
Trump, Musk, le chapeau de Madame Trump, etc. – La vérité, c’est que nous sommes mortifiés, France et Allemagne en déclin, par l’exubérance, l’optimisme, la vie et la force qui se dégagent des nouveaux dirigeants américains.
Et c’est très bien : notre fierté mise à mal en sera excitée, elle va trouver dans cette mortification le fond où poser le pied et d’un bond salvateur remonter enfin à la surface. – Car nous aussi quand même, nous pouvons, comme les USA, trouver en nous une force salvatrice !
Puis il ne s’agit pas d’accorder foi à la gesticulation de Trump, cela est secondaire, mais de considérer qu’il est d’abord un commerçant. Les commerçants ne sont pas des va-t-en-guerre : ils ont besoin de paix pour leurs affaires, la guerre les dessert leurs intérêts. (Même si les marchands d’armes ont, eux, besoin de la guerre ; Kennedy en a fait les frais.) Les commerçants connaissent l’art de passer des deals avec les adversaires avec lesquels ils se sont querellés la veille.
En France et en Europe, nous devons plaider pour un sursaut du vieux continent qui s’écroule pour avoir gaspillé négligemment son immense héritage et saccagé sa civilisation. (Comme s’il avait fait un AVC.)
Ce sursaut ne se fera pas en s’amusant à proférer, par dépit, de vaines et dérisoires injures dans les médias et sur les réseaux sociaux à l’égard de la puissance montante. Ni par les décisions erratiques de nos stratèges européens de brasserie, de notre président-tacticien de bac à sable disposé à envoyer, tels des soldats de plomb, des hommes à la boucherie en Ukraine, cela après avoir trinqué avec Von der Leyen dans la Galerie des Glaces de Versailles, c’était en 2022, à la défaite de la Russie qui allait survenir dans les 15 jours, grâce aux sanctions. Oh ! Ce dîner fastueux, mémorable de l’Europe des 27 et les verres levés, pleins de vins fins ! Oh ! Les commentaires détaillés, mémorables (qui semblaient presque donner des orgasmes à la reporter d’Antenne 2 sur les canons César qui allaient mettre en déroute l’armée russe en deux temps trois mouvements !…
– Les peuples, eux, n’ont pas levé leur verre à Versailles ou devant la télé, mais pris le boomerang en pleine gueule.
Se rappeler encore et encore De Gaulle : « De l’Atlantique à l’Oural ».
Avoir le respect de notre vieux continent et de sa civilisation acquise « à la longue ».
Relire aussi « L’été 14 » de Martin du Gard. On a oublié les grandes œuvres éclairantes.
© Claire Fourier
Révélée avec « Métro Ciel », récit lumineux d’une rencontre souterraine, Claire Fourier a publié des récits, historiques tels « Les Silences de la guerre », un écho au livre de Vercors, et « L’amour aussi s’arme d’acier », « RC4 en Indochine », des récits intimes comme « C’est de fatigue que se ferment les yeux des femmes », à propos du deuil de la mère, et « Dieu m’étonnera toujours », relation d’un séjour à la Chartreuse, des haïkus, romans et des recueils de pensées.