Tribune Juive

Ivanka et le lachon hara. Par Antoine Desjardins

J’avoue que cette photo n’est pas un argument.

Sauf peut-être contre ceux qui diraient que tout est vulgaire, laid, et de mauvais goût dans la famille.

Cette dame s’est convertie au judaïsme. Pour son mari mais aussi par conviction personnelle, après avoir étudié. Sans doute aussi pour éduquer ses enfants dans une culture qui lui sied.

C’est une femme instruite, qui ma foi, parle fort bien par exemple du « lachon hara ». Cette plaie de la médisance, celle de tous les jours, que la Torah présente ( dans un midrah connu notamment) comme un mal absolu.

L’interdit de médisance, paraît-il, est au cœur du Projet divin de création du monde. La parole est un acte.

La médisance dans la tradition rabbinique est un péché honni et chacun pollue l’univers respirable par ce poison distillé au quotidien avouons-le. Les petites calomnies pullulent, souvent gratuites. La méchanceté ordinaire, chez les médiocres, de dire du mal, y compris de ses amis

Or donc, Ivanka, dans un entretien je ne sais plus lequel , m’a rappelé ce mot « lachon hara » ( לשון הרע ) qui est la transcription askénaze.

Son père apprenant sa volonté de conversion ( un sacré parcours, soit dit en passant : il faut être motivé, y compris intellectuellement) a d’abord regimbé un peu, comme on pouvait s’y attendre : pourquoi, après tout, le mari ne se ferait-il pas chrétien ? Ou bien pourquoi chacun ne conserverait-il pas sa religion ?

Eh bien Donald a fini par ne rien trouver à redire à sa fille, ce qui est plutôt une preuve d’intelligence et d’ouverture.

Le voir avec la kippa calée sur son placard de cheveux blond-roux, faire excellente figure lors d’une cérémonie, m’a plutôt bien disposé à son égard.

Ce geste n’est pas si anodin qu’il y paraît pour un milliardaire yankee qu’on dit borné et inculte.

Je regarde ma photo et si je devais médire, je crois que je parlerais de Soudais ou Panot! Yahvé m’en préserve !

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« Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,

Et mon sein, où chacun s’est meurtri tour à tour,

Est fait pour inspirer au poète un amour

Éternel et muet ainsi que la matière.

Je trône dans l’azur comme un sphinx incompris ;

J’unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes ;

Je hais le mouvement qui déplace les lignes,

Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris ».

© Antoine Desjardins

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