
Le pire a été confirmé.
Sur la famille Bibas, tout a été dit et tout a été non-dit.
Plus personnellement, je me permets de rajouter quelques mots.
Je ne suis pas croyant. Je n’ai jamais prié, ou plutôt, à l’époque où je pensais l’être, je ne faisais que les prières automatiques, celles dont les textes étaient déjà tout prêts, dans les livres. Mais une prière vraiment de moi, avec mes mots, mes sentiments, non, jamais.
Ça ne me serait jamais venu à l’idée. Pas que je ne veuille pas, mais ce n’est pas moi.
Lorsqu’il y a eu le 11 septembre et que j’étais USA, non, pas eu l’envie de prier.
Lorsque je me suis retrouvé dans un avion charter turc qui a fait une chute qui a semblé une éternité, non plus.
Lorsque mes proches se sont retrouvés hospitalisés, pas plus. J’avais plus confiance dans la médecine que dans ma prière.
Lorsque j’ai fait un AVC, prier ne faisait pas partie des options.
Le 7 octobre. Pas plus.
Il existe deux lignes parallèles qui ne se croisent jamais. Celle de la justice, impartiale, se basant sur les faits, le doute, équilibré, tranchant, sans se soucier de satisfaire l’une ou l’autre partie. Et il y a celle de la vengeance, nourrie par la colère, allant au bout de sa logique, celle qui ne peut pas se soucier de ceux qui se mettent entre elle et son objectif de détruire et annihiler ce qu’elle vise.
Ces deux lignes parallèles ne peuvent pas, par définition, se rencontrer, et s’unir.
Cependant, il y a des circonstances où l’univers se tord tellement de douleur, et pris de telles convulsions, qu’elles finissent par se joindre, pour faire cause commune où justice et vengeance deviennent des alliés objectifs, un instant rare durant lequel la seule possibilité que les choses trouvent un équilibre et celui durant lequel la colère l’emporte.
Je n’ai jamais prié et voilà qu’aujourd’hui l’athée que je suis a ces mots qui sortent spontanément de ma bouche.
השם יקום דמם
“Que Dieu venge leurs sangs”
Leurs sangs en pluriel, car comme me le disait mon ami Nissim Sellam “au pluriel car tu demandes vengeance et justice aussi de tout le potentiel qui aurait du sortir d’ eux. Et c’est pour ça que la vie est inestimable, car elle contient beaucoup plus qu’elle-même.”
Cette phrase parle de vengeance, mais pas de celles des Hommes. Cette phrase parle aussi de justice, car Dieu ne peut pas être injuste.
Dieu, ça peut être bien des choses. Chacun y met le sens qu’il souhaite.
Si l’intervention d’une vengeance justicière d’un Dieu, auquel je ne crois toujours pas, se fait par la main de l’armée… ainsi soit-il.
© Israel Tavor
Israel Tavor est Chef de projet éditorial à Tel Aviv
