Ce texte m’a été un jour demandé pour faire partie des témoignages et réflexions de l’ouvrage que le GRDF Haim Korsia entendit consacrer à Sarah Halimi. C’est la veille de la sortie du livre qu’il m’a été dit -avec maintes contorsions- que le GRDF Haim Korsia refusa toute participation portant le nom de celle qui ne manqua jamais de pointer ses manquements.
Voici ce texte censuré.
« Est-ce ainsi que les Hommes vivent »
De cette nuit d’avril 2017 où Sarah Halimi fut lynchée puis jetée de la fenêtre par une petite frappe islamiste à ce 14 septembre 2022 où j’écris, des questions reviennent. Obsédantes.
De la lecture du plus effroyable rapport d’autopsie qui me fût donné à lire.
Des abracadabrantesques et effarants manquements qui firent de l’Instruction un objet inédit qui marquera à jamais l’Histoire judiciaire.
Des masturbations intellectuelles d’Experts Psychiatres dont les rapports alambiqués finirent par ressembler à quelque thèse sur le sexe des anges.
De ce jour de décembre 2019 où je vis devant moi ce rang entier des robes noires des Parties civiles ployer et plier à l’énoncé par la Chambre de l’Instruction de la Cour d’Appel de Paris se rangeant à la décision d’irresponsabilité du tueur.
De ces voix respectables qui à bout d’arguments pour expliquer le fiasco répétèrent et répètent de guerre lasse: Raison d’Etaaat.
De ces autres soulevant ces failles du Droit dans l’interstice desquelles il fut loisible aux pleutres de se réfugier.
Des auditions publiques de la Commission d’enquête sur l’Affaire où chaque intervenant illustra le visage de la couardise et celui de l’absence de Conscience.
Jusqu’au Document final, point d’orgue s’il en est, qui vint conclure, nonobstant « un doute sur l’impartialité et la volonté de la justice de faire toute la lumière sur l’affaire Sarah Halimi », à « l’absence de dysfonctionnement grave de la part la police et de la justice dans l’Affaire ».
Mais …
La reconnaissance, consentie telle une aumône, du caractère antisémite de la chose.
Où étions-nous tous. Confiants jusqu’à la naïveté. Dociles jusqu’à la servilité. Permettant que s’élaborât publiquement la grossière mascarade qui allait permettre à la justice de se défausser.
Commémorons. Et Détournons le regard de ce fiasco inédit, prix de nos peurs, de nos silences et de nos petites lâchetés réunis.
Une mauvaise victime. Un mauvais tueur. Un mauvais Timing.
Et une forme de quitus délivré légalement au terrorisme islamiste.
© Sarah Cattan