
Les retournements d’opinion prolifèrent. Je suis d’autant plus consterné qu’ils atteignent des esprits bel et bien cortiqués.
C’est bien plus préoccupant que s’il s’agissait d’imbéciles incapables d’aligner deux mots. Leur tort est moins dans un déficit d’intelligence que dans le fait qu’ils ne saisissent pas, confortablement installées dans leur salon, la nature de l’ennemi qu’il faut combattre.
Ce dernier est sans pitié et sait parfaitement utiliser leur sensibilité judéo-chrétienne – davantage chrétienne sûrement – qui n’a probablement connu que la démocratie et la paix. Si ces esprits si prompts à s’émouvoir étaient boxeurs, ils auraient pitié de leur adversaire qui les terrasserait en profitant de leur effroi à la vue de son sang qui coule.
À les lire, je comprends pourquoi l’occident est en péril. Leur faiblesse est celle des démocraties chrétiennes qui les conduit inexorablement vers l’effacement. C’est la même faiblesse qui nous conduit à nous émouvoir légitimement d’un enfant migrant retrouvé mort sur une plage, mais qui oublie que c’est aussi cette immigration qui nous tue, nous ruine, nous vole et viole nos filles.
Quelle que soit la problématique, il y a toujours deux prismes pour l’observer : soit avec une lucidité froide et cynique qui ne cherche pas à transposer ses propres valeurs chez l’ennemi, soit avec son cœur qui ne peut imaginer que l’ennemi soit à ce point mauvais.
À ses esprits sensibles, on aura beau raconter les atrocités commises le 7 octobre, les démembrements, les viols de femmes enceintes devant leur conjoint, les enfants égorgés devant leurs parents, ils retourneront tôt ou tard à leur nature généreuse, sans comprendre qu’elle les mènera à leur perte.
Il faut espérer qu’ils ne dirigeront jamais un État, car leurs ennemis n’en feraient qu’une bouchée.
Pour sûr, ils garderaient leurs mains propres, même si leur tête devait être coupée et leur corps souillé par une horde de barbares. C’est peut-être l’essentiel pour eux. Pas pour moi. Ma priorité est la protection de mes enfants, quelles que soient les souffrances que je devrais infliger à un ennemi qui veut les tuer.
Le principal tort d’Israël dans cette guerre est d’avoir établi une distinction entre les Arabes de Gaza et le Hamas. L’intention qui consistait à espérer une fracturation de l’unité arabe était louable, mais reposait sur une illusion naïve. Le discours a consisté depuis le début de cette guerre à répéter en boucle que Tsahal était en conflit avec le Hamas et non avec les Gazaouis. Tout le monde en Israël sait que c’est faux. Les sondages et les images de joie du 7 octobre nous le confirment. Les 500 km de tunnels construits, sous les bâtiments civils, les hôpitaux, les mosquées et les écoles, au vu et au su de toute la population et des agences de l’ONU qui savent parfaitement où ils se trouvent, l’attestent aussi. En cherchant bien, peut être trouverions-nous 10% de Gazaouis qui ne se sont pas réjouis le 7 octobre.
Ne perdons pas de vue que les membres du Hamas ne viennent pas d’une autre planète ou du fin fond d’un pays lointain avec l’idée de prendre une population de gentils civils innocents en otage afin de s’en servir comme de boucliers humains. Non, les civils de Gaza sont les cousins, les frères et sœurs, les parents, les amis d’enfance – et les électeurs ! – de ces barbares. Ils sont comme eux et pensent comme eux. La seule différence c’est qu’ils n’ont pas d’arme. Alors oui, des enfants sont tués. Par définition, il sont innocents. Mais c’est ne rien comprendre aux valeurs israéliennes que d’imaginer que les dirigeants israéliens se réjouissent de tuer des enfants. Ils l’ont sur la conscience et font tout ce qu’ils peuvent pour préserver la vie des enfants. Mais quel autre choix ont-ils ? Capituler ? Laisser le champ libre au terrorisme ? Se laisser détruire ?
Sans Churchill qui osa dire qu’il n’y avait pas d’Allemand innocent, et qui ordonna le bombardement de la ville de Dresde, l’Allemagne n’aurait jamais capitulé. Mais tout le monde n’est pas Churchill.
Ses esprits si généreux qui exhortent Israël à se montrer irréprochable, sont, souvent sans le savoir, ses pires ennemis, parce qu’ils voudraient préserver son image en mettant en péril son existence. Mieux vaut survivre en étant détesté, que mourir en étant aimé.
S’ils voulaient savoir ce qu’il conviendrait de faire pour lutter contre des populations arabes hostiles, il leur suffirait de regarder comment les Arabes se traitent entre eux. Qui est mieux placé qu’un Arabe pour comprendre comment il faut agir avec un autre Arabe ? Loin de moi l’idée d’affirmer que nous devrions nous transformer en barbares, mais au moins comprendre que nous ne vivons pas dans un monde de Bisounours.
Chaque Israélien a été touché par le 7 octobre. Tous connaissent une personne qui en a été victime. Ces barbares du Hamas payeront jusqu’au dernier les atrocités qu’ils ont commises. Il ne s’agit pas d’une vengeance, mais d’une leçon et d’une mesure de protection contre une récidive. Ils seront KO et vaccinés pour des décennies, peut-être pour toujours, contre l’envie de commettre un nouveau pogrom. Le seul langage qu’ils comprennent est celui de la détermination sans faille. Je veux croire que celle d’Israel ne sera entamée par aucun de ces retournements d’opinion.
Cela fait presque un siècle que les Arabes ne font que persister dans leur refus de voir un État juif ; presque un quart de siècle qu’Israël s’obstine à vouloir la paix avec ses voisins. Il est temps d’en prendre acte et de refuser qu’il y ait un État arabe de plus au Moyen-Orient. La patience a des limites.
© Elie Sasson