Tribune Juive

Talie Vidal. Les surprises antisémites du cinéma français bobo

J’ai revu, il y a peu, ce film très réussi, de Sarah Suco, « Les éblouis », sorti en 2019. Acteurs parfaits : Camille Cottin,  Jean-Pierre Darroussin,  Céleste Brunnquell jouant merveilleusement une adolescente qui résiste à la pression de la secte dans laquelle sa famille s’est laissé embarquer et a le courage de dénoncer le gourou pédophile, joué par Jean-Pierre Darroussin. Tout va bien, scénario extrêmement touchant et réaliste, s’inspire-t-il d’expériences vécues ? Par la réalisatrice ? 

Tout va bien jusqu’à ce que… le gourou célèbre un office dans lequel les participants sont proches de l’extase, et que lui, vêtu d’une soutane colorée proche de celle d’un prêtre ou d’un évêque mais plus extravagante, lui, le gourou pédophile, entonne le… Shema Israël. Et que les fidèles, dont Camille Cottin complètement illuminée, chante, en Hébreu, avec les vrais mots. 

Pour figurer la messe d’une secte, d’obédience catholique, dans une langue qui se voudrait inconnue et maléfique, la réalisatrice – qui s’appelle Sarah – a choisi la profession de foi, composée d’extraits de la Bible hébraïque, que tous les juifs du monde ayant un minimum de culture religieuse prononcent, deux fois par jour pour les plus observants, et que beaucoup de victimes juives de la Shoah, avant d’être massacrées, ont dite. Honte à Sarah Suco. J’espère qu’elle n’est pas juive, cela ne justifierait rien, ce serait même pire.

Y a-t-il eu des réactions qui m’auraient échappé en 2019 ?

« Albert Dupontel porte un regard très critique sur la classe politique actuelle ». © Anne-Christine Poujoulat / AFP

Albert Dupontel n’est pas juif. Albert Dupontel ne fait pas de politique. Mais lui aussi, bizarrement, sait l’hébreu. L’hébreu moderne. Celui d’Israël. Lui, qui ne fait pas de politique, n’a jamais voté et a juste « écrit une fable », a sans doute tout de même tablé sur le fait que son nouveau film, qui sortira en Octobre –  Second Tour – était tout public, s’adressait à tout le monde. Sauf aux Juifs. Ses prévisions, ou celles de ses producteurs, ont dû être, comme celles de Sarah Suco : grand public « hors Juifs ». Sans juifs. « Judenfrei », ça se disait en Allemand. 

Bons acteurs, également, Cécile Defrance et Nicolas Marie, un scénario assez compliqué, associant un remake de l’élection d’un clone de Macron manipulé par des puissances financières, face à un concurrent d’extrême-droite anti-immigration – anti-immigration donc d’extrême-droite – une dose de chaque « tarte à la crème » à la mode : une histoire de « migrants » roumains, des jumeaux séparés, et surtout la cause pure qui gagne : l’écologie. Il y a une tentative d’assassinat du candidat par ce que l’on comprend être les bras armés des sponsors « financiers »… Le scénario est peu intéressant, je ne vais donc pas entrer dans les détails. 

Deux détails pourtant : très tôt, on entend un mot : « Mossad ». Isolé, tombant on ne sait d’où. Puis un bout de phrase, dans la bouche du jumeau apiculteur qui va remplacer son frère le candidat. Un peu neuneu, il endosse le costume, et sort : « les nazis avaient raison ». Comme un cheveu sur la soupe. Pas n’importe quel cheveu, cependant… Peut-être a-t-on voulu montrer sa bêtise et lui a-t-on fait dire n’importe quoi… Mais pourquoi « ce n’importe quoi là »? 

Et voilà que de belles nanas armées jusqu’aux dents attaquent le « candidat » et échangent avec son cousin et protecteur que l’on croyait roumain en …. hébreu. Suis-je la seule de cette salle de Concarneau dans laquelle Dupontel présente son film à comprendre ou même à reconnaître l’hébreu ? Il semblerait… Et ce cousin ? Qui s’appelle Lior Nodan (Vous trouvez ça roumain ou israélien ?) et qui parle hébreu couramment et échange avec ces « soldates » du… Mossad.

Vous avez compris, comme moi qui n’ai compris qu’une chose au film : les méchants, le fric, les entourloupes de services secrets qui n’hésitent pas à attaquer armes au poing leur poulain candidat, qui l’empêchent d’aborder le sujet sacro-saint de l’écologie, sont ? Les Juifs et Israël.

Dupontel, Toi que ne fais pas de politique, avec tes airs d’ado attardé, je n’ai pas l’intention de flinguer ton futur film. Ou plutôt si. Je vais rester polie et ne pas te dire ce que je pense de toi. Depuis que tu fais de la politique.

J’ai envoyé un commentaire à « AlloCiné » pour m’étonner, ou plutôt questionner… Ils ont refusé de me publier.

Rappelez-moi combien de salles ont accepté de projeter « Voyage à Cracovie » ? Trois !

Je n’en dirai pas plus, j’ai tout dit. 

S’il vous plaît, partagez ce petit billet au maximum.

© Talie Vidal

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