
Comment fonctionne l’antisémitisme dans la secte ? Comment s’exprime-t-il ? Par la reprise des tropes les plus classiques de la haine des juifs, mais immunisés grâce au remplacement de « juifs » par « israéliens » (ou « sionistes »). Ainsi, dans son post à la fois stupide et dégueulasse, CaronAymericoff fait-il implicitement référence au mythe du « juif accapareur » qui remonte au Moyen-Âge (à l’adoption des métiers d’usure, faute de choix) et qui est réactivé, à toute époque et en tout endroit, chaque fois qu’une crise économique et sociale désoriente la population et qu’on lui donne un bouc-émissaire pour distraction. Il réactive et popularise le mythe du juif qui vole les terres d’autrui et s’approprie ses biens, tout en l’indexant sur la politique du seul Etat… juif. C’est commode. Comme il ne parle que d’Israël, sa Majesté des moustiques vous jurera, la main sur le cœur, qu’il n’a rien contre les Juifs. C’est vrai. Aucun rapport.
Quant à l’inénarrable RimaHas qui écrit « money, money, money » au-dessus d’une vidéo s’indignant de la participation israélienne à l’Eurovision, il n’est pas nécessaire de vous faire un dessin. Depuis des siècles, l’argent et l’avarice sont associés aux juifs, comme d’indécollables sparadraps. La Niortaise sait parfaitement ce qu’elle fait. Elle ne dit pas « juif », elle associe, comme une évidence maintes fois rappelée (d’où la répétition du mot « money »), la corruption et l’avarice à l’Etat… juif. Elle prend un lieu commun de la haine des Juifs, et le présente comme déterminant naturellement la politique israélienne. Aux yeux de la loi, ça passe.
Aux yeux des Juifs ou de toute personne sensible à la haine qu’ils inspirent, c’est stupéfiant de haine recuite. On n’a pas fait pire depuis Drumont. Le nouvel antisémitisme n’est pas moins violent que l’ancien. Jamais les Juifs n’ont été si menacés depuis 80 ans. Son ambition est tout aussi destructrice et il applaudit des pogroms. Mais comme il vient de la gauche, le nouvel antisémitisme récuse absolument l’accusation d’antisémitisme.
C’est une haine des Juifs qui, se donnant l’alibi de l’antisionisme, prétend les aimer tout en les pourchassant. Les Nazis avaient au moins la franchise d’être ouvertement détestables.
Désormais, la bête infâme est une bête infime, bien planquée derrière un jeu de mots. L’antisémitisme est tellement habile qu’il peut être spectaculaire tout en passant à travers les mailles de la loi. C’est la raison pour laquelle il faut le débusquer et en documenter inlassablement les manifestations.