Hier soir à l’hôtel de ville de Paris, Karen Taieb adjointe à la mairie de Paris en charge du patrimoine, de l’histoire de Paris et des relations avec les cultes, a eu l’honneur d’ouvrir avec sa collègue et amie Laurence Patrice, une magnifique soirée pour les 150 ans de la grande synagogue de la Victoire dédiée non sans émotion à son mari Gil Taieb.Discours de Karen Taieb, adjointe à la maire de Paris
à l’occasion des 150 ans de la grande synagogue de la victoire à l’hôtel de ville
Madame la ministre
Mesdames et messieurs les ambassadeurs
Mesdames et messieurs les députés
Mesdames et Messieurs les maires
Mesdames et messieurs les conseillères et conseillers de Paris
Monsieur le grand rabbin de Paris cher Michel Gugenheim
Mr le président du consistoire de Paris, cher Joël
Mesdames et messieurs les représentants des cultes
Chers amis vous êtes très nombreux dans cette salle
Mesdames et messieurs
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que la ville de Paris est la plus belle ville du monde.
Cette richesse exceptionnelle en matière de patrimoine nous éblouit à chaque coin de rue et je ne remercierai jamais assez la maire de Paris de m’avoir confié cette triple mission patrimoine – histoire de Paris et relations avec les cultes.
J’ai depuis plus de 6 ans chaque matin rendez-vous avec la beauté de Paris pour la préserver, la restaurer et surtout la transmettre aux générations futures.
Le nombre d’édifices cultuels qui appartiennent à la ville est énorme puisqu’il s’agit de 85 églises catholiques, 9 temples et 2 synagogues :
La grande synagogue de la rue de la victoire et la synagogue de la rue des Tournelles et de la place des Vosges, sont toutes deux classées monument historique.
Ces 95 édifices sont de véritables monuments qui culminent dans le ciel parisien.
Ils ont été construits par nos bâtisseurs dirigés par des architectes de renom qui ont imaginé non pas seulement des églises, non pas seulement des temples, non pas seulement des synagogues mais des œuvres d’art majeures et totales.
Depuis la loi de 1905, la ville en tant que propriétaire doit préserver, conserver ces édifices et je remercie les équipes de la direction des affaires culturelles qui sont en lien avec les affectataires pour suivre les problèmes qui surgissent dans ces bâtiments complexes, anciens, qui ont subi quelques restaurations non sans conséquences …. Des problèmes dus à l’âge mais d’autres dus aux imprévus comme cette violente pluie de grêle qui ce samedi a brisé de nombreux vitraux dans plusieurs édifices.
Il faudra donc réparer, préserver, restaurer à la manière de sisiphe qui n’a jamais fini de recommencer
Nous avons entre les mains ces bouts de siècles passés qui témoignent d’une histoire humaine, de ces écritures monumentales, de cette grammaire architecturale, de ce sens de l’œuvre dans la ville.
La grande Synagogue de la Victoire fait partie de ces joyaux architecturaux et patrimoniaux.
Nous avons déjà réparé le chauffage pour plus de 300K€ et nous allons restaurer la toiture (budget de 1 M€) car toute infiltration d’eau entraine la dégradation des murs et des décors intérieurs.
C’est à l’occasion d’une visite avec nos ingénieurs, que Jacques Canet, véritable encyclopédie de cette synagogue, Gilles Bategay et le grand rabbin Moshe Sebag ont évoqué cette date anniversaire des 150 ans.
La Grande Synagogue de la Victoire, fut en effet inaugurée en 1874, sous la Troisième République naissante et ouverte au public lors de la fête de Pessah de 1875.
J’ai alors immédiatement souhaité que l’on puisse célébrer cette date ici à l’hôtel de ville car c’est une date historique, une date fondamentale : celle de l’ancrage au cœur du 9e arrondissement, où le judaïsme français s’émancipait, fleurissait, s’enracinait non pas dans la peur, non pas en se cachant, mais au grand jour, par la volonté impériale. Au cœur de Paris.
Sous le Second Empire, la communauté juive parisienne passe de 12 000 à 25 000. Et l’on veut construire pour elle non pas une mais 2 synagogues majestueuses.
