Tribune Juive

À ceux qui parlent d’Israël comme d’une idée lointaine ou d’un projet dévoyé, depuis le confort moral des tribunes françaises. Par Paul Germon

Israël n’est pas un concept. C’est une réalité.

À ceux qui parlent d’Israël comme d’une idée lointaine ou d’un projet dévoyé, depuis le confort moral des tribunes françaises, une mise au point s’impose.

Je lis ici et là, sous couvert de tribunes émues ou de postures intellectuelles, des appels à la paix, à l’arrêt des combats, à la « raison ». Je lis, chez certaines figures de la vie médiatique, des mots comme « faillite morale », des larmes sur ce qu’Israël serait devenu.

On m’a transféré un texte percutant signé VG – dont je n’ai pas réussi à retrouver l’identité complète, mais dont les mots, eux, ne s’oublient pas. Cette personne écrivait, à juste titre, que parler de « faillite morale » d’un pays attaqué, assiégé, endeuillé, c’est une position confortable depuis la rive paisible d’une tribune parisienne.

VG écrit : « Israël n’est pas une idée qu’on s’approprie quand on veut, quand on peut, quand on n’assume pas ce qu’il fait. Israël n’est pas un concept. Un fantasme. C’est une réalité ».
Cette phrase devrait être affichée sur les murs de toutes les rédactions où certains, bien au chaud, s’autorisent à donner des leçons de morale à un pays qui lutte pour sa survie.

À ceux qui reprochent à Israël de ne pas correspondre à leur idéal humaniste de salon, je pose une question simple : Où étiez-vous le 7 octobre ? Où étiez-vous lorsque des femmes ont été violées, des enfants brûlés, des vieillards pris en otage ? Où êtes-vous maintenant que des familles entières vivent avec l’absence, le deuil ou l’angoisse du retour d’un proche ?

Critiquer Israël est une liberté. Nous l’exerçons parfois, souvent.
Mais nous le faisons avec bienveillance, en évitant les anathèmes, les exclusions, les rejets.
Nous critiquons aussi ceux – de droite comme de gauche – qui imposent des jugements définitifs à l’emporte-pièce, et qui considèrent qu’un gouvernement élu n’est pas légitime dès lors qu’il ne correspond pas à leurs attentes idéologiques.

Comme VG, je n’irai pas jusqu’à me cacher derrière Elie Wiesel : « Je ne critique pas Israël, c’est le prix à payer pour avoir choisi de ne pas y vivre ». 
Mais faire de la critique d’Israël un exercice récurrent d’autopromotion morale, voilà ce que VG appelle – et moi avec – un confort indécent.
Parce que ce pays, que vous aimez mieux en théorie qu’en pratique, vous le condamnez dès qu’il fait usage de sa force pour exister.

Alors oui, comme dit VG :
« This ain’t no picnic. It’s war ».
Et cette guerre, Israël ne l’a pas choisie. Il y a répondu.
Parce qu’il n’y a pas de paix sans sécurité,
pas de morale sans justice,
pas de futur sans mémoire.

© Paul Germon

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