
Le 3 avril dernier, sur l’excellente chaîne d’informations Cnews, l’académicien Jean-Michel Rouart était l’invité de la charismatique Christine Kelly afin de promouvoir son nouveau livre intitulé Drôle de justice. Dans cet ouvrage, Jean-Marie Rouart traite des graves défaillances de la justice en France, et nous ne pouvons qu’abonder dans son sens quant à son diagnostic. Mais, au lieu, par exemple, de dénoncer la décision absolument révoltante et inique qui vit le tortionnaire et assassin de Mme Sarah Halimi, l’Islamiste Kobili Traoré, éviter toute sanction pénale, c’est contre le Procès de Nuremberg que Jean-Marie Rouart préféra concentrer son ire lors de cette interview…
L’académicien dénonça alors le manque de « légitimité » qui selon lui aurait dû disqualifier les États-Unis de pouvoir juger les Nazis puisque selon ce confusionniste à l’esprit brouillon (pour paraphraser Jankélévitch), les Américains pratiquaient eux-aussi, au même moment, la ségrégation raciale contre les noirs de leur pays. Quant aux Soviétiques, ils n’auraient pas eu le droit de juger les chefs nazis car ils avaient eux aussi leurs propres camps de concentration (les goulags).
Cette tentative de délégitimation du plus important procès de tous les temps qui jugea les pires criminels de l’histoire est une insulte faite aux dizaines de millions de victimes de ce conflit, mais aussi une aberration historique et morale. Pour tenter de convaincre, Jean-Marie Rouart utilise des arguments totalement fallacieux et des comparaisons particulièrement hasardeuses.
Je ne crois pas l’académicien assez bête pour réellement penser ce qu’il dit, et c’est même pour cela que s’exhalent de ses propos des relents méphitiques. Il ne peut ignorer qu’en s’exprimant ainsi il remet aussi en cause la légitimité morale et pourtant irréfragable du combat des Alliés contre le nazisme, et que dans le même temps il galvaude l’horreur inégalée de la Shoah. En osant comparer les lois raciales de Nuremberg qui menèrent à la mort 6 millions de Juifs et les lois ségrégationnistes de quelques États américains – qui pour hautement scandaleuses qu’elles furent n’eurent jamais comme conséquence, bien heureusement, la mort de ceux qui en étaient les victimes – Jean-Marie Rouart n’agit pas autrement que les wokistes à tête plate qui prônent la « supériorité victimaire » des « racisés » en tentant d’invisibiliser la Shoah.
Quant aux goulags, ils étaient bien évidemment des organismes monstrueux dans lesquels d’ailleurs un nombre incalculable de Juifs furent incarcérés ; mais ils ne peuvent être comparés à des camps d’extermination nazis dans lesquels étaient même envoyés des bébés et des enfants afin d’y être gazés et brûlés (1,5 million d’enfants juifs périrent pendant la Shoah). La loi reconnait des gradations dans l’horreur, la morale historique aussi…
Alors, évidemment, Jean-Marie Rouart ne veut pas qu’on lui reproche de participer à une relecture nauséabonde de l’histoire, c’est donc certainement pour cela qu’ils se fendit, lors de sa prestation télévisée, d’un rappel concernant l’illégitimité des lois édictées par Pétain concernant le statut des Juifs.
Mais le mal est fait, le mal est dit : en renvoyant dos-à-dos les Alliés et les nazis, l’académicien galvaude le plus grand crime de l’histoire perpétré par le régime le plus ignoble de tous les temps.
Sur le bandeau de la couverture du livre de Jean-Marie Rouart, il est écrit le concernant : « Confession d’un anarchiste de droite . » Les plus célèbres d’entre eux s’appelaient Maurice Barrès et Louis-Ferdinand Céline…
© Frédéric Sroussi