Pour la Victoire, le terrain sera offert par la ville de Paris et la construction se fera grâce à une souscription. Le principal souscripteur fut Gustave de Rothschild.
Cet édifice monumental est le reflet d’une époque. Il incarne avec magnificence l’élan de reconnaissance du judaïsme français dans la société républicaine du XIXe siècle.
Ses dimensions imposantes, avec ses voûtes élevées et ses larges vitraux témoignent d’une volonté d’honorer la foi juive à la fin du 19e siècle
Haut lieu du consistoire mon cher Joël Mergui, la grande synagogue de Paris a vu à la fois des heures de gloire et les tragédies. Comme la maire l’a rappelé dans son mot que je viens de lire, oui Alfred Dreyfus s’y est marié avant l’Affaire.
Je vois Paul SALMONA directeur du MAHJ où est accrochée une magnifique exposition sur cette sombre période qui hélas renaît de ses cendres.
Ma collègue et amie Laurence Patrice en charge de la mémoire introduira la période de l’Occupation durant laquelle comme Jacques Canet aime à le rappeler les juifs continuaient de se rendre à la synagogue l’étoile jaune cousue sur le manteau. Une véritable résistance.
Célébrer les 150 ans de la grande synagogue de Paris aujourd’hui ici à l’hôtel de ville dans la grande maison de toutes les parisiennes et de tous les parisiens, m’est plus que jamais apparue essentielle non seulement pour redire lien qui unit la République aux français juifs et réciproquement mais pour redonner de la force à cet ancrage que d’aucuns veulent déstabiliser à coups d’actes et de paroles antisémites qui hélas profanent la parole républicaine et ont conduit à la mort de Ilan Halimi, de Sarah Halimi, de Mireille Knoll, des victimes de l’hypercacher une liste qui s’est hélas allongée dans ce 21e siècle.
La Synagogue de la Victoire n’est pas seulement un lieu de culte monumental et rayonnant, ce n’est pas seulement la prouesse architecturale d’Aldrophe, c’est un morceau de Paris, de son patrimoine et de son histoire qui s’est écrite, s’écrit et s’écrira.
Je veux au nom de la maire de Paris, remercier le département des édifices cultuels et historiques et notamment Philippe Charvet la conservation des œuvres d’art religieuses et civiles et notamment Stephane Alavena qui comme de véritables fées du patrimoine surveillent, préservent, inventorient ce patrimoine exceptionnel.
Merci pour cette magnifique exposition réalisée par les services de la ville et notamment charlotte Lejop et Leif Peguillan qui vous est présentée en avant première sous les lumières de cette salle des fêtes et qui rejoindra la synagogue de la victoire à partir du 12 mai prochain.
Remercier l’équipe de la victoire
Le grand rabbin de Paris
Le grand rabbin de la victoire
Joël Mergui
Jacques Canet et Gilles B
Qui prenez soin de ce lieu de beauté.
Et vous remercier à vous d’être venus si nombreux écouter l’histoire de la grande synagogue de Paris qui vous sera racontée par Dominique Jarassé auquel j’ai immédiatement pensé.
Professeur d’histoire de l’art contemporain à l’université de Bordeaux et à l’École du Louvre.
Très grand expert de L’Architecture des synagogues en France au XIXe siècle.
Commissaire de plusieurs expositions dont Le Temps des Synagogues en France 1791-1914 au Musée d’Orsay et auteur d’ouvrages comme L’Age d’or des synagogues.
Merci cher Dominique Jarassé pour votre présence et cette conférence que vous allez nous offrir sur l’architecture monumentale de cette synagogue située dans cette étroite rue de la Victoire et l’histoire de ce judaïsme français qui s’est inscrite dans ses murs.
Avant de céder la parole à Laurence Patrice je voudrais dédier cette soirée à mon mari Gil Taieb à qui je racontais chaque jour mes aventures du patrimoine de Paris.
Je vous remercie.
Vidéo de la grande synagogue de la victoire
150 ans de la grande synagogue de la victoire à l’hôtel de ville de Paris
