
Lettre ouverte à Emmanuel Macron, après son allocution du 13 mai 2025
Ou comment Michel Houellebecq avait vu juste, et pourquoi je n’ai plus honte d’avoir honte pour la France
Monsieur le Président,
Ou devrais-je dire : « Monsieur le Porte-Parole des renoncements »,
Je vous ai écouté, ce 13 mai 2025, dans ce grand barnum oratoire que vous avez offert à la nation. Et deux phrases, deux seulement, ont suffi à rallumer en moi une douleur que je croyais enfouie sous les pierres du deuil. Vous avez dit, ou plus « subtilement » vous avez laissé penser que vous pensiez, parlant de la guerre à Gaza : « Je penche pour le terme de génocide, mais ce n’est pas à moi de le dire, ce sera aux historiens de trancher ». Et dans la même respiration, vous avez qualifié le gouvernement israélien de « honteux ».
Ce n’est pas un lapsus. C’est une soumission. Une soumission d’esprit. Une soumission de cœur. Une soumission de mémoire.
Je suis juif. Je vis en Israël. Mon fils est tombé en uniforme en décembre 2023, face au Hamas, une entité barbare, nazifiée, dont chaque action est un crachat jeté à la face de l’humanité. Il s’appelait Joseph-Avner. Il croyait en la justice. Il croyait en la France aussi.
Et moi, je vous le dis, monsieur Macron : ce que vous avez dit n’est pas une maladresse, c’est une reddition. Une abdication en rase conférence de presse.
Car comment nommer autrement cette manière de déléguer votre conscience aux « historiens » – ces commodes fossoyeurs à retardement – alors que des enfants ont été décapités, des femmes violées et brûlées vives, des vieillards traînés dans les tunnels comme du bétail ? Et vous osez parler de génocide à propos de la riposte, de l’armée la plus morale de toutes les armées du monde, riposte d’un État véritablement démocratique à cette abjection ?
Vous êtes resté bien silencieux sur l’antisémitisme qui ronge vos universités. À Lyon 2, à Lyon 3, à Sciences Po Paris, à Nantes, à Rennes… Le poison s’est diffusé. Non plus au nom d’une révolte sociale, mais sous le vernis d’un antisionisme militant qui camoufle mal sa haine crue des juifs prétendument sionistes.
Des professeurs se taisent. Des doyens pactisent. Des syndicats valident. Et vous ? Vous regardez ailleurs, ou pire, vous justifiez, par lâcheté stratégique.
Pendant ce temps, vous recevez en grande pompe un ancien bourreau de Daesh recyclé en président syrien. Vous vous couchez devant l’Algérie qui enferme Boualem Sansal, un esprit libre, pour avoir osé penser hors de la doxa arabo-islamique. Vous ne dites rien pour Kamel Daoud, vous raclez les fonds de légitimité, pour rendre encore possible une alliance avec le parti de Rima Hassan, pour draguer un électorat qui vous méprise autant qu’il vous manipule.
J’ai aimé la France. Je l’aime encore, malgré vous.
Mon père fut grand blessé de guerre en 1940. Mon grand-père, devenu français par décret en 1870, fut conscrit dans l’armée française, en pleine affaire Dreyfus. Cela ne l’a pas empêché d’y croire. Ses fils se sont battus pour la France.
Mon oncle, pilote de chasse, entra en Résistance à Lyon – Lyon, aujourd’hui gangrénée par des cohortes de collabos universitaires, islamo-fascistes, qui cachent leur haine de la République sous le masque du progressisme.
Moi-même, j’ai été officier dans l’armée française. J’ai salué chaque lever du drapeau tricolore avec fierté.
Et aujourd’hui, j’ai mal à expliquer à mes enfants que la France que nous avons aimée n’est plus. Qu’elle a perdu sa voix, sa force, sa dignité.
Houellebecq l’avait vu venir. Dans « Soumission », roman mal compris, publié en 2015 – comme un avertissement que personne n’a voulu lire – il imaginait une France vidée d’elle-même, où une coalition d’intérêts politiciens cédait le pouvoir à un parti islamiste modéré. L’université s’y adaptait, les femmes s’y voyaient rendues à l’invisibilité, et les juifs comprenaient, dans un glissement froid, qu’il était temps de partir. Ce n’était pas une révolution. C’était une résignation. Une acceptation molle, flattée d’être moderne.
Aujourd’hui, ce n’est plus une fiction. Vous avez usurpé le pouvoir en 2017, puis en 2022, en écartant la droite par la duplicité, la gauche par la morale et le peuple par la peur du Front National. Mais pour faire quoi ? Pour avaliser les cris de « génocide » brandis par Mélenchon depuis octobre 2023 ? Pour acclimater les idées de ceux qui, dans vos cortèges, font du keffieh un talisman et de la haine du juif un programme ?
Vous êtes l’homme de la barrière républicaine devenue passerelle islamiste. Le président de la pensée complexe devenue confusion morale. Le chef d’un État qui prétend encore incarner la lumière, alors qu’il tremble à l’ombre d’une fatwa sociale.
Et vous voudriez que nous nous taisions ? Que nous acceptions, une fois encore, de « comprendre » ?
Mais nous avons compris, Monsieur Macron.
Nous avons compris que votre République n’a plus rien de la République.
Nous avons compris que votre neutralité n’est qu’un autre nom pour l’abandon.
Nous avons compris que votre humanisme n’a de regard que pour les bourreaux.
Alors, non. Ce n’est pas à l’histoire de juger. C’est à nous, maintenant.
Charles Martel avait arrêté l’invasion arabe à Poitiers. Mais lui n’avait pas à lutter contre les juges, les médias, les recteurs d’académie, les plateformes de censure et les présidents qui trahissent leurs morts.
Lui n’était pas français au sens moderne. Il était franc. Il n’aurait pas baissé la tête. Il n’aurait pas tendu la joue. Il n’aurait pas dit : « Ce n’est pas à moi de trancher ». Il aurait combattu.
Et vous, monsieur Macron, vous n’êtes pas franc et c’est un euphémisme. Vous êtes français dans sa version la plus dénaturée, la plus collaborationniste. Celle qui préfère la honte au courage, le calcul à la fidélité, et l’aplatissement à la vérité.
Alors, que reste-t-il ? Une prière ? Une colère ? Une lettre ouverte.
La mienne.
© Elie Duran, Père endeuillé