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Il n’a jamais caché ses sympathies propalestiniennes, et est allé jusqu’à déclarer à de multiples reprises que la normalisation des liens avec Israël relevait du crime de « haute trahison ».
Il avait, ce 13 octobre 2019, soir de son élection à la présidence de la République, embrassé le drapeau tunisien tout en déclarant: « J’aimerais que le drapeau palestinien soit [ce soir] à côté du drapeau tunisien ».
Il pouvait bien ensuite répéter qu’il n’avait « aucun problème avec les juifs » mais seulement « avec le sionisme qui voulait exterminer le peuple palestinien ».
Non, la Tunisie n’est plus un pays « sûr » pour les Juifs
Le silence présidentiel fracassant qui a suivi l’attentat à la Ghriba, le communiqué du lendemain dénonçant « une attaque criminelle et lâche destinée à troubler la stabilité du pays, de semer la discorde, de saboter la saison touristique et de porter atteinte à l’État » fait froid dans le dos et est à l’image des titres indécents car trop hâtifs de la presse tunisienne s’inquiétant de l’impact de l’attentat sur le tourisme.
Comment oublier le refus par le Conseil scientifique de la faculté des lettres de l’université de la Manouba à Tunis d’octroyer le titre de Professeur émérite à l’historien Habib Kazdaghli, lequel avait gravement fauté en allant participer à Paris à un colloque… aux côtés de deux universitaires israéliens.
Le glas a sonné cette fois. Nos frères tunisiens dans leur majorité sont aussi consternés que les Juifs nés en Tunisie.
Cela ne suffit pas.
Sarah Cattan
(Pour info, là où le président Kaïs Saïd voit une « attaque », le Pnat, compétent du fait de la nationalité française de l’une des victimes, a ouvert hier mercredi « une enquête du chef d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste et les investigations ont été confiées à la Direction générale de la sécurité intérieure ».)