
Madame Horvilleur,
Vous venez de signer une tribune, soutenue par Joann Sfar et Anne Sinclair, où, depuis vos salons parisiens, vous vous permettez de faire la leçon à Israël.
L’État juif, assiégé, endeuillé, attaqué, devrait selon vous faire preuve de plus de mesure, de conscience morale, de hauteur.
Permettez-moi de vous dire, avec tout le respect que je n’ai plus pour vos postures : vous êtes devenus les notables de cour d’un judaïsme mondain, coupé du peuple juif réel.
Vous ne représentez qu’une infime minorité dans notre peuple et bien heureusement.
Vos soutiens sont indécents. Ils prétendent combattre l’antisémitisme sur les plateaux télé, mais dans les faits, ils l’alimentent en validant des discours qui affaiblissent Israël.
Votre tribune, intitulée « Aimer (vraiment) son prochain, ne plus se taire », est une honte absolue.
Quand vous citez la Torah pour invoquer « Tu aimeras ton prochain comme toi-même », vous en trahissez le sens véritable. Et vous le savez.
Ce commandement s’adresse à ton peuple, à ton frère dans l’alliance. Il n’a jamais été question d’aimer celui qui vient te détruire.
Votre ignorance n’est pas une simple erreur : c’est une faute morale. Vous instrumentalisez les textes pour servir une posture politique. Votre compassion mal orientée tombe toujours sur les bourreaux, jamais sur les victimes.
Ce que vous appelez « tendre la main » est en réalité un désarmement moral et intellectuel.
Vous renvoyez Israël et ses ennemis dos à dos, comme si le 7 octobre n’avait pas existé, comme si des enfants n’avaient pas été brûlés vifs, des femmes violées, des familles massacrées.
Vous voudriez qu’Israël tende l’autre joue ?
Soyons clairs : vous êtes aujourd’hui les idiots utiles d’une haine antijuive.
Elle avance masquée dans les cortèges d’extrême gauche, les universités, les rédactions.
Vos appels à la « raison » ne font que renforcer l’idée que le Juif « bon » est celui qui se tait, qui tend le cou, qui demande pardon d’exister.
Mais voici la vérité : le peuple juif n’a pas besoin de votre morale. Il a besoin de sécurité, de clarté, de fidélité. Et il a un État pour le défendre. Imparfait, comme tout État, mais un État qui protège, qui agit, qui ne mendie pas l’amour des médias ou des intellectuels fatigués.
Le peuple juif ne lit pas vos tribunes. Il vous regarde, au mieux, avec pitié et incompréhension.
Alors non, vous ne parlerez pas en mon nom.
Et non, vous ne parlerez pas au nom d’un peuple qui a payé le prix du sang pour survivre et exister.
Votre posture n’est pas courageuse : elle est confortable.
Elle ne provoque pas l’union, elle alimente la haine antijuive.
Et après, vous viendrez sur les plateaux télé, condamner les actes antijuifs que, inconsciemment je l’espère, vous aurez contribué à armer.
Soyons solidaires d’Israël, sans honte et sans condition.
Am Israël Hay
© Yoan Attali