Tribune Juive

Un mot à Daniel Barenboïm. Par Daniel Sarfati

Richard Wagner, c’est un peu le LF Céline de la musique. 

Il disait : 

« Je tiens la race juive pour l’ennemie née de l’humanité et de tout ce qui est noble.

Le Juif, qui a un Dieu bien à lui, nous frappe à première vue par son aspect extérieur, et cela à quelque nationalité qu’il appartienne, et nous nous sentons, de ce fait, devant un étranger. Involontairement, nous désirons n’avoir rien de commun avec un pareil homme ».

Pour le pianiste et chef d’orchestre israélien Daniel Barenboïm :

« Richard Wagner était un antisémite de la pire espèce, dont les propos sont impardonnables. Le succès de ses contemporains juifs Felix Mendelssohn et Giacomo Meyerbeer explique en partie sa haine. 

Mais sans Hermann Levi, Wagner n’aurait pas trouvé un chef d’orchestre aussi brillant pour diriger ‘Parsifal’. Sans Joseph Rubinstein, la partition pour piano de ‘Lohengrin’ n’aurait sans doute pas vu le jour de son vivant ».

Jouer des œuvres de Wagner est tabou en Israël, c’est pourtant ce que va faire Daniel Barenboïm. 

« J’ai provoqué un scandale en donnant en 2001 avec la Staatskapelle de Berlin le Prélude et le Liebestod de Tristan et Isolde.

Ces deux morceaux ont été joués après quarante minutes d’échanges avec le public. 

J’ai invité les spectateurs qui voulaient partir à le faire. Seules vingt ou trente personnes qui ne souhaitaient pas écouter du Wagner ont quitté la salle. Le reste du public a applaudi l’orchestre avec un tel enthousiasme que j’ai eu le sentiment d’avoir fait quelque chose de bien ».

Daniel Barenboïm vient d’annoncer qu’il souffrait d’une maladie de Parkinson depuis plusieurs années, et que la progression de cette maladie allait l’empêcher de continuer de jouer et de diriger. 

Il souhaite continuer d’animer le West-Eastern Divan qui réunit musiciens juifs et arabes et qui promeut le dialogue entre israéliens et palestiniens. 

Ainsi que l’Académie Barenboïm-Saïd, créée en 2016 à Berlin, où des jeunes virtuoses israéliens et arabes reçoivent une formation de haut niveau, mêlant musique, philosophie, histoire et littérature. 

Je n’aime pas la musique de Wagner, je ne me fais plus beaucoup d’illusions sur le dialogue entre israéliens et palestiniens. 

Mais ce matin, j’avais envie quand même, de parler de musique et d’espoir. 

Et je voulais souhaiter רפואה שלמה, bonne santé à Daniel Barenboïm.‌‌

© Daniel Sarfati

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