On les appelle Les avocats du diable. Sarah Cattan

Sven Mary, Frank Berton allaient défendre Salah Abdeslam

Un jour “il” fut arrêté et tous les psys furent soulagés : les victimes allaient pouvoir l’entendre. Des noms nous devinrent familiers : Sven Mary. Déjà baptisé l’avocat des crapules par la presse belge, il était promu avocat du diable[1] pour avoir accepté de défendre celui qui est soupçonné d’être impliqué dans les attentats les plus meurtriers que la France ait jamais connus, Salah Abdeslam.

Sven Mary, ce pénaliste belge désormais aussi célèbre et honni que son client, vilipendé sur les réseaux sociaux, considéré comme l’avocat qui allait se faire du fric sur le dos de nos morts, agressé physiquement. Et puis très vite, pour l’épauler, Frank Berton, avocat lillois.

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On les appelle les avocats du diable. Ces pénalistes capables, alors que la charte de déontologie inclut une clause de conscience permettant de refuser un dossier quand la cause heurte trop leurs convictions pour bien défendre l’homme, de défendre des criminels contre l’humanité, des tueurs d’enfants, des terroristes politiques, et puis aujourd’hui des Salah Abdeslam.

Et nous, qui nous étions posé la question pour un Landru ou un Patrice Alègre, plus que jamais nous nous demandions comment il leur serait possible de défendre un type pareil. Peut être un assassin, ou simplement un lâche ? ?

Oui nous savions que ce n’est pas parce que quelqu’un est accusé de crimes épouvantables qu’il est coupable et nous savions surtout que toute personne doit être défendue et nous nous souvenions qu’alors que personne ne voulait du dossier de Patrick Henri jugé indéfendable par la corporation, ce fut Maître Robert Badinter qui s’y colla et de surcroît le sauva de la peine capitale, rompant toute tentation d’amalgame entre le client et son Conseil.

LA TERREUR ET LES TERRORISTES

Mais entre Robert Badinter et Jacques Vergès, avocat de Klaus Barbie aux assises de Lyon en 1987, de Pol Pot ou Slobodan Milosevic, nous pouvions penser que l’un avait fait de l’abolition de la peine de mort la cause de sa vie quand le deuxième s’était spécialisé dans les causes indéfendables, expliquant qu’il n’était pas l’avocat de la terreur, mais l’avocat des terroristes et établissant un distinguo entre le crime et son auteur.

Les défendre tous. En 1998, Maître Francis Vuillemin n’avait que 26 ans lorsqu’il plaida pour Maurice Papon, expliquant qu’un avocat qui refuse un dossier n’en est pas un. C’est comme un chirurgien à qui on amène un homme éventré et qui décide de ne pas l’opérer parce qu’il a une sale tête ou que c’est une crapule[2].

Les défendre tous ? Et donner raison à Jacques Vergès qui prétend qu’il aurait défendu Hitler. Qui nous explique que ce sont les gens dits indéfendables qui ont besoin d’être défendus[3]. Qui revient sur le procès Barbie en ces termes : Si les tueurs en série nous fascinent, c’est précisément parce que en dépit de leurs crimes atroces, ils restent à notre image. Qu’est-ce qui en somme sépare un tueur à la chaîne du plus honnête des contribuables ? Un détail infime, un fétu de paille tout de suite envolé et qui cependant constitue pour la plupart d’entre nous une barrière infranchissable : le passage à l’acte, ajoutait-il dans Les Sanguinaires[4] , et qui précise, concernant les terroristes : Les poseurs de bombes sont des poseurs de questions.

Jacques Vergès, symbole de l’avocat qui défend, si on l’appelle, toute personne qui se retrouve devant un tribunal. Qui qu’elle soit. Sinon, nous explique-t-il, l’avocat n’est plus avocat : il devient juge, et ce sans aucune légitimité.

