
27 juillet 2024
À 4 ans, automne 1943, au-dessus d’un pont près de Nancy, un train d’où parviennent des chants, mon père prononce le mot Simra Torah, sans que nous sachions alors que les voix de ces enfants, femmes et hommes, allaient à Auschwitz…
Par Jean-Jacques Moscovitz, Psychanalyste, Paris, membre de Psychanalyse Actuelle (créée en 1987)
Dans le contexte national et international, l’usage, à des fins de pouvoir politique, de la haine des juifs, l’antisémitisme, par des groupements partisans de l’extrême-gauche et de l’extrême-droite en France, notre pays, devient un fléau qu’il faut combattre en tant que praticien de la Psychanalyse, de l’Art, de la Parole libérées, de Citoyen. De tels groupements vont contre l’héritage des Lumières et nous mènent tous à l’enténèbrement de nos liens sociaux. En effet, la loi symbolique existe, c’est elle qui inscrit un lien de paix entre l’intime de chacun et le collectif. Cette loi symbolique est issue des grands textes de notre civilisation et des enjeux laïques réussis de la Révolution française. Cette loi doit être protégée par un authentique maintien de la démocratie républicaine en France. L’acte, l’engagement, du Psychanalyste comme de l’Artiste et comme de tout être parlant révèlent que chacune, chacun, en tant qu’humain se sait, en son intime, conscient de son manque, de ses limites de ne pouvoir exercer ses pulsions sans se soumettre aux forces et au progrès de l’esprit. C’est ce qui permet un pacte collectif contre la haine publique quelle qu’elle soit. L’antisémitisme règne aussi bien à droite qu’à gauche, dans certains partis de la géographie politique française, jusqu’à effacer les enjeux premiers de toute gouvernance : européens, sociaux, économiques, éducatifs, migratoires…
La dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin 2024, de par la fonction de la présidence de la République, a été « un coup de pied dans la fourmilière », après le résultat des élections européennes, qui a révélé que la politique était faite actuellement de ces deux nids de haine antisémite, à droite et à gauche. Est apparu aussi, entre ces extrémismes, une voie républicaine et démocratique acceptable, malgré des erreurs, des fautes et des manquements graves de parcours et à énoncer publiquement. Notamment, il serait souhaitable que Monsieur Macron reprenne son propos concernant les victimes des bombardements israéliens, au lieu de dire qu’il ne s’agirait uniquement que de bébés et de femmes, de bien souligner qu’il s’agit de victimes involontairement tuées par l’armée israélienne. Et il serait souhaitable en effet pour le respect de notre loi symbolique propre à la singularité de chacune, de chacun, que les partis politiques aujourd’hui fassent un bilan public certes de leurs projets, mais aussi de leur passé et de leurs erreurs graves liées à leurs intérêts atteignant la loi symbolique. En particulier, il convient que le RN, plein d’une judéophilie pour le moins complexe, signe d’un opportunisme politique extrêmement dangereux, face à son passé originaire pronazi, exfiltre officiellement ses membres adeptes de la pensée hitlérienne, et du racisme le plus évident. De même il convient que les différentes gauches montrent officiellement au public français démocratique comment elles peuvent sortir de l’embrouillamini de haine dans lequel elles sont. Et qui prive la gauche de tout avenir constructif. Notamment concernant la LFI, qui semble bien s’allier à l’Islam Radical et à Poutine. Elle va jusqu’à soutenir que le Hamas n’est qu’une révolte palestinienne réussie, sans mentionner explicitement son lien aux Frères Musulmans et à l’Islam Radical, laissant d’autant plus peser la menace islamiste de guerre mondiale. Les propos de son meneur semblent souvent faire usage de la haine des juifs d’Israël et de France. LFI fait sienne la cause palestinienne sans jamais évoquer la paix. Ni le statut des otages à Gaza. Et cela fait courir le risque évident d’une imitation des actes criminels du Hamas par des jeunes adolescents aujourd’hui.
Le PCF [2], 1er allié de la LFI, quant à lui dès juillet 2022 dans le cadre de La NUPES devenue le Nouveau Front populaire aujourd’hui, a proposé que soit votée à l’Assemblée nationale, avant même la guerre du 7 octobre 2023, une résolution condamnant Israël pour crime contre l’humanité, soit d’apartheid, en vue du « démantèlement de l’État d’Israël ». Ce qui est une dé-légitimation destructrice et anti-juive.
Avec la dissolution de l’Assemblée nationale ce 9 juin 2024, se dessine, dans l’actuel de la politique, une scène originaire, faite de la haine des juifs : ceci est injuste, cruel et nuisible à nos liens sociaux. Comment ne pas rester impuissant devant cette haine publique ? Haine qu’ici nous dénonçons, au nom de l’éthique de la psychanalyste, afin de combattre cette haine publique-là celle de la différence, car c’est une attaque contre la Loi symbolique, qui garantit les interdits fondamentaux et du meurtre et de l’inceste et qui fondent la civilisation. Lever nos interdits, voilà, tels le nazisme et le Hamas, l’enlaidissement inhumain et de la vie et de la mort des gens.
Dans notre État de Droit, cette loi symbolique est garantie par la fonction présidentielle. Elle est nécessaire pour la mise en œuvre d’une gouvernance de la France digne de sa République.
[1] Annie STARICKY Psychanalyste a soutenu ce texte en particulier pour l’établissement de son titre. Qu’elle en soit ici chaleureusement remerciée.
[2] https://www.revuedesdeuxmondes.fr/auteur/jjmoscovitz/