
Concernant Netanyahu, la question de son maintien à son poste de premier ministre ne s’analyse plus seulement du point de vue politique mais aussi de celui de la décence, de l’empathie pour son peuple. Une grande partie des citoyens israéliens, dont beaucoup de ceux qui ont voté pour lui, souffrent de le voir encore aux affaires et enragent devant son incapacité à assumer ses responsabilités dans la gestion sécuritaire des massacres du 07/10 et dans ce qui les a précédés.
Dans les premières semaines de la guerre, nombreux ont refusé de réclamer sa démission pour ne pas fragiliser le pays et ces soldats qui combattaient au front. Évidemment, les manifestations contre la réforme judiciaire se sont tues, et les plus grands opposants au gouvernement – Ah’im LaNechek particulièrement- ont été les premiers à organiser et développer la solidarité nationale et la réserve civile.
Comme un espoir d’unité retrouvée pour cette société minée par de profondes fractures sociales, ethniques et religieuses. Attente renforcée par la constitution d’un Cabinet de guerre d’Union nationale constitué de personnalités militaires de haut rang et modérées, qui pouvaient laisser penser qu’une transition en douceur allait s’opérer.
Mais force est de constater aujourd’hui ces illusions. Comme avant le 7/10, Netanyahu, essentiellement préoccupé par son avenir politique et judiciaire, semble avancer dans l’incohérence et sans vision, souvent fragile et fébrile lors de ses interventions publiques. Son manque d’écoute des familles des otages -combien de temps avant de les recevoir?-, son incapacité à gérer un gouvernement dont certains ministres, les plus extrêmes, expriment des positions radicales, inaudibles, prétextes supplémentaires, pour les opinions internationales hostiles, à démoniser encore plus Israël, son flottement à fixer des objectifs clairs mais surtout réalistes, et plus simplement son déficit total de pensée pour « le jour d’après la guerre » -ce que tout peuple attend de son dirigeant en période de crise existentielle pour le pays-, rappellent de nouveau les israéliens dans la rue.
Gaby Eisenkot, ancien chef d’Etat major, membre du cabinet de guerre, dont le fils et le neveu sont tombés il y a quelques semaines à Gaza, et qu’on ne peut soupçonner d’être un « gauchiste » ou un « traitre », nomme la gronde qui monte. Dans ses dernières déclarations, Eisenkot appelle à des élections législatives « afin de renouveler la confiance du public, parce qu’à l’heure actuelle, il n’y a aucune confiance ».
Qu’importe l’opinion qu’on peut avoir du bonhomme, le pays ne pourra se tenir si un gouvernement aussi clivant se maintient. Il en va de l’unité du pays. S’il reste un peu de dignité à Netanyahu…
PS: cette page appelle au débat, pas aux insultes!
© Georges Benayoun