
Comment expliquer les violentes positions anti-israéliennes – et je ne parle pas de la critique des gouvernements israéliens- de juifs connus comme Rony Brauman, Shlomo Sand, Noam Chomsky, Norman Finkelstein, Edgar Morin, Charles Enderlin , de beaucoup de juifs démocrates américains, d’israéliens d’extrême-gauche ?
La haine de soi ? Cette explication souvent avancée par leurs ennemis ne me convainc pas. Je crois plutôt que ces juifs, à l’instar de leurs compagnons de route chrétiens de gauche et radicaux d’extrême gauche, ont une vision d’un monde divisé exclusivement entre pauvres et riches, dominants et dominés, occidentaux et peuples colonisés.
Ce regard manichéen se retrouve d’ailleurs dans les questions touchant au passé européen, à la repentance de la colonisation, aux banlieues, à l’islam, à la criminalité de rue, au racisme…
Pour ces juifs en plus, la hantise séculaire de la persécution a créé une empathie irréfléchie pour tous les opprimés, réels ou prétendus.
Cette vision du monde est devenue une idéologie qui comme toute idéologie prétend définir la réalité pour qu’elle se plie à sa vision parfois mensongère, parfois tronquée, parfois sincère et de bonne foi mais aveuglée et manipulée par les propagandes, d’autant plus que cette idéologie-là permet d’obtenir des avantages non négligeables tels que du pouvoir, de la reconnaissance, et surtout la certitude d’appartenir au camp du Bien et de l’Autre.
Quand on est juif, elle permet d’écarter de soi les accusations de nationalisme et de militarisme qui pèsent sur Israël, et surtout d’espérer échapper à un antisémitisme persistant qui a toujours diabolisé les juifs et qui aujourd’hui diabolise l’état juif.
© Charles Rojzman
Essayiste, Charles Rojzman est fondateur d’une approche et d’une école de psychologie politique clinique, » la Thérapie sociale », exercée en France et dans de nombreux pays en prévention ou en réconciliation de violences individuelles et collectives.
