Par le Rabbin Michaël Azoulay

Madame Delphine Horvilleur, en publiant son article « au nom de l’amour du prochain », a-t-elle eu conscience que, paradoxalement, elle ajouterait à la détestation du proche, en l’occurrence, d’Israël ? Et par Israël, j’entends à la fois l’État et les Juifs à travers le monde, amalgamés par les antisémites et les antisionistes de tous bords.
L’indignation de D. Horvilleur est sélective lorsqu’elle parle de « faillite morale » du pays d’Israël sans un mot sur la « faillite morale », réelle celle-ci, des Gazaouis, dont nombre d’entre eux ont participé activement (ou soutenu « moralement ») aux massacres du 7 octobre, et dont pas un seul n’a aidé à retrouver des otages, parfois cachés chez eux. Où est leur « sursaut de conscience » ? Où sont les « Justes de Gaza » ? Depuis 2015, date où Israël s’est retiré de Gaza, qu’est-ce que les palestiniens ont fait de l’aide internationale massive dont ils bénéficient, si ce n’est se fournir en armes et construire des centaines de tunnels destinés au seul Hamas ? C’est cette haine qui, bien plus que l’autocritique, constitue le « carburant pour un ennemi qui cherche à nous détruire ». Cette autocritique n’est-elle pas une blessure de plus, infligée à la fois à tous ces jeunes soldats qui sacrifient leur vie ou leur santé pour leurs frères et sœurs, mais aussi à leurs proches qui souffrent avec eux ?
L’autocritique n’est pas en soi condamnable, mais ce qui l’est c’est son caractère totalement inapproprié alors que le peuple juif, à travers le monde, fait face à une violence protéiforme inouïe. L’urgence est à l’unité et à la défense du seul État juif du monde, car c’est bien la survivance d’Israël qui se joue dans cette guerre existentielle. Un État qui a redonné sa fierté aux Juifs du monde entier : Avec le Juif israélien, le Juif n’est plus une victime. Avec le Juif israélien, le Juif est enfin l’acteur de son destin.
N’en déplaise à Madame Horvilleur, Il n’est pas question de vengeance mais de justice dans la guerre que mène Israël depuis cette date fatidique. Tsahal n’affronte pas une armée régulière mais une guérilla urbaine qui utilise cyniquement la population gazaouie à ses fins. Une bande d’assassins qui enterre vivants ses otages. La vraie « tarte à la crème » n’est pas l’usage que font les religions monothéistes du verset « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », mais le vœu pieux de « soutenir ceux qui savent que, sans avenir pour le peuple palestinien, il n’y en a aucun pour le peuple israélien. » S’il y a bien quelque chose que nous a démontré le 7 octobre, et dont les habitants suppliciés de ces villages, pour la plupart militants de la paix avec les palestiniens, ont pris conscience, c’est que le peuple palestinien pense son avenir, plus que jamais, dans l’absence d’avenir pour le peuple israélien.
Enfin, je trouve bien singulier qu’une personne qui excipe de son titre de rabbin se refuse à inscrire la création et le développement de l’État d’Israël dans une « promesse messianique ». Il faut être aveugle pour ne pas le voir ou confondre l’instrumentalisation de cette espérance avec l’espérance elle-même.
Je la rejoins toutefois sur un point, mais là encore, elle se contente d’un constat sans proposer la moindre solution, ou, tout au moins, quelques pistes de réflexion : Comment inculquer aux palestiniens autre chose que la haine du Juif ?
Certainement pas par l’auto-flagellation à laquelle se livre Madame Horvilleur, qui concourt à accentuer nos divisions, dont les ennemis d’Israël eux-mêmes se réjouissent. Notre unité constitue notre dernier rempart.
Rabbin Michaël Azoulay