Défendant donc ce que l’humanité fait de plus horrible, de plus détestable, de plus écœurant, de plus condamnable, défendant Klaus Barbie parce que là est son métier et n’étant pour cela ni un nazi en puissance ni un antisémite refoulé[5]. Rejoint par Eric Dupond-Moretti qui précise qu’il défendrait un négationniste s’il le lui demandait. Sauf s’il lui demandait de défendre le négationnisme, ajoutant : Je défends des Hommes, pas des causes.

Certains doivent bien le faire le sale boulot… Et il nous faut donc avec Créon répondre à Antigone : Il faut pourtant qu’il y en ait qui disent oui. Il faut pourtant qu’il y en ait qui mènent la barque. Cela prend l’eau de toutes parts, c’est plein de crimes, de bêtises, de misère… Et le gouvernail est là qui ballotte. L’équipage ne veut plus rien faire […] Crois-tu, alors, qu’on a le temps de faire le raffiné, de savoir s’il faut dire « oui » ou « non », de se demander s’il ne faudra pas payer trop cher un jour et si on pourra encore être un homme après ? On prend le bout de bois, on redresse devant la montagne d’eau, on gueule un ordre et on tire dans le tas, sur le premier qui s’avance. Dans le tas ! Cela n’a pas de nom. […] C’était peut-être celui qui t’avait donné du feu la veille. Il n’a plus de nom. Et toi non plus, tu n’as plus de nom, cramponné à la barre. Il n’y a plus que le bateau qui ait un nom et la tempête. Est-ce que tu comprends cela ? […] Pour dire oui, il faut suer et retrousser ses manches, empoigner la vie à pleines mains et s’en mettre jusqu’aux coudes. Face à Antigone la rebelle, celle qui dit non, Créon représente celui qui dit oui, qui accepte de faire le sale boulot parce que c’est son rôle et qu’il faut bien que quelqu’un le fasse.

PETIT, VEULE, LÂCHE

Les défendre tous. Choisi ou commis d’office. Faire corps avec eux. C’est ce que pense Maître Jean-Yves Liénard[6], qui n’envisage pas son métier autrement : Je crois que je n’ai jamais vu de salopard absolu. Le type n’est jamais à la hauteur de son crime. Il est souvent petit, veule, lâche… Tout le travail de l’avocat consiste à lui rendre son humanité.

Julie Brafman[7] résume fort justement ce débat en posant la question de la ligne de défense du client : Peut-on porter la voix de Salah Abdeslam s’il revendique ses actes ? Le voilà, le vrai cas de conscience de l’avocat : défendre le diable sans pour autant devenir son instrument.

La plupart du temps, l’avocat pénaliste défend des coupables qui reconnaissent les faits. Il nous explique que la culpabilité n’est que la moitié de l’objet de l’audience, l’autre moitié étant la peine. Sur Le Journal d’un Avocat, blog créé en 2004, le pénaliste qui signe Eolas explique que la morale n’a rien à voir ici : L’avocat est un juriste, un procès est une affaire de droit, et uniquement de droit. Pas de morale. Ce n’est pas moi qui le dis. A mon premier dossier d’assises, le président m’a sèchement coupé la parole quand je me suis avancé sur le terrain de la morale en me disant « Maître, nous ne sommes pas ici pour faire de la morale, mais du droit ». J’ai retenu la leçon.

Mais où placer la morale ? En constante évolution et différente selon l’endroit et la culture, il est très délicat de l’invoquer. Pourtant, il faut bien accepter que les lois sont faites sur la base de la morale et que si le code civil est certes Napoléonien, n’oublions jamais que l’église a été très influente dans l’adoption de certains textes.

Donc la loi, rien que la loi. Cette loi qui dit que l’innocence est présumée, et que c’est au Ministère Public qu’il appartient d’apporter la preuve de la culpabilité, et non à l’accusé de démontrer son innocence. Cette loi qui explique quand et pourquoi une procédure sera frappée de nullité, amenant alors le tribunal à relaxer, puisque l’Etat doit sanctionner celui qui ne respecte pas les règles qu’il édicte, mais à la condition qu’il respecte lui-même ces règles et que donc une nullité assez grave pour affecter toute la validité des poursuites constitue une violation flagrante et irrattrapable de ces règles.

