Tribune Juive

Guy Konopnicki. Promouvoir la détestation de Kafka n’est qu’une manière d’exprimer son antisémitisme sans trop de risque

Je l’avoue humblement, je n’ai pas lu « Kiffe kiffe demain », sans doute suis-je passé à côté d’un chef d’œuvre de la littérature contemporaine. En revanche, j’ai vu l’autrice, Faïda Guène, éreinter « La Métamorphose » de Kafka, à la Grande Librairie.

Ce serait « l’histoire d’un mec qui n’a pas envie d’aller bosser et se transforme en cafard ».

En fait, c’est plutôt un cloporte. Et comme on a compris dès le début, toujours d’après notre grande écrivaine, deux cent pages, c’est beaucoup trop…

J’en déduis qu’elle déconseille aussi « L’Odyssée », une fois qu’on a compris qu’Ulysse s’est perdu, inutile de nous promener, avec Homère, on va de Charybde en Scylla.

N’ayant pas de goût pour l’Odyssée intérieure de Kafka, Faïda Guène en profite pour faire un coup de promo : à 16 ans, ses histoires de petits princes sont mieux adaptées que « La Métamorphose ».

C’est un peu tard, il est vrai pour le joli conte de Saint-Ex ! Heureusement Faïda Guène met le pluriel et raconte « Des histoires de petitS princeS ».

La petite bête de « La Métamorphose », elle lui mettrait « un coup de Baygon à la cinquième page ».

Gazer Kafka, c’est une riche idée. Heydrich en aurait rêvé mais il est arrivé seize ans trop tard à Prague. Ce coup d’aérosol en dit long sur la haine de Kafka.

Les autres séquences de cette émission d’Augustin Trappenard étaient seulement ridicules.

Pour éreinter « Le Rouge et le Noir », en ignorant le style de Stendhal, mieux vaudrait être capable de construire des personnages capable de traverser les temps. Julien Sorel n’est pas à la portée de n’importe quel scribouillard.

Gazer Kafka dès le début de « La Métamorphose » est autre chose. L’inconscient antisémite a parlé. Promouvoir la détestation de Kafka n’est qu’une manière d’exprimer son antisémitisme sans trop de risque.

© Guy Konopnicki

Né après, du côté de La Place de la Nation, sur la Ligne 9 du métro parisien, sensible Au Nouveau chic ouvrier, ce qui n’interdit pas l’Eloge de la fourrure et moins encore celui de La France du Tiercé, Guy Konopnicki redoute Le silence de la ville, s’inquiète de La gauche en folie, assume La faute des Juifs et avoue avoir un peu évolué depuis Le jour où De Gaulle est parti… Ces titres et quelques autres le définissent, romancier et journaliste, Konop dans la Série Noire et Chroniqueur à Marianne.

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