Tribune Juive

La réforme des retraites: Il faut sortir les Pierre Moscovici et redonner la main à des experts impartiaux. Par Jean Mizrahi

Il est urgent d’interdire aux politiques de s’emparer des organes de contrôle de l’État. 

Ces postes devraient revenir à de véritables techniciens, c’est-à-dire à ces hauts fonctionnaires formés à la rigueur et à l’intérêt général, comme on en voyait dans les années 1960 et 1970, avant que la course aux postes et le copinage politisé ne dénaturent l’administration. Cette politisation rampante a ouvert la porte à des carrières construites sur l’influence et l’entre-soi, au détriment de la compétence et de la transparence.

Pierre Moscovici illustre parfaitement ce système de renvoi d’ascenseur politique. Au lieu de se cantonner à un rôle de contrôle strict, comme on l’attendrait d’un grand serviteur de l’État, il se retrouve à justifier des positions discutables, notamment sur la question des retraites des fonctionnaires. Il a ainsi le culot de prétendre que les retraites du secteur public ne seraient pas problématiques parce que « non comparables » à celles du privé. Ce genre de pirouette intellectuelle n’a qu’un objectif : dissimuler la réalité.

Les chiffres qui parlent d’eux-mêmes : Selon le Conseil d’orientation des retraites (COR), la charge des retraites de la fonction publique d’État représentait en 2022 près de 45 milliards d’euros. Une partie significative de cette somme provient du budget général de l’État : en clair, ce sont les impôts de tous les Français qui comblent le déficit d’un système où les fonctionnaires partent plus tôt et avec des avantages supérieurs à ceux du privé.

Dans la fonction publique d’État, il y a près de 1 cotisant pour 1 retraité, contre plus de 1,7 cotisant pour 1 retraité dans le privé (chiffres variables selon les années, mais l’écart reste notable). C’est intenable et cela ne respecte aucun des principe de la « répartition » si chère aux Français. Ce ratio rend le régime intrinsèquement fragile : moins de cotisants, plus de bénéficiaires, le dispositif ne peut tenir qu’avec un apport massif de fonds publics provenant des impôts, alors que ceux-ci devraient être affectés à d’autres missions : défense, instruction publique, justice, etc. Ne nous étonnons pas que les services publics s’effondrent.

Plusieurs catégories de fonctionnaires partent encore en retraite avant l’âge légal appliqué au privé. D’après des données du ministère de la Fonction publique, l’âge moyen de départ pour certaines fonctions (ex. catégories dites « actives ») se situe entre 44 (militaires) et 57 ans (policiers par exemple), alors que dans le privé, l’âge moyen effectif de départ est plus proche de 62 ans.

Tout est fait pour masquer l’ampleur du problème : tant que l’État renfloue les caisses, personne ne se pose de question. Cette « irresponsabilité organisée » profite d’abord à ceux qui, dans la fonction publique, ont la garantie de droits acquis et d’avantages que le privé ne peut plus se permettre. Les politiques qui en profitent ou qui craignent de froisser leur base électorale n’ont aucun intérêt à affronter la réalité. Alors on laisse la facture gonfler, tout en priant pour que ça tienne encore quelques années.

Pourquoi des techniciens plutôt que des politiques ?

• Compétence et neutralité : un Haut Fonctionnaire formé dans l’optique de servir l’État en toute indépendance et sans espoir de faire carrière en politique aura davantage tendance à faire primer la réalité des chiffres sur le clientélisme.

• Sens de l’intérêt général : L’époque où l’ENA (aujourd’hui l’INSP) formait des « grands commis de l’État » au service de la nation, plutôt que des carriéristes politiques, garantissait une meilleure intégrité des organes de contrôle.

• Responsabilité et transparence : Des procédures et des rapports sans complaisance seraient plus crédibles et plus acceptés par l’opinion, à condition qu’ils ne soient pas pilotés par des hommes ou des femmes politiques ayant un agenda partisan.

Si l’on veut éviter la « grande catastrophe » budgétaire qui se profile, il est impératif de sortir les politiques de ces postes-clés et de redonner la main à des experts impartiaux. Les grands corps techniques et administratifs, lorsqu’ils sont indépendants, devraient avoir les compétences et l’autorité morale pour poser un diagnostic lucide et imposer des réformes. Laisser des politiciens comme Moscovici, capables de mettre la poussière sous le tapis, aux commandes de la surveillance de l’État, c’est tout simplement condamner la France à la fuite en avant et au déni permanent.

© Jean Mizrahi

Jean Mizrahi est Chef d’entreprises


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