
« Le silence devient péché lorsqu’il prend la place qui revient à la protestation ; et, d’un homme, il fait alors un lâche »: ces mots prononcés en 1859 par Abraham Lincoln font encore actualité.
Depuis le massacre génocidaire du 7 octobre, des voix s’étaient élevées ici et là pour dénoncer le silence des Français de culture musulmane: Où sont-ils ? Que ne réagissent-ils pas ? Quid de l’heureux slogan Not In My Name ?
Nous avions attendus trois longues semaines, histoire de donner à certains le bénéfice du doute ; du silence, du bruit blanc, des bredouillements, des cafouillages, des hésitations interminables, des fins de non-recevoir, d’autres ont privilégié la formule bien moderne de « ghosting » , nous avions néanmoins reçu quelques messages envoyés en privé pour chuchoter l’horreur dans le secret ; mais signer, non , c’est trop leur demander … Cela engage et s’engager par gros temps est une prise de risque hors de prix…
Nous ne comprenons toujours pas le silence de nos amis, ce qui s’est passé sur le sol d’Israël nous confronte collectivement à l’œuvre du mal radical, comment garder le silence devant l’accomplissement du déshumain ?
De quoi ce silence est-il le nom ? De la peur ? De la lâcheté ? Du renoncement ? De l’indifférence ? Ne voyez-vous pas que notre maison brule ? Oh la froideur de votre silence, mes amis!
Nous avons envoyé la lettre à la quasi-totalité des organes de presse… Silence ou refus contrit, humm c’est compliqué, nous avons déjà publié là-dessus, VRAIMENT ? Des Français de culture musulmane ont déjà publié ? Oui mais non, il faut trouver un équilibre, ce qui se passe à Gaza, les bombes israéliennes, vous comprenez, ce n’est pas possible, ce n’est plus d’actualité, il s’est passé des choses depuis le 7 octobre.
Mais voyons, qu’est ce qui n’est pas possible ? Comment pouvez-vous dire que le 7 octobre n’est plus d’actualité ? Comment peut-on passer si vite à autre chose alors qu’il demeure 240 otages à Gaza et que des familles entières ont été décimées sous les cris jouissifs d’ALLAH AKBAR ? Cette mise aux enchères des victimes est nauséabonde lorsqu’il s’agit simplement de dénoncer fermement et sans appel le massacre du 7 octobre sans chercher à expliquer, ni à excuser.
Nous interrogeons le silence de nos amis laïques, de nos amis musulmans, nous n’y croyons pas en vérité, nous sommes persuadés que d’autres se joindront à nous, cette lettre est un appel à un ralliement Not In My Name. Il n’est jamais trop tard pour le faire sinon votre silence fera tache devant l’histoire.
Nous avons récolté trop peu de signatures mais ces quelques signatures nous honorent et nous obligent. Malgré la peur, malgré la menace, les signataires ont apposé leurs noms, courageusement et sans tergiversation aucune ; qu’ils en soient ici vivement remerciés, quant aux autres, nos amis, nous vous laissons face à votre conscience.
Sonya Zadig et Fadila Maaroufi