables, l’Europe détourne le regard.
Par naïveté, calcul ou lâcheté, elle se tait.
Elle commet une faute morale et stratégique.
Au lieu de soutenir Israël, elle préfère le sermonner, exiger de lui ce qu’elle n’exigerait jamais d’elle-même.
Et reste passive face au vrai danger pour le Moyen-Orient : les islamistes.
Elle parle de « paix », mais envisage des sanctions contre Israël, tout en déroulant le tapis rouge à un régime syrien islamiste, ex-Al-Qaïda, qui a massacré les Alaouites.
Elle brandit des principes universels, mais les applique à géométrie variable.
L’Europe devrait, pour le bien des Palestiniens eux-mêmes, soutenir Israël à se débarrasser des islamistes qui ne veulent qu’une chose : sa destruction et celle du monde libre.
L’idée, vite écartée, de Macron d’une coalition internationale contre le Hamas aurait pu être une opportunité historique, comme contre Daech.
Au lieu de cela, l’Europe relaie la propagande du Hamas.
Pire : au nom de la « solution politique », elle appelle à la reconnaissance d’un État palestinien qui, dans le contexte actuel, serait une récompense des actes de terreur.
Autrement dit, le Hamas aurait doublement gagné : en tuant des Israéliens, et en détruisant Gaza.
Cette hypocrisie n’est pas seulement une faute morale.
C’est une complicité tacite qui fragilise Israël, encourage le Hamas et alimente la propagande islamiste.
Soutenir Israël n’est pas un choix sentimental : c’est un impératif stratégique.
C’est comprendre qu’Israël est en première ligne d’un combat qui nous concerne tous.
C’est exiger l’arrêt immédiat des financements et des complicités qui nourrissent la guerre.
C’est refuser d’exiger d’Israël ce que nous n’exigerions jamais de nous-mêmes.
C’est défendre, sans ambiguïté, le droit d’un État à se protéger, et, avec lui, l’idée d’un monde fondé sur des principes – pas sur la peur.
Faraj Alexandre Rifai est un auteur franco-syrien, diplômé de l’ESSEC. Né en Syrie de parents communistes, il a grandi dans une culture et dans un pays écartelés entre une dictature « socialiste et nationaliste arabe » et un islamisme obscurantiste grandissant, deux visions antagonistes en apparence, mais unies dans leur haine d’Israël et des Juifs. C’est en France qu’il a initié à 22 ans, un cheminement personnel, s’interrogeant sur l’antisémitisme et la haine viscérale d’Israël dans lesquels il avait baigné. Ce cheminement l’a conduit à écrire son premier roman, « Grandir ailleurs », l’histoire d’une amitié gâchée avec un camarade juif à Damas, puis son nouvel ouvrage « Un syrien en Israël : à la rencontre de l’ennemi désigné » le 14 mai aux Editions Caradine. Il a fondé « Ashteret, Forum pour le renouveau du savoir et de la coexistence ».