Tribune Juive

Daniel Sarfati. Et il est là, le lourdingue qui s’impose. Le jour de l’enterrement, près du corbillard, comme un oiseau de malheur

Nous avons tous connu un ami comme ça.

Plutôt intelligent, plutôt cultivé, avec qui les échanges étaient vifs mais interessants.

Pas d’accord sur tout, hormis sur quelques valeurs essentielles.

Un peu lourdingue aussi, du genre qui s’impose alors qu’il n’est pas invité.

Et puis, il s’est passé quelque chose.

On ne sait pas quoi.

Une déconvenue amoureuse, une promotion professionnelle qu’il n’a pas eue, un ennui de santé…

Peut-être tout ça en même temps.

Le type est devenu odieux.

Cet ami s’est transformé en votre pire ennemi.

Toujours l’insulte à la bouche.

Il s’est acoquiné avec toute une racaille.

Sa culture est maintenant celle de la haine.

Les valeurs essentielles, ils les a piétinées.

Vous n’avez plus envie de le voir.

Basta.

Au moins pour garder des bons souvenirs des causes justes pour lesquelles vous étiez d’accord avec lui.

Comme chacun, vous rencontrez des drames dans votre vie.

La perte d’êtres chers.

Le temps est au recueillement, pas à la polémique.

Et il est là, le lourdingue qui s’impose.

Le jour de l’enterrement, près du corbillard, comme un oiseau de malheur.

Vous le chassez.

Mais il se met à tracer des cercles dans le ciel, comme un vautour au dessus d’un cadavre.

Et vous vous demandez : comment cet homme a-t-il pu être un jour mon ami ?

© Daniel Sarfati

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