Tribune Juive

« Madame Soudais, si on soupire quand vous parlez, ce n’est pas parce que vous êtes une femme. C’est parce que vous êtes une antisémite notoire »: Ambiance à l’Assemblée

« Vous êtes une antisémite notoire »… Comment la niche parlementaire LR s’est achevée dans le chaos

Ersilia Soudais

Après des heures à examiner la proposition de loi sur la restriction du droit du sol, les députés ont repris jeudi soir l’examen de la niche parlementaire par un texte sur le logement social. L’atmosphère électrique a viré aux insultes.

Les Insoumis ont tout fait pour ralentir les débats ce jeudi pour l’examen de la niche LR. La journée s’est achevée dans une atmosphère électrique. Quentin de Groeve / Hans Lucas via Reuters

Le scénario de cette soirée était presque écrit. Tant, depuis le début de l’examen de la niche parlementaire des troupes de Laurent Wauquiez, le climat devenait de plus en plus houleux au sein du Palais-Bourbon. L’atmosphère a fini par virer à l’intenable, mettant fin précipitamment à l’examen des textes soumis aux parlementaires.

Cette journée, marquée du sceau de l’obstruction parlementaire des Insoumis, a offert un spectacle rarement vu à l’Assemblée nationale. Désolant pour de nombreux députés. Au lendemain de l’examen de la motion de censure, et alors que Laurent Wauquiez et son groupe avaient choisi de présenter des textes clivants, politiquement identitaires, les débats avaient tout de la foire d’empoigne.

Après des heures et des heures passées à examiner la proposition visant à restreindre le droit du sol à Mayotte, parasitée par de multiples interruptions de séances, rappels au règlement, et autres artifices pour retarder les débats, les députés ont repris ce jeudi soir à 21h30 l’examen de la niche LR par un texte sur l’instauration d’un droit de priorité aux logements sociaux pour les travailleurs.

« Madame Soudais, vous êtes une antisémite notoire »

Après une discussion générale relativement calme, le ton est très rapidement monté entre les élus RN, très mobilisés tout au long de la journée, et leurs homologues insoumis. Puis est venu le dérapage. Alors que plusieurs élus de gauche ont accusé toute la journée les députés de droite de s’en prendre principalement aux députées femmes dans un réflexe misogyne (le LR Philippe Gosselin a été rappelé à l’ordre pour avoir invité la présidente du groupe LFI Mathilde Panot à « rester dans sa niche »), le député RN Frédéric Falcon a riposté par l’invective : « Madame Soudais, si on soupire quand vous parlez, ce n’est pas parce que vous êtes une femme. C’est parce que vous êtes une antisémite notoire ».

Il ne fallait qu’une petite braise pour enflammer l’hémicycle. La saillie de l’élu RN a littéralement enflammé l’Assemblée nationale. Danièle Obono, prenant la parole pour les insoumis au titre d’un rappel au règlement, dénonce « des propos intolérables », une « injure » proférée par un « député d’extrême droite » du groupe Rassemblement national, « parti fondé par des Waffen-SS ». Frédéric Falcon n’en démord pas, assumant chacun de ses mots et les sanctions encourues. « Prenez tout ce que j’ai. Prenez toutes mes indemnités, ça n’a aucune importance. (…) Vous êtes une insulte à notre pays ! », lâche-t-il, indiquant ne rien retirer de ses propos.

Échange tendu entre députés LFI et Estelle Youssouffa sur la reconstruction de Mayotte

Tentant de ramener le calme, le président de la séance Roland Lescure prononce une suspension de séance. « C’est inacceptable, c’est une insulte personnelle », dénonce-t-il avant de prononcer un rappel à l’ordre, qui pourrait donner lieu à de futures sanctions après réunion du bureau de l’Assemblée nationale. À la fin de cette séquence qui risque une fois de plus de dégrader l’image de l’Assemblée nationale, Laurent Wauquiez, très discret tout au long de la journée, a décidé de mettre un terme à ces débats stériles et insultants, s’en prenant à son tour aux Insoumis. « Tout au long de cette journée, La France insoumise n’a eu de cesse que de faire des invectives, de jouer sur l’obstruction, de faire un cinéma lamentable », dit-il, avant d’annoncer le retrait de tous les textes. Fin de la niche.

Par Ludwig Gallet

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