Tribune Juive

La Chronique de Rachel Darmon. Laissez-moi voir MON père en plein écran. Ce n’est pas un saint, c’est un héros

En Israël, le 8 mai est un jour comme les autres. Pas férié. Un jeudi banal. Aux infos, la routine (scandales politiques, faits divers, réformes, grèves. La guerre). Mais en France… Le 8 mai, quelle date ! Quelles cérémonies. Quelle émotion.

Surtout lorsque je réalise que mon père passe en vedette à la télévision française ! Vous avez bien lu : mon cher Papa fait partie des invités du Président de la République. Il est sous l’arc de Triomphe, à la tribune d’honneur. Du côté des héros à qui la France rend hommage. Dans un groupe de personnes âgées qui seront, à jamais, des enfants cachés, des enfants survivants.

Une fois que je réalise cet évènement extraordinaire (je ne parle pas de la victoire des Alliés sur les nazis, je parle de mon père, en gros plan, à la télévision française) je me scotche devant mon écran. A l’affut, prête à immortaliser le moment. Je ne raffole pas des cérémonies, ni des drapeaux, ni des hymnes nationaux ou des uniformes, mais ce jour-là je regarde sans sourciller. Je suis fière et émue. Comme une maman.

Mais voilà qu’on sépare mon écran en deux ! D’un côté, la commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale, avec mon père dans le rôle principal, de l’autre, une foule, une fumée d’apparence polluante, des gens qui crient. Des hommes en robes de couleurs pourpre. Pas de femme. Puis un nom. Un élu. Le nouveau Pontife. Le nouveau chef qui va remplacer l’ancien chef, qui était contre l’avortement, qui pensait que l’homosexualité est une maladie, qui a justifié le massacre de « Charlie Hebdo ».

Le nouveau, Bob l’américain , devient le saint Père Léon (vous préférez quel prénom, vous ? Bob ou Léon ? ). Moi je m’en fiche ! Laissez-moi voir MON père en plein écran. Ce n’est pas un saint, c’est un héros. C’est Emmanuel et Brigitte Macron qui l’ont dit.

Le seul pape qui ait ma sympathie est Siméon Bar Yonah, un pêcheur du lac de Tibériade, nommé Pierre.

Revenons en Galilée, au soleil. Pour les fêtes de Lag Ba’omer, pas de feux de joie cette année, trop dangereux. Le ministère des transports a réquisitionné les trains pour les gens se rendant au pèlerinage sur le mont Méron. Vous êtes soldat, étudiant, voyageur ? Dommage. Démerdez-vous ou bien allez danser sur la tombe du rabbin Shimon Bar Yoh’aï (pas Simon Bar Yonah ! Je ne parle pas de Saint Pierre, je parle d’un autre saint, de la même région, fondateur de la kabbale).

Il y aura aussi de la fumée, des milliers d’hommes, des danses. Pas de femme.

Sans catastrophe civile meurtrière cette année.

Le 33 -ème jour du compte du Omer, jour banal en France.

Cérémonies ici.

Emotion :

Après 584 jours, Idan Alexander est à la maison.

© Rachel Darmon

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