
Dans l’esprit de Donald Trump , l’Amérique doit être « le plus froid des monstres froids » ; mais quand il s’agit des autres pays, le Président américain attend d’eux qu’ils lui soient fidèles et reconnaissants.
Nikki Haley, l’ancienne ambassadrice américaine à l’ONU (lors du premier mandat de Trump) s’est prononcée contre la politique étrangère actuelle des États-Unis en rappelant que même la première puissance mondiale avait besoin d’alliés.
Trump est impardonnable d’avoir déjà grippé la machine de guerre israélienne en imposant à Netanyahou (qui a cédé) un cessez-le-feu de 42 jours et la libération de près de 2000 terroristes avant même son arrivée à la Maison Blanche, et ce, afin de flatter son ego démesuré. Le Hamas en a évidemment profité pour se réorganiser et depuis, Israël qui était dans une phase de victoires exceptionnelles avec les éliminations de plusieurs chefs terroristes de haut rang n’a plus rien réussi de vraiment déterminant à Gaza malgré quelques succès réels mais limités sur le terrain.
L’affaire concernant la négociation entre les djihadistes Houthis du Yémen (agents de l’Iran) et les États-Unis de Donald Trump devrait rester gravée dans la mémoire des dirigeants israéliens comme un signal d’alerte qui démontre la turpitude de Donald Trump et le peu de cas qu’il fait de la sécurité d’Israël.
Rappelons que depuis des années les Houthis avaient l’habitude de s’attaquer aux navires de commerce occidentaux en mer rouge et dans le détroit de Bab al-Manded, mais c’est en octobre 2023, à la suite des massacres perpétrés par le Hamas contre Israël, que les Houthis, sur ordre de l’Iran, ouvrirent un nouveau front contre l’État hébreu en attaquant son territoire à l’aide de missiles et de drones.
En représailles des actions des Houthis contre les navires marchands (et non des attaques visant Israël), les États-Unis de Donald Trump lancèrent le 15 mars dernier une vaste opération militaire contre les djihadistes yéménites alliés de l’Iran. Le 6 mai, Trump annonçait avoir conclu un accord avec les djihadistes yéménites. Le Président américain promit qu’il ne frapperait plus les Houthis qui de leur côté acceptèrent de ne plus cibler les navires occidentaux, mais en excluant les navires israéliens de cet accord. Les chefs houthis insistèrent sur le fait que le territoire de l’État juif continuerait d’être la cible de leurs attaques car l’arrêt des frappes contre l’État hébreu n’était pas compris dans leurs négociations avec Washington, ce qui était vrai. Et, la semaine suivant cet accord, les Israéliens se retrouvèrent de nouveau dans les abris suite aux frappes des Houthis.
Fait gravissime, les abords de l’aéroport Ben Gourion furent frappés de plein fouet par un missile envoyé du Yémen sans que les États-Unis expriment la moindre condamnation. Pourquoi donc la si puissante Amérique ne tenta même pas d’inclure leur allié israélien dans cet accord ?
« Laissez-les saigner juste asse », avait dit Kissinger au sujet des Israéliens quand il décida, lors de la Guerre de Kippour, de retarder l’envoi d’armes à l’État hébreu… L’administration Trump suivrait-elle cette voie abjecte ?
Donald Trump n’a pas cessé de mettre Israël devant le fait accompli en négociant sans l’en avertir avec l’Iran, le Hamas et les Houthis. On se souvient de l’expression de surprise de Benyamin Netanyahou, début avril, dans le bureau ovale, en apprenant en même temps que les journalistes que des discussions directes entre les USA et l’Iran allaient avoir lieu (on a connu le Mossad mieux informé).
Après la forfaiture de Trump concernant son accord avec les terroristes yéménites, Mike Huckabee, le nouvel ambassadeur américain à Jérusalem, pourtant réputé extrêmement prosioniste, défendit les actions Trump en déclarant de façon particulièrement cynique et condescendante que « les États-Unis n’ont pas à demander la permission à Israël pour conclure un accord avec les Houthis », ajoutant : « Les États-Unis répondront à une attaque des Houthis contre Israël, seulement si des citoyens américains (étaient) blessés ».
Qu’on se le tienne pour dit ! L’Amérique de Donald Trump se fiche totalement des vies israéliennes, et son ambassadeur montre son vrai visage : celui du mépris et de la duplicité.
Trump démontre donc qu’il est capable de trahir Israël sans sourciller. Il faut donc se préparer à d’autres mauvaises surprises.
Pour l’État juif, Trump sera jugé comme étant fiable le jour où il décidera enfin de faire tomber le mal absolu que représente le régime terroriste iranien (et son allié qatari) ; mais il est clair que pour le moment le Président américain n’en prend vraiment pas le chemin car il préfère plutôt emprunter celui qui mène à Doha…
© Frédéric Sroussi