Tribune Juive

« Aux Armes! » Par Eric Stern

En guise de préambule, je tiens à préciser que le texte suivant n’est en rien une admiration ou une quelconque soumission à Poutine, ou d’un esprit « munichois » qui m’habiterait.  Voir et entendre avec effarement la folle propagande qui se met en place dans notre pays et qui pourrait nous conduire à une guerre ne fait pas de moi un traitre ou un agent du FSB. Je déteste Poutine, c’est un autocrate, voire un tyran qui opprime son peuple et l’a entrainé dans une guerre inutile, terriblement meurtrière pour les deux parties, tout ça pour assouvir ses fantasmes d’Empire. Il est directement coupable de la mort de centaines de milliers de Russes et d’Ukrainiens et un jour, il en rendra des comptes et finira comme tous les dictateurs. Oui, il représente un danger pour l’Europe, il tente par tous les moyens de déstabiliser nos pays, via les réseaux sociaux, par des actions de cyber guerre, mais ce n’est pas nouveau. Le KGB de l’époque faisait exactement pareil, mais sans les mêmes moyens : mensonges, manipulation des opinions, menaces et intimidations, financement d’organisations « pour la paix », … On a tous connu ça, il y a eu assez de livres et de films sur le sujet. Donc, rien de nouveau venant de l’est.   

C’est la guerre ! Aux armes, les cosaques sont aux portes de Paris ! Sus à l’ennemi, tous unis derrière notre Cher Leader, si bon, si bienveillant et si préoccupé depuis huit ans par le bien-être de son Peuple. Vous l’entendez, le petit tartarin matamoresque de café du commerce, ce ton guerrier, ces mimiques ? Vous la voyez, cette démarche du loubard rouleur de mécanique de fête foraine ? Ne manque plus que de le voir en treillis, béret vissé sur le crâne, pour parachever son nouveau rôle. Car pour tous ceux qui ne l’ont pas encore compris, Macron est un acteur, qui joue un rôle, passant du soi-disant financier de génie, à plus jeune président, puis au gré des crises qui se succèdent, endosse le costume de « petit père des peuples » avec les gilets jaunes, de sauveur de la nation pendant le covid, maintenant, de celui de chef de guerre qui va nous conduire à la victoire contre Poutine et le propulser comme président (ou empereur ?) d’une Europe imaginaire dont les peuples ne veulent surtout pas. A chaque nouvelle crise un nouveau personnage, un nouveau Macron, comme chaque année le Beaujolais nouveau. On ne peut même pas dire qu’il est un mauvais acteur, il joue très bien son personnage, il arrive même à être convaincant, le seul hic, c’est que le public n’est pas enthousiasmé par le scénario du film. On peut être un très bon acteur dans un navet. Le dernier en date, bientôt dans vos salles, Macronman sauve l’Europe. Le bémol dans ce scénario est que personne n’a envie d’aller crever pour les beaux yeux de Van Der Layen et de sa nomenklatura, ou pour continuer à assurer les salaires mirobolants des dizaines de milliers de fonctionnaires, d’experts en tout, donc en rien, qui passent leur temps à pondre des normes et des règlements qui nous ruinent et nous tuent à petit feu. Alors comme tout ça n’est pas très sexy, il lui faut bien trouver une formule qui fasse prendre la mayonnaise. D’où le retour au bon vieux patriotisme. Oyez citoyens, la Nation est en danger ; tous unis derrière le chef, les autres sont des traitres ! 

Le plus cocasse, c’est que ça à l’air de marcher, du moins pour le moment. Agiter la peur et le drapeau produisent toujours leur petit effet. Pendant la deuxième guerre mondiale, les Russes qui montaient au front ne le faisaient pas pour le Parti mais pour la patrie, la « Rodina » comme ils disaient. On se bat pour sauver son pays, sa famille, et même Staline l’avait bien compris et usait d’un langage patriotique et non idéologique. 

Mais là où le bat commence à blesser, c’est que quand, enivré par son propre rôle, on se lance dans une surenchère rhétorique belliqueuse, on peut rapidement se retrouver dépassé par ses paroles et être entrainé dans une spirale qui devient rapidement incontrôlable. Et dans ce cas de figure, une seule question se pose : A-t-on les moyens de se lancer dans une guerre contre la Russie ? La réponse est bien évidemment non. Il faudrait moins de vingt-quatre heures à la Russie pour anéantir, sans même avoir à utiliser ses armes atomiques, toutes nos bases aériennes, nos ports, nos industries, nos centrales, et ce, sans que nous soyons en mesure de contrer un seul de leur missile et sans possibilité de riposte autre que nucléaire. Dans un tel cas de figure, je vous laisse imaginer la suite… Ils n’ont même pas besoin d’envoyer leurs chars ou leurs troupes. 

Quand on veut jouer les gros bras, il faut en avoir les moyens, à fortiori quand celui auquel on s’en prend joue dans une autre catégorie. On ne met pas sur un ring un freluquet de soixante kilos borgne et manchot en face d’un poids lourd de cent vingt kilos. C’est bien d’avoir lu et compris Machiavel mais lire et comprendre Sun Tzu serait préférable : Ne te lance jamais dans un combat que tu n’es pas sûr de gagner. 

Mais je pense aussi qu’un bon nombre de gens, pas si idiots ou vendus à l’ennemi, ont bien saisi à quel jeu joue notre « Conducatore » en culottes courtes. Dans deux ans, c’est le chomedu et il faut bien penser à se recycler. Cinquante ans, c’est jeune pour la retraite, aussi dorée que puisse l’être celle d’un ex-président. Du coup, il peaufine son prochain rôle, celui de Président d’une Europe sans âme, sans culture, sans passé, sans Histoire et surtout, sans peuples. Et quoi de mieux qu’une bonne petite peur de la guerre pour accélérer les choses ?      

© Eric Stern

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