En Israël, il y eu 4 scrutins successifs avant que les électeurs n’envoient à la Knesset 64 députés compatibles pour former une coalition durable.
La précédente, autour de Yesh Atid de Yair Lapid, était un bricolage de plusieurs partis de gauche ou centristes soutenus par des partis de droite créés par d’anciens soutiens de Netanyahu impatients de lui succéder ou mortifiés des promesses non tenues. Pour se hisser juste à la majorité on fit appel à un parti arabe, Raam, qui soutint loyalement cette coalition en échange de grosses subventions pour les électeurs arabes ou bédouins.
Ensuite Naphtali Bennett nommé Premier ministre alors qu’il n’apportait que 6 voix, céda sa place à Lapid dont le rêve ne dura que 120 jours.
Le scrutin suivant vit la « remontada « du Likoud de Netanyahu et de deux partis sionistes religieux en plus des partis religieux traditionnels.
Et tout ça, ça fait une coalition majoritaire de 64 députés contre 10 députés arabes et 46 députés du centre, la gauche en ordre dispersé ayant sombré.
Ceux qui ont perdu les élections ne s’avouent pas vaincus et cherchent les moyens de revenir au pouvoir. Les alliés sionistes religieux du Premier ministre sont très fiers d’accéder au pouvoir et s’attaquent à un certain nombre de problèmes difficiles à résoudre. Le pays n’a pas de constitution ni de Conseil d’ État mais une Cour Suprême composée de juges auto recrutés qui sont les gardes fous. Des censeurs.
Construire sans limites en Judée-Samarie : non ! Évoquer une politique plus agressive à l’égard des terroristes ou de leurs familles : oh non ! Interdire les transports publics pendant le Shabbat, interdire les aliments non cacher apportés aux hospitalisés par leurs visiteurs, refuser que les parades de la Gay Pride circulent dans les rues de Mea Shearim, le service militaire remplacé par des études talmudiques largement subventionnées … juste un petit aperçu des sujets abordés.
Les électeurs de gauche, ceux que la vue de religieux de noir vêtus, se balançant au rythme de leur psalmodie, irrite ou exaspère, ceux qui veulent un pays laïc, « normal quoi » sont convaincus qu’il faut empêcher les sionistes religieux d’avoir le droit de changer leur idée, leur conception d’Israël.
J’avoue ne pas être d’un grand secours pour évoquer ce qui se passe en Israël et pour expliquer doctement les raisons de la colère. Des intellectuels français juifs ont estimé qu’il leur incombait de remettre le peuple israélien sur ce qu’ils pensent être le bon chemin : pleins de bonne volonté et contents d’être ensemble dans l’actualité, ils n’ont pas condamné les majoritaires mais ils ont adopté le ton de ceux qui ont autorité pour gronder et ramener le calme.
Yuval Hariri, philosophe et auteur traduit en 32 langues, s’est montré beaucoup plus sévère. Il refuse tout compromis avec ceux qui sont majoritaires mais qu’une superstructure juridique, née d’un tour de passe passe sans même le regard des électeurs, veut écarter du pouvoir. Il a été fait appel à la « raisonnabilité », notion nouvelle jusqu’ici inconnue. Hariri a du talent quand il évoque l’impossibilité d’un compromis entre un nageur et un squale qui devrait n’avaler que la moitié de l’imprudent !
Manifestations, défilés, milliers de drapeaux agités, menaces physiques contre l’épouse du Premier ministre, émeutiers se rapprochant du domicile, refus de réservistes de rejoindre leur poste, pilotes qui restent au sol, grèves et arrêts de travail, ministre démis et majorité sur le point de disparaître. L’allié du pays, la première puissance mondiale, les États Unis d’ Amérique ne dissimulent pas leur inquiétude.
Netanyahu explique à ses alliés qu’il faut savoir s’arrêter à temps. Il obtient leur consentement : la réforme de la Cour Suprême : Ce sera après les Yom Ha Shoah et Yom Hazicaron, après Pessah, vers l’été …on verra.
« Le Monde » daté de mercredi 29 mars annonce en gros caractère sur toute la largeur : « Netanyahu contraint de reculer »
Une explosion de joie pour le quotidien de référence qui se livre tous les jours au lynchage d’Israël , un véritable orgasme!
Le Premier ministre a reculé, c’est vrai et les opposants ont rangé leurs drapeaux, la grève s’est arrêtée et chacun est reparti avec sa chacune.
« Il faut savoir arrêter une grève » disait Maurice Thorez, patron du Parti communiste français ( PCF ).
En fait, Netanyahu n’a pas reculé : ce n’ est pas un extrémiste même si, à raison, il est pour une économie libérale. Pour revenir au pouvoir il avait besoin des sionistes religieux et il les a conduits jusqu’où ils voulaient aller. Les opposants du Premier ministre, ses ennemis, sont tombés dans le piège en démontrant aux alliés dangereux mais indispensables qu’il leur faudra ranger leurs menaces et leurs illusions.
Les grosses têtes du « Monde » n’ont rien compris : des extrémistes se retrouvent des hommes politiques du centre.
En Israël, Menahem Begin a rendu le Sinaï aux égyptiens et Ariel Sharon Gaza aux terroristes, deux hommes de droite dont les yeux se sont ouverts et qui ont « reculé » comme aurait dit « Le Monde » qui intoxique les élites françaises depuis Beuve-Mery.
André Simon Mamou