Rappelons encore qu’un des piliers de la Démocratie est le fait que la règle est la même pour tous et que la légitimité de la règle juridique réside justement dans le fait qu’elle a été acceptée par le plus grand nombre : cela s’appelle la Démocratie. Si elle a été acceptée, c’est qu’elle convient au plus grand monde. Au final, donc, le juge dira le droit. Le droit n’est pas exempt de morale, car le législateur, quand il légifère, est le plus souvent inspiré par des préceptes moraux et se réfère à sa conception du juste pour déterminer quelle solution devra apporter la loi. Enfin deux textes dont le contenu est essentiellement moral existent en droit positif : la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 et la Convention Européenne des Droits de l’Homme de 1950, deux textes qui ont une autorité supérieure à la Loi et sont protégés par Le Conseil Constitutionnel et La Cour Européenne des Droits de l’Homme : Comment dès lors dire que la morale est absente du droit.

Alors, soit : professionnellement il est irréfutable, cet argument qui permet de proclamer que le pénaliste qui défendra Salah Abdeslam ne fait que son métier et qu’il est donc un bon professionnel.

LE PÉNALISTE QUI VA DÉFENDRE UN MONSTRE

Mais alors l’homme ? Pas l’avocat, non, juste l’humain en vous? Celui qui le matin devant le miroir se rasera en s’interrogeant. Forcément. Celui qui ira réveiller son enfant, qui croisera ce regard clair, qui déjeunera avec les siens, en écoutant les news à la radio, celui qui se mettra au piano, qui invitera ses amis à un barbecue, cet homme comme nous en somme, comment le réalisera-t-il cet équilibre fragile au point d’en être impossible, cet équilibre entre l’homme le père l’ami l’amant et le pénaliste qui va défendre un monstre, le pénaliste qui aura à croiser au Tribunal les regards des survivants et des veufs des victimes.

Sven Mary. Vous qui vous réclamez de Robert Badinter. Vous qui avez défini vos limites : Chacun a droit à une défense, mais il y a des causes que je n’aurais pas pu assumer, comme la défense des nazis, mon grand-père ayant été déporté. Même chose pour les négationnistes, les racistes, les fascistes. Comment allez-vous faire s’agissant de ce terrorisme que vous qualifiez de dernière génération, ce terrorisme duquel vous dites fort justement que ses habits idéologiques sont plus que légers, comment allez-vous faire alors que votre collègue et ami Christophe Marchand, après avoir défendu pendant un an plusieurs Belges musulmans partis combattre en Syrie, a décidé d’arrêter de défendre ceux qu’il qualifie de criminels de guerre, ajoutant: Je suis effrayé par le discours, le lavage de cerveau dont ont été victimes ces types, et les crimes de masse auxquels ils ont participé. Je ne veux plus participer à leur défense[8].

Comment allez-vous faire après nous avoir expliqué que ce n’était pas la Cour d’Assises de Paris qui devrait juger ces gens qui ont commis des actes de guerre, mais une Cour Pénale Internationale. Et comment allez-vous le défendre ce client que vous prétendez à juste titre mépriser : Ce petit con de Molenbeek issu de la petite criminalité, plutôt un suiveur qu’un meneur. Il a l’intelligence d’un cendrier vide, il est d’une abyssale vacuité. Il est l’exemple parfait de la génération GTA -Grand Theft Auto[9] qui croit vivre dans un jeu vidéo. Lui et ses copains ont réussi à rendre antipathique toute une religion. Je lui ai demandé s’il avait lu le Coran, ce que j’ai fait, et il m’a répondu qu’il avait lu son interprétation sur Internet. Pour des esprits simples, c’est parfait, le Net, c’est le maximum qu’ils puissent comprendre. Sven Mary, comment allez-vous représenter celui que vous appelez le petit Rebeu.

UNE STRATÉGIE : EN FAIRE UN REPENTI

 Vous aviez, dites-vous, adopté une stratégie : en faire un repenti. Sans doute vous reste-t-il à nous redire à tous, comme votre collègue Maître Frank Berton, que le procès, c’est pour expliquer les choses, sinon on n’a qu’à dresser la guillotine. Nous redire encore et encore que défendre Salah Abdeslam c’est prouver que nous ne sommes pas dans un état totalitaire, mais que nous vivons, heureusement, dans un État de droit, dans une République, dans une démocratie, et que la volonté de défendre Salah Abdeslam repose sur ces fondements que chacun a le droit à une défense.[10]

salem abdeslam

Nous, nous aurons envie, mais nous ne ferons pas, de vous rétorquer avec Churchill que la démocratie est le pire système, à l’exception de tous les autres. Sans doute avons-nous compris que ces avocats, ces Créon, permettent la pérennité d’un système judicaire juste dont nous ne pouvons qu’être fiers. Nous admettons tout cela en théorie. C’est juste dans la pratique que nous aurons du mal à vous écouter défendre Salah Abdeslam, alors nous nous répèterons qu’il faut en effet une Justice égale pour tous, faute de quoi elle deviendrait vengeance, et irait même jusqu’à encourir le risque de perdre son essence : faire tampon entre la répression nécessaire du crime ici commis, et le désir de vengeance si inutile mais si compréhensible de la victime ou de ses proches, et ici de toute une société.

Et lorsque nous essayerons de nous souvenir avec Montesquieu qu’une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi, mais qu’elle doit être loi parce qu’elle est juste[11], nous ne pourrons pas oublier ces lignes de Cioran[12] : Le fanatisme est la mort de la conversation. On ne bavarde pas avec un candidat au martyre. Que dire à quelqu’un qui refuse de pénétrer vos raisons et qui, du moment que l’on ne s’incline pas devant les siennes, aimerait mieux périr que céder ?

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Pour rappel: Quand Eric Dupond-Moretti, qui défendit  un terroriste, fut nommé … Ministre de la justice.

A entendre et à lire certains, alors, c’était un pote de Merah qui venait d’être nommé à la Justice. Quant à l’USM, sa Présidente, Céline Parisot, parla carrément,  à l’annonce de ladite nomination au poste de garde des Sceaux, de … déclaration de guerre à la Magistrature : “Nommer une personnalité aussi clivante et qui méprise à ce point les magistrats”, a-t-elle vilipendé, dénonçant, à travers sa nomination, un “mépris le plus total pour la Justice”. Et bien sûr la dirigeante du RN se mêla aux vociférations en voyant “arriver Place Vendôme ce militant d’extrême gauche” qui s’était en 2015 prononcé pour l’interdiction du Front national, ce parti “non républicain”, mené par un Jean-Marie Le Pen étiqueté par l’avocat comme “raciste depuis toujours : C’est une petite entreprise qui fonctionne pas mal: lui s’est occupé des juifs, elle s’occupe des musulmans”, avait-il conclu.

Eric Dupond-Moretti, en effet, avait défendu le diable. Et pas qu’une fois: Souvenons-nous d’une certaine … boulangère… Son combat pour Abdelkader Merah, Il le perdit – fort heureusement- et se révéla à l’occasion un brin mauvais perdant, allant jusqu’à déclarer que … “le procès de Nuremberg avait été plus digne que celui-là”.

Durant ce procès fleuve, les media, comme ils en ont l’usage, ne s’étaient intéressés qu’à lui, dédaignant l’enjeu pourtant historique d’un procès inédit : une décision qui ferait jurisprudence après qu’eût été actée et largement punie la notion de responsabilité, fût-elle intellectuelle, dans un des dossiers terroristes les plus accablants qui fussent. Un verdict qui fera date dans l’histoire judiciaire de la lutte contre le terrorisme et permettra d’appréhender plus sereinement les procès à venir, qu’ils concernent les terroristes du Bataclan ou ceux du carnage de Nice. Un verdict qui nous donna à croire qu’il existait une justice capable de se renouveler et de juger le doctrinaire pour avoir enseigné et donc aidé l’exécutant.

Durant ce procès, si tous les avocats des Parties civiles furent excellentissimes, soudés autour de celui qui se révéla une Valeur Ajoutée, – j’ai nommé Francis Szpiner-, Lui, EDM, en fit trop, et la chose ne réussit jamais : il outrepassa odieusement les limites de la décence en déclarant face à la méprisable Zoulikha Aziri qu’elle aussi était une mère qui avait perdu un enfant, oublieux de la présence au Palais des mères de Myriam, Arié, Gabriel, Abel, Mohamed, Imad, Jonathan, Loïc. Il crut bon enfin de déclarer qu’il était “fier” de défendre un Abdelkader Merah, frère du jihadiste toulousain, lui qui avait déjà, par le passé, été clair sur le sujet, mais avec pédagogie, déclarant : “Je pourrais défendre un négationniste, s’il ne me demande pas de défendre le négationnisme.”

Il était là, le souci de le celui qu’on surnomme “Acquittator”, le “Ténor”, mais encore la “Terreur du Palais”, brillant avocat s’il en est, mais un rien cabot, sanguin de tempérament, flirtant avec les media, aimant à dire à ses contempteurs qu’il était un salopard et un héros, les deux en même temps, comme tous les êtres humains, un mélange de bon, de mauvais, d’ombre et de lumière.

Fervent défenseur des libertés publiques, il est celui qui dénonça la République des juges, cette “clique, gardiens autoproclamés de la morale publique et qui s’autorisent tout au nom de l’indépendance”, les dérives de la justice et notamment “ces méthodes de barbouzes”, “les folies de notre époque”, et le controversé Parquet national financier qui avait épluché ses factures téléphoniques détaillées comme celles de plusieurs autres avocats pour tenter d’identifier une taupe dans l’affaire dites des écoutes: à ses yeux, la séparation des pouvoirs législatif et judiciaire aurait dû interdire au PNF de mener l’enquête Fillon par exemple : ce grand défenseur de la présomption d’innocence s’était déclaré à propos de ladite affaire “estomaqué par la célérité de l’enquête.”

S’étonnant de voir des documents divulgués, il en a aussi à l’encontre des “journalistes procureurs”, qualifie de “staliniennes”  les méthodes de Médiapart, raille “l’hystérisation du débat féministe”, “les hypocrites du cinéma comme Adèle Haenel, qui dénonce Polanski alors que son auteur préféré est Céline.”

Prônant un “grand ménage”, assorti d’un “système de responsabilité des juges, parce que les juges ne sont pas responsables de ce qu’ils font aujourd’hui.”

On le voit, entre relations tendues avec la magistrature et connaissance du terrain et des difficultés du système judiciaire, le ténor du barreau divise.

On les appelle … Les Avocats du Diable: ils ne se cachent pas derrière “la clause de conscience”

Les défendre tous. Avec un zeste de décence

Que plus jamais on ne nous vende le deuil d’une Zoulikha Aziri devant une Katia Chennouf. Que jamais on ne nous re-serve les insupportables sentiments d’honneur et fierté à défendre ces assassins, même si l’honnêteté consiste à citer le ténor, qui, évoquant sa présence aux côtés d’Abdelkader Merah, crut devoir rappeler “qu’il n’y avait pas eu mille avocats qui s’étaient bousculés au portillon pour le défendre. Que c’était pour lui un risque, mais qu’il trouvait que c’était un honneur pour un avocat d’être là, à ce moment-là, dans cette difficulté-là.”

Qu’on se souvienne plutôt des mots de la plaidoirie d’EDM, on ne devait pas traiter Abdelkader Merah comme il l’aurait été dans un État islamique, sans avocat, lapidé. Que si l’on condamnait un homme sans preuve, fût-il un islamiste radical de la pire espèce, on oubliait que ce qui distinguait la civilisation de la barbarie, c’était la règle de droit. Qu’on fasse, en somme, œuvre pédagogique : chacun a le droit au meilleur défenseur.

Sarah Cattan

Article publié en 2016

[1] La dure loi des avocats du diable, Julie Brafman, Libération, 27 avril 2016.

[2] MCETV.fr, 30 avril 2016.

[3] Interview Jacques Vergès, Le Télégramme, 2009.

[4] Les Sanguinaires, Jacques Vergès, Editions Michel Lafon, 1992.

[5] Julie Brafman, op. cit.

[6] La dure loi des «avocats du diable», Libération, Julie Brafman, 27 avril 2016.

[7] Julie Brafman, journaliste à France Inter et Libération, réalisatrice de Faites entrer l’accusé sur France 2.

[8] Sven Mary: «Comme si j’étais Abdeslam», Libération, par Jean Quatremer, 26 avril 2016.

[9] GTA, Série de jeux vidéo créée par Davy Jones et Mike Dailly, puis par les frères Dan et Sam Houser, Leslie Benzies et Aaron Garbut.

[10] BFM TV, 27 avril 2016.

[11] Montesquieu, Cahiers, I, Principes de législation, Textes recueillis et présentés par Bernard Grasset, Paris, 1941, page 393.

[12] De l’inconvénient d’être né , Emil Michel Cioran, Folio essais, Paris, 1987.

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10 Comments

  1. Il faut que l’indéfendable soit défendu afin de mettre en évidence qu’il est inexcusable.
    Et pour parvenir à ce que le jugement soit autant inattaquable et qu’irréfutable, il faut qu’il soit défendu par un avocat. Et, pour parfaire la justesse du verdict, il faut que l’avocat qui le défende ne soit pas un petit stagiaire malhabile, à qui “on” reprocherait le manque de talent.
    C’est ainsi que l’on rendra honneur aux victimes.

    • Ces avocats (Verges était l’un des pires si ce n’est le pire) sont avant tout des psychopathes. Ils ne sont d’ailleurs guère différents de beaucoup d’autres faisant carrière dans la propagande (“journalisme”), la politique voire aujourd’hui le showbizz et la “littérature” (Annie Ernaux…). “Tu es une ordure, mon fils…Sois heureux, car tu iras loin dans la société…”
      Des études tout à fait sérieuses ont montré que la proportion de psychopathes est très supérieure à la moyenne au sein de certaines professions : celles de businessman d’avocat, de “journaliste”, de politicien se trouvant bien sûr dans le peloton de tête. Au lieu de chercher des motivations idéologiques chez ces individus (hormis Verges qui était un fasciste déguisé) ou notre président de la chose publique, il faut d’abord en chercher de nature psychologique. Ou plutôt psychopathologique.

      @André Pourquoi Michel Onfray ??? Que faut-il comprendre ?

      • Vous n’avez pas lu, Jérôme O., ou, hélas, rien saisi. Vous pouvez être en total désaccord, mais pas avec cet argument … “niais”, ne vous déplaise, qui ferait que tous ces avocats seraient …des psychopathes. Vous êtes le type de lecteur qui amène à se demander: “Pourquoi écrire”. Heureusement, il y a les autres: tous ceux qui, en désaccord, proposeront des arguments.

        • @Tribune Juive Vous n’avez pas lu ou pas saisi le fond de mon commentaire dont la portée est beaucoup plus large que celle du monde judiciaire et des individus susnommés. Ni sa pertinence puisqu’il pointe du doigt la nature cachée de tout engagement politique, qui est d’ordre psychologique _ et le plus souvent hélas psychopathologique. Et celle de la nature intrinsèque de la société où l’absence d’empathie et le cynisme ont toujours été des facteurs de réussite (politique, médiatique etc).
          Mes commentaires ne s’adressent qu’aux personnes susceptibles de les lire en entier et de les comprendre.

          • Vous êtes ici hors-sujet et d’une prétention indicible. Toujours pas d’argument concernant le sujet, quand bien même vous vous taxez vous-même de … “pertinence